Tabor

Début juillet. Vendredi, 10 heures du matin. Je gare la voiture au départ du chemin près du col de Malissol. 150 mètres pour m’éloigner de la route et je me déshabille. Je resterai nu jusqu’au retour à ce même endroit, près de six heures plus tard.
On est début juillet, donc déjà en période de vacances scolaires. Je craignais qu’il y ait du monde en randonnée. En fait je ne verrai personne de la journée. La montagne pour moi tout seul.
C’est un itinéraire de crête. Une ligne directe qui suit la limite des versants orientés vers le plateau de La Mure et des lacs de Laffrey à gauche en montant et vers la vallée de Lavaldens et les montagnes du Valbonnais sur la droite. Un parcours de 1200 mètres de dénivelé qui débute par un étroit sentier dans la forêt pour rejoindre un alpage d’herbe haute puis s’élève par deux bons raidillons jusqu’à la crête rocheuse qui s’étend du Piquet de Nantes au point culminant du Tabor à 2389 m d’altitude.
L’alpage est parsemé de couleurs et il reste même quelques touffes de rhododendrons en fleurs en haut. Le sommet, bien accroché par les nuages le matin, se dégage à mesure que le temps passe. Finalement j’arrive sur un sommet ensoleillé alors qu’au loin la barrière du Vercors ou l’Obiou restent enveloppés de nuages. J’ai décidément toutes les chances.
Le Tabor est aussi accessible depuis la station presque abandonnée de Saint Honoré 1500.


Early July. Friday, 10 a.m. I park the car at the start of the trail near the Malissol Pass. 150 meters to get away from the road and I undress. I’ll stay naked until I return to the same place almost six hours later.
It’s the beginning of July, so it’s already the school holiday period. I was afraid that there would be people hiking. In fact, I won’t see anyone all day. The mountain all to myself.
It’s a ridge route. A direct line that follows the limit of the slopes facing the plateau of La Mure and the lakes of Laffrey on the left while going up and towards the valley of Lavaldens and the mountains of Valbonnais on the right. A 1200-metre gradient which starts with a narrow path in the forest to reach a high grass mountain pasture and then rises by two good raidillons to the rocky ridge which stretches from the Piquet de Nantes to the highest point of Tabor at 2389 m altitude.
The mountain pasture is dotted with colours and there are even a few tufts of rhododendrons in bloom at the top. The summit, which is well hung by the clouds in the morning, clears up as time goes by. Finally I arrive on a sunny summit while in the distance the barrier of the Vercors or the Obiou remain shrouded in clouds. I definitely have every chance.
Tabor is also accessible from the almost abandoned resort of Saint Honoré 1500.

