Glandasse

Ces derniers temps, je suis souvent venu dans cette région du Diois, au sud du Vercors. De la Pale ou de Solaure, j’avais en face de moi cet immense plateau entouré de falaises qu’est le Glandasse. Il fallait bien que je me décide à y aller faire un tour. Chose faites ce dernier vendredi d’août.
Parti vers 9 heures de Châtillon en Diois, j’emprunte le GR 91. Au bout d’une dizaine de minutes, éloigné du village, je me déshabille. Un peu plus haut, j’entends arriver un vététiste; je met simplement mon tee shirt devant moi et m’écarte de l’étroit chemin pour le laisser passer, ce dont il me remercie. Je n’aurai plus d’autre rencontre jusqu’aux derniers lacets avant d’atteindre le gros cairn qui marque l’arrivée sur le plateau. J’ai mis tout juste deux heures pour y arriver. Là, je rattrape un couple de randonneurs. J’enfile un short pour les dépasser. Je bifurque tout de suite à gauche en suivant la ligne de crête, en quittant le GR, pour rejoindre le sommet de Pié Ferré, le point culminant. Recherche d’une geocache puis pique nique.
Les lointains sont très brumeux, quelques gros nuages blancs se développent au dessus des reliefs, mais le temps reste très ensoleillé, avec un petit vent qui rafraîchit juste ce qu’il faut. J’entends les sonnailles d’un troupeau, des aboiements et des cris de berger, mais plus bas sur le plateau et au loin.
Plutôt que de redescendre si tôt, je préfère me balader, explorer le coin. Je passe devant l’abri de la cabane de Châtillon, continue en direction du bout de cette prairie bien verte. J’évite un randonneur aperçu de loin en obliquant légèrement. J’arrive au bord du plateau, dominant directement le village de Châtillon, d’où je suis parti, mille deux cent mètres plus bas. Bain de soleil sur une dalle de rocher. Quelques planeurs spiralent juste au dessus de moi dans la pompe d’un cumulus. Quelques rapaces aussi.
En suivant la ligne des falaises, je reviens lentement vers le cairn et le chemin du retour. Je ne me rhabille qu’en arrivant en vue des maisons du village, après huit heures et demi de randonnue.


Lately, I have often been in this region of the Diois, south of the Vercors. From La Pale or Solaure, I had in front of me this immense plateau surrounded by cliffs that is Glandasse. I had to make up my mind to go there for a walk. Thing done this last Friday of August.
I left Châtillon en Diois at about 9 o’clock, I took the GR 91. After about ten minutes, far from the village, I undress. A little further up, I hear a mountain biker arrive; I simply put my T-shirt in front of me and move away from the narrow path to let him pass, for which he thanks me. I won’t have another encounter until the last laces before reaching the big cairn that marks the arrival on the plateau. It took me just two hours to get there. There, I catch up with a couple of hikers. I put on shorts to pass them. I immediately turn left following the ridge line, leaving the GR, to reach the summit of Pié Ferré, the highest point. I look for a geocache then have a picnic.
The distance is very foggy, a few big white clouds develop above the relief, but the weather remains very sunny, with a small wind that refreshes just the right amount. I can hear the bells of a herd, barking and shepherd’s cries, but further down on the plateau and in the distance.
Rather than going down so early, I prefer to walk around, explore the area. I pass in front of the hut of Châtillon, continue towards the end of this very green meadow. I avoid a hiker seen from afar by slightly obliquely. I arrive at the edge of the plateau, directly overlooking the village of Châtillon, from where I started, one thousand two hundred meters below. Sunbathing on a slab of rock. A few gliders spiral just above me in the pump of a cumulus cloud. A few raptors too.
Following the line of the cliffs, I slowly return to the cairn and the way back. I don’t get dressed until I reach the village houses, after eight and a half hours of naked hiking.