Orisan

Double découverte ce mercredi de mars : une première randonnue en groupe, inhabituelle pour moi qui aime courir la montagne en solitaire, dans un coin que je ne connaissais pas encore : les Bauges en Savoie.
Vers 9 heures du matin, nous nous retrouvons sur un parking désert au bout d’une petite route au fond d’un vallon étroit. Plus loin, la route n’est plus accessible qu’aux véhicules des forestiers. Nous sommes neuf, huit hommes et une femme, venant de Lyon, du pays de Gex près de Genève, d’Annecy et de Grenoble.
Il fait encore plutôt frais à l’ombre et près du torrent, nous démarrons habillé sur la route forestière. Vingt minutes plus tard, nous atteignons la zone ensoleillée, c’est bien plus agréable et nous pouvons nous déshabiller. Nous resterons nus les sept heures suivantes jusqu’au retour au parking. La route se transforme en piste, puis en chemin pour atteindre les chalets d’alpage du Haut du Four. Arrêt pour admirer le paysage. La pointe de Chorionde nous fait face, bien tentante, mais nous partons de l’autre coté en direction du mont d’Orisan.
Le cheminement se fait entre touffes herbeuses et plaques de neiges, entre zones de sapins et croupes dégagée. Nous dominons Albertville et la vallée de l’Isère. On pourrait continuer vers le Grand Roc, mais l’heure avance et on préfère se trouver un coin abrité du vent pour le casse croûte. On quitte donc la crête pour s’installer légèrement en contrebas sur des rochers réchauffés par le soleil. Des sacs sortent les victuailles et aussi quelques bouteilles. C’est donc aussi à une randonnue œnologique que nous participons.
Quelques cumulus s’installent aussi, dont profitent un planeur et un parapente. Le parapentiste vient nous survoler à basse altitude, voir qui sont ces curieux randonneurs.
Retour par un chemin qui se perd plus ou moins dans un pierrier, pour rejoindre un col et nos chalets de tout à l’heure. Pour redescendre nous empruntons un étroit sentier qui zigzague dans la forêt, traverse au fond des combes quelques ruisseaux ou cascades. Les plus téméraires n’hésitent pas à se jeter à l’eau (de fonte des neiges!).
Sur le parking désert, nous partageons une dernière bouteille, le verre de l’amitié, avant de se résoudre malgré tout à se rhabiller pour repartir. Une bien sympathique journée qui m’a permis notamment de rencontrer des gens que je ne connaissais que par messagerie interposée sur des forums. Et puis, quel avantage d’avoir quelqu’un du coin pour préparer et guider la balade. Je suis sûr que tout seul avec ma carte, je n’aurai sans doute pas fait un aussi bon choix d’itinéraire. Merci donc à tous !


Double discovery this Wednesday of March: a first group naked hike, unusual for me who likes to run the mountain alone, in a place I didn’t know yet: les Bauges in Savoie.
Around 9am, we find ourselves on a deserted car park at the end of a small road at the bottom of a narrow valley. Further on, the road is only accessible to foresters’ vehicles. We are nine, eight men and one woman, coming from Lyon, the Pays de Gex near Geneva, Annecy and Grenoble.
It is still rather cool in the shade and close to the torrent, we start dressed on the forest road. Twenty minutes later, we reach the sunny area, it’s much more pleasant and we can undress. We will stay naked for the next seven hours until we return to the car park. The road turns into a track and then into a path to reach the alpine chalets of the Haut du Four. Stop to admire the landscape. The Pointe de Chorionde faces us, very tempting, but we head on the other side towards the Mont d’Orisan.
The path is between grassy tufts and snowy patches, between areas of fir trees and open crests. We dominate Albertville and the Isère valley. We could continue towards the Grand Roc, but the time is running out and we prefer to find a place sheltered from the wind for a snack. So we leave the ridge to settle down slightly below on rocks warmed by the sun. Bags take out the victuals and also some bottles. It is thus also with an oenological naked hike that we take part in.
A few cumulus clouds also settle down, which a glider and a paraglider take advantage of. The paraglider comes to fly over us at low altitude, to see who these curious hikers are.
Return by a path which is more or less lost in a scree, to join a pass and our chalets of earlier. To go back down we take a narrow path that zigzags in the forest, crosses at the bottom of the combes a few streams or waterfalls. The most daring don’t hesitate to throw themselves into the water (of melting snow!).
On the deserted parking lot, we share a last bottle, the glass of friendship, before getting dressed to depart. A very nice day that allowed me to meet people I only knew by messaging on forums. And then, what an advantage to have someone from the local area to prepare and guide the ride. I’m sure that alone with my map, I probably wouldn’t have made such a good choice of itinerary. So thank you all!