La Réunion

Vacances dans l’île de la Réunion. Le lendemain de notre arrivée, le préfet déclenche son plan requins : interdiction des baignades. Pas grave, on était venu surtout pour la montagne !
C’est l’hiver austral. 25° au niveau de la mer , une douceur certaine, mais on a été prévenu et on a apporté polaires, parkas et gants.
Première balade : le Piton des neiges depuis Cilaos. Partis tôt, j’espérais être tranquille dans la montée, mais las, on n’a fait que doubler, être doublé ou croiser des dizaines de randonneurs. Pas question de se déshabiller plus que le short et le tee shirt. Et puis arrivé au refuge Dufour, le brouillard et le froid mordant malgré les vêtements enfilés à la hâte. Le lendemain, montée au sommet pour le lever du soleil. Une enfilade de frontales à l’assaut de la nuit et un spectacle grandiose, en dépit des nuages. Mais c’est un peu l’autoroute ! Pour descendre, au départ dans la pluie, on décide d’emprunter le chemin Kerveguen, un peu à l’écart, et là, dans la tranquillité et le soleil retrouvés, je peux enfin me dénuder presque complètement. Paysage de forêt primaire, flamboyante, enchevêtrée, exubérante, arbres tordues, lianes et fougères.
Deuxième balade : la descente depuis la Fenêtre des Makes vers les hauts de Saint Louis. On est en compagnie d’une famille jusqu’au Piton Cabri, puis on se retrouve seul et je peux finir la descente nu, au désespoir de ma compagne !
Troisième balade : La montée au Demitile par le chemin du Zèbre. Cette fois, je profite pleinement de la nudité. De nouveau la forêt épaisse, avec des passages en crêtes ou accrochés à la pente. Et comme sur tout les chemins de l’île, des marches, des milliers de marches, creusées dans la terre, faites de tronc d’arbres, de planches, de roches , de pierres bloquées. C’est sans doute la seule façon d’éviter que les chemins ne soient emportés à la saison des pluies. Mais c’est assez surprenant !
Quatrième balade : Habillée celle là, à la fois à cause de la fréquentation et de la température. La traversée et la montée du volcan de la Fournaise jusqu’au cratère Dolomieu. On a la chance après un départ dans le brouillard de trouver ciel bleu et soleil. Une lumière qui met en valeur les plis de la roche des coulées de laves successives qui ont formé ce paysage noir, minéral, lunaire.
Cinquième balade : Un aller retour du Maido à l’llet des Orangers dans le cirque de Mafate, qui ne peut s’éviter.
C’était un rapide premier contact. On n’a fait qu’effleurer les possibilités de marches, mais il semble que la rando en itinérance, de gîtes en gîtes, soit particulièrement bien adapté à la géographie de l’île. Quant à la tranquillité nécessaire propice à la randonnue, cela reste à prouver, tant on a vu débouler de partout des coureurs de trail à l’entraînement.


Holidays in Reunion Island. The day after our arrival, the prefect triggers his shark plan: no swimming. No big deal, we had come mainly for the mountains!
It’s the austral winter. 25° at sea level, a certain mildness, but we were warned and we brought fleeces, parkas and gloves.
First walk: the Piton des neiges from Cilaos. Left early, I hoped to be quiet on the way up, but we just got tired, we only passed, be overtaken or meet dozens of hikers. No way to undress more than the shorts and the tee shirt. And then we arrived at the Dufour hut, the fog and the biting cold despite the hastily put on clothes. The next day, climbing to the summit for sunrise. A string of headlamps attacking the night and a grandiose spectacle, despite the clouds. But it’s a bit like the highway! To go down, at first in the rain, we decide to take the Kerveguen path, a little out of the way, and there, in the peace and sunshine, I can finally strip almost completely. Primary forest landscape, flamboyant, tangled, exuberant, twisted trees, lianas and ferns.
Second walk: the descent from the Fenêtre des Makes to the heights of Saint Louis. We are with a family up to the Piton Cabri, then we are alone and I can finish the descent naked, to the despair of my partner!
Third walk: The ascent to Demitile by the Zebra path. This time, I take full advantage of the nudity. Once again the thick forest, with ridged passages or clinging to the slope. And as on all the paths of the island, steps, thousands of steps, dug in the ground, made of tree trunks, boards, rocks, blocked stones. This is probably the only way to avoid the paths being washed away in the rainy season. But it is quite surprising!
Fourth walk : Dressed this one, both because of the traffic and the temperature. The crossing and the ascent of the Fournaise volcano up to the Dolomieu crater. We are lucky after a departure in the fog to find blue sky and sun. A light that highlights the folds of rock from the successive lava flows that have formed this black, mineral, lunar landscape.
Fifth stroll: A round trip from Maido to llet des Orangers in the cirque of Mafate, which cannot be avoided.
It was a quick first contact. We only barely touched the possibilities of walks, but it seems that the itinerant hike, from lodge to lodge, is particularly well adapted to the geography of the island. Regarding the necessary tranquility conducive to naked hiking, it remains to be proven, as we have seen the arrival of trail runners everywhere in training.