Le désert de Chartreuse

J’ai parcouru un dimanche la zone de silence du désert de Chartreuse, cette région boisée qui entoure le monastère de la Grande Chartreuse. Pour éviter les abords du monastère et de la Correrie toujours très fréquentés, et les itinéraires classiques vers Bovinant et le Grand Som, je suis parti de la route qui relie Saint Pierre à Saint Laurent du Pont. Cela fait partir de plus bas, mais tranquillité absolue même un dimanche. J’ai pu profiter de quatre heures quarante de nudité sur les plus de six heures de la balade.
Toute la montée par des petits sentiers en sous bois, puis par d’anciennes pistes forestières plus ou moins défoncées par le débardage, jusqu’au belvédère d’Arpison, où, là, j’ai retrouvé quelques randonneurs, puis pour finir la redescente jusqu’à la route depuis le habert de Chartroussette.
Promenade aérienne: des Rochers de la Corde, on survole la vallée du Guiers et le pont Saint Bruno quelques centaines de mètres plus bas, du Rocher du Solitaire, on domine la ville de Saint Laurent à l’extrémité du massif, puis on est à son tour enveloppé par les falaises des Rochers de Montheur. Promenade bucolique entre les troncs moussus enchevêtrés des sapins dans la forêt et les prairies d’un vert vif recouvertes d’un tapis de jonquilles jaunes.


One Sunday I walked through the zone of silence of the Chartreuse Desert, the wooded area surrounding the Grande Chartreuse Monastery. In order to avoid the always busy surroundings of the monastery and the Correrie, and the classical routes to Bovinant and the Grand Som, I started from the road that connects Saint Pierre to Saint Laurent du Pont. This makes you start from lower down, but absolute tranquillity even on a Sunday. I was able to enjoy four hours and forty minutes of nudity on the more than six hours of the walk.
All the way up by small paths in the undergrowth, then by old forest tracks more or less broken down by logging, up to the Arpison belvedere, where, there, I met some hikers, then to finish the descent back down to the road from the habert de Chartroussette.
Aerial walk: from the Rochers de la Corde, you fly over the Guiers valley and the Saint Bruno bridge a few hundred meters below, from the Rocher du Solitaire, you overlook the town of Saint Laurent at the end of the massif, then you are in turn enveloped by the cliffs of the Rochers de Montheur. A bucolic walk between the tangled mossy trunks of the fir trees in the forest and the bright green meadows covered with a carpet of yellow daffodils.

Lac Fourchu

Au pied du massif du Taillefer, le lac Fourchu offre à une heure de marche un décor d’eau et de rochers qui attire facilement randonneurs, pêcheurs, vététistes ou simples promeneurs. Mais au lieu de rester sur les rives trop fréquentées de ce lac, il est possible de continuer en direction d’une vaste zone bien moins visitée. C’est sans doute les restes du socle d’un ancien glacier qui a modelé le sol en d’innombrables creux et bosses jusqu’aux crêtes qui bordent la vallée de la Romanche. Bosses de rochers, creux d’herbe rase parsemés de filets d’eau, de lacs, de mares ou simple trous d’eau, miroirs éclatants qui reflètent la lumière au milieu d’une herbe jaune d’automne. Le sol y est alternativement dur et marécageux. Pour s’orienter, il suffit de viser le Taillefer d’un coté, la pointe du Grand Galbert, de l’autre.
C’est dans cet environnement que j’ai passé un dimanche. J’ai même pris un (court) bain à 2200 mètres d’altitude en cette fin de mois d’octobre. C’est l’effet de l’été indien! Et dans ce labyrinthe, j’ai passé l’après midi à jouer à cache cache avec les quelques groupes de randonneurs qui s’étaient eux aussi aventurés dans le coin, eux apparaissant au sommets d’une crête, moi disparaissant derrière les buttes de rochers, coupant droit dans la pente pour éviter les sentiers ou m’étendant tranquillement pour bronzer au bord de l’eau. Au final: 4heures 45 de nudité (marche et bain de soleil) pour une sortie de plus de 7 heures!


At the foot of the Taillefer massif, Lake Fourchu offers an hour’s walk away a scenery of water and rocks that easily attracts hikers, fishermen, mountain bikers or simple walkers. But instead of staying on the overly frequented shores of this lake, it is possible to continue towards a vast area that is much less visited. It is undoubtedly the remains of the base of an ancient glacier that has shaped the ground into innumerable hollows and bumps up to the ridges that border the Romanche valley. Bumps of rock, hollows of short grass dotted with streams, lakes, ponds or simple water holes, bright mirrors that reflect the light in the middle of a yellow autumn grass. The ground is alternately hard and swampy. To find your way around, simply aim at the Taillefer on one side, the tip of the Grand Galbert on the other.
It is in this environment that I spent one Sunday. I even took a (short) bath at an altitude of 2200 metres at the end of October. This is the effect of the Indian summer! And in this labyrinth, I spent the afternoon playing hide and seek with the few groups of hikers who had also ventured into the area, they appearing at the top of a ridge, me disappearing behind the rocky buttes, cutting right into the slope to avoid the paths or lying quietly to sunbathe by the water. In the end: 4 hours 45 of nudity (walking and sunbathing) for an outing of more than 7 hours!

La barrière est

Ce dernier vendredi de septembre, je suis à 9h30 au bout de la route forestière de Prelenfrey, au pied du Vercors. Il y a déjà 5 ou 6 voitures, dont un véhicule de l’armée, sur le parking, et deux grimpeurs qui observent les falaises. J’entame donc la balade en short et tee shirt.
Une petite vingtaine de minutes plus tard je trouve la baraque des Clots ouverte avec un groupe à l’intérieur. Je me permets donc de penser que ce sont les propriétaires des voitures et que je peux me déshabiller dès j’ai dépassé la baraque.
Il fait grand beau. Le soleil a réchauffé l’atmosphère matinale. A travers un long pierrier, le chemin monte vers la barrière de falaises. Le pas de l’Oeille se cache par là, difficile à deviner. Au pied du mur vertical, des marques de peinture rouge sur les pierres indiquent la voie qui se faufile entre les barres rocheuses. Ce n’est pas spécialement exposé, ni vertigineux, quoique par temps humide ça doive glisser quelque peu. On débouche soudain dans la prairie des hauts plateaux, juste devant le sommet du Gerbier. C’est un tout autre décor que cette barrière est du Vercors: une longue crête qui remonte au le nord vers le Col Vert puis le Col de l’Arc en direction du Moucherotte. En contrebas les remontées mécaniques et les gares supérieures de la station de Villard de Lans. Tout en bas, le village.
Il n’y a absolument personne! Je traîne un peu dans le coin, à profiter de la vue panoramique: l’agglomération grenobloise au fond de la vallée, les sommets de Chartreuse, notamment la Dent de Crolles, puis les Bauges, et au fond le Mont Blanc; en revenant vers la droite les massifs de Belledonne et des Rousses, les glaciers de l’Oisans et enfin le Devoluy avec l’Obiou et le Ferrand. J’ai la plus grande partie des alpes françaises rien que pour moi!
Mais bon, si je veux faire une boucle, il reste encore du chemin. Descendre quelque peu, puis remonter vers le Col Vert et revenir vers Prelenfrey par le sentier du Balcon Est.
J’ai pris une telle dose de soleil que je suis tout content pour finir de trouver une traversée de sous bois qui me rafraîchisse enfin. Et pourtant, c’est déjà l’automne. Au total ce ne sera pas loin de six heures de balade, dont une demi heure seulement habillé, les 20 minutes du début et le passage du col.