Solaure

Les Marcheurs Nus du Val de Roanne ont programmé une randonnue au départ du col du Royet pour ce jeudi 15 août. Jour férié, il risque d’y avoir un peu de monde alentour, mais tant pis.
J’arrive la veille au soir, à la tombée de le nuit et pose le fourgon juste au col. Nuit tranquille sous le ciel étoilé. Tôt le matin, je fais une première balade. Il y a une geocache dans le coin. Elle est sur la crête qui domine le col. Vite atteinte, un peu moins vite dénichée, mais c’est finalement chose faite. Retour au col pour un petit déjeuner dans le fourgon.
J’attends Bernard et Francis. Une voiture, non ce n’est pas eux ; une seconde, les voilà. On décide de retourner sur la crête de Serre Chauvière que j’ai visité précédemment. Ils veulent découvrir le geocaching et je vais leur faire une démonstration sur cette cache. Puis on continue le long de la crête, à la limite extrême du vide. Dominant la vallée de la Drôme, des villages de Pont de Quart à Chatillon et Luc en Diois. Le Vercors d’un coté, le Dévoluy au fond de l’autre. Un groupe nous suit de loin, puis oblique. Arrivé au point culminant, sur le sommet d’un pilier de la falaise, on admire le paysage, quand un couple de randonneurs débouche à nos côtés. « Excusez nous, on ne vous à pas entendu arriver – Ça ne fait rien » S’ensuit une discussion sur le paysage et la faune, notamment les vautours qui sont présents dans la région.
Retour au col pour le pique nique. Le parking s’est bien rempli et d’autres véhicules continuent à arriver. Shorts et paréo de rigueurs sur une centaine de mètres, puis on retrouve la tenue. Au programme de l’après midi : la découverte de deux grottes au pieds des falaises. La première est vite atteinte, déjà repérée dans la matinée. A la lueur des lampes, on s’enfonce dans l’obscurité et la fraîcheur. La grotte est sèche mais le sol parfois bien glissant. Magie des sculptures de pierres, des différentes couleurs de la roche, qui se dévoilent dans le rayon lumineux des torches. On ressort au chaud soleil de l’après midi. Contraste. On a décidé de chercher la seconde grotte par le bas, en prenant depuis un virage de la piste. Vague trace sur une ancienne route forestière envahie par les hautes herbes, puis on grimpe en direction de la barrière rocheuse au dessus de nous. En arrivant à son pied, on trouve un groupe familial en balade. On s’est vaguement couvert. Finalement on débouche sur le plateau et on retrouve le groupe. Un des hommes nous indique le chemin pour atteindre notre objectif, par un petit passage à descendre dans les rochers. A l’entrée de la grotte, fermée toute l’année sauf de mi juin à fin septembre, un panneau explique qu’elle est occupée par une espèce protégée de chauve-souris. Cette cavité est nettement plus profonde mais moins concrétionnée que la première. La galerie fait des coudes. Un passage de marches lisses et humides mène à une grande salle. Nus, dans l’obscurité, à la seule lueur des torches (électriques), on ne peut que penser aux hommes préhistoriques qui nous ont précédés à cet endroit, des milliers d’années auparavant. Mais le temps passe. Au bout d’un moment nous faisons demi tour. Le retour vers la piste se fait un peu au jugé, car nous avons perdu la vague sente de la montée.


Les Marcheurs Nus du Val de Roanne have scheduled a naked hike from the Col du Royet for this Thursday, August 15. Holiday, there might be a little bit of people around, but it doesn’t matter.
I arrive the evening before, at nightfall and put the van just at the pass. Quiet night under the starry sky. Early in the morning, I take my first walk. There’s a geocache around here. It’s on the ridge overlooking the pass. Quickly reached, a little slower to find it, but it’s finally done. Back to the pass for breakfast in the van.
I’m waiting for Bernard and Francis. A car, no it’s not them; a second one, there they are. We decide to return to the Serre Chauvière ridge that I visited earlier. They want to discover geocaching and I’m going to give them a demonstration on this cache. Then we continue along the ridge, at the extreme limit of the void. Overlooking the Drôme valley, from the villages of Pont de Quart à Chatillon and Luc en Diois. The Vercors on one side, the Dévoluy at the back on the other. A group follows us from afar, then obliquely. Arrived at the highest point, on the top of a pillar of the cliff, we admire the landscape, when a couple of hikers emerge at our sides. « Excuse us, we didn’t hear you coming – That’s okay. » A discussion about the landscape and the wildlife follows, including the vultures that are present in the area.
Return to the pass for the picnic. The car park has filled up nicely and more vehicles continue to arrive. Shorts and pareo de rigueurs for about a hundred meters, then we find the attire again. On the program for the afternoon: the discovery of two caves at the foot of the cliffs. The first one is quickly reached, already spotted in the morning. By the light of the lamps, we sink into darkness and freshness. The cave is dry but the ground is sometimes slippery. The magic of the stone sculptures, the different colours of the rock, which are revealed in the light of the torches. We come out in the warm afternoon sun. Contrast. We decided to look for the second cave from below, taking a turn in the track. Vague trace on an old forest road overgrown with tall grass, then we climb towards the rocky barrier above us. Arriving at its foot, we find a family group on a walk. We have covered ourselves vaguely. Finally we reach the plateau and meet the group again. One of the men shows us the way to reach our objective, by a small passage to go down in the rocks. At the entrance of the cave, closed all year round except from mid-June to the end of September, a sign explains that it is occupied by a protected species of bat. This cavity is much deeper but less concreted than the first one. The gallery makes elbows. A passage of smooth and wet steps leads to a large room. Naked, in the darkness, by the only glow of (electric) torches, one can only think of the prehistoric men who preceded us here thousands of years ago. But time passes. After a while we turn back. The return to the track is a bit judgmental, because we have lost the vague trail of the ascent.