This last Friday of September, I am at 9:30 am at the end of the forest road of Prelenfrey, at the foot of the Vercors. There are already 5 or 6 cars, including an army vehicle, on the car park, and two climbers watching the cliffs. So I start the walk in shorts and tee shirt.
About twenty minutes later I find the Clots hut open with a group inside. I allow myself to think that they are the owners of the cars and that I can undress as soon as I pass the hut.
The weather is great. The sun has warmed the morning atmosphere. Through a long scree, the path climbs towards the cliff barrier. The « Pas de l’Oeille » is hidden there, hard to guess. At the foot of the vertical wall, red paint marks on the stones indicate the path that winds its way between the rocky bars. It’s not particularly exposed, nor dizzying, although in wet weather it must slide somewhat. Suddenly you emerge in the high plateau meadow, just in front of the Gerbier summit. It’s a completely different scenery than this eastern barrier of the Vercors: a long ridge that goes up north towards the Col Vert and then the Col de l’Arc towards the Moucherotte. Below the ski lifts and the upper stations of the resort of Villard de Lans. At the very bottom, the village.
There is absolutely nobody! I hang around a bit, enjoying the panoramic view: the Grenoble area at the bottom of the valley, the peaks of Chartreuse, especially the Dent de Crolles, then the Bauges, and at the background the Mont Blanc; coming to the right the massifs of Belledonne and des Rousses, the glaciers of Oisans and finally Devoluy with the Obiou and Ferrand. I have most of the French Alps all to myself!
But hey, if I want to make a loop, there’s still a long way to go. Go down a bit, then up to the Col Vert and back to Prelenfrey via the Balcony East path.
I took such a dose of sunshine that I’m quite happy to finally find an undergrowth traverse that refreshes me at last. And yet, it’s already autumn. In total it will not be far from six hours of walking, including only half an hour with clothes on, the 20 minutes of the beginning and the passage of the pass.

Larche

J’avais promis à des amis d’aller les récupérer en voiture au terme de leur semaine de randonnée itinérante sur le GR5. Rendez vous fixé à 15 heures dans le village de Larche dans la haute vallée de l’Ubaye. De l’Ubaye, je ne connais guère que Barcelonnette, et encore si peu. C’est donc l’occasion de découvrir la région. Une recherche sur Internet me permet de situer Larche et de repérer un itinéraire de rando possible.
J’arrive bien en avance pour avoir quelques heures de libre pour me balader. A 9 heures du matin, il fait frais, le ciel est semi couvert, mais après toute la pluie que j’ai eu le long de la route, c’est plutôt pas mal. Je marche d’abord chaudement habillé, histoire de m’éloigner du village et de m’échauffer. Au bout d’une petite vingtaine de minutes, je me déshabille pour attaquer la première montée raide. Au premier carrefour, j’hésite entre deux itinéraires, mais sur l’un d’entre eux, j’aperçois au loin quelques silhouettes. Je choisis donc l’autre: celui du col de Sauteron.
Le chemin commence par suivre un torrent, grimpe un verrou pour déboucher au dessus d’un long et doux vallon herbeux, puis se dirige vers un massif de tours pointées vers le ciel, aux roches pointues et torturées. Tout au long de la balade, des dizaines de marmottes se sauvent devant moi, attendant que je sois à quelques mètres seulement pour siffler et se glisser dans leurs trous. Une dernière grimpette jusqu’au col. Et voici la frontière italienne. Un panneau marque le col en français, quelques mètres plus haut, un autre marque le col en italien, et entre les deux la borne frontière en pierre datée de 1823 et marquée de la fleur de lys d’un coté et de la croix de l’autre. J’ai un pied de chaque coté de la frontière et j’ai presque l’impression de faire partie de l’Histoire!


I had promised friends to pick them up by car at the end of their week of trekking on the GR5. Meeting point is at 3pm in the village of Larche in the upper Ubaye valley. From the Ubaye, I only know Barcelonnette, and still so little. So this is an opportunity to discover the region. An Internet search allows me to locate Larche and to find a possible hiking route.
I arrive well in advance to have a few hours of free time to walk around. At 9 o’clock in the morning, it’s cool, the sky is half cloudy, but after all the rain I had along the road, it’s not bad. I walk first warmly dressed, just to get away from the village and warm up. After about twenty minutes, I undress to attack the first steep climb. At the first crossroads, I hesitate between two routes, but on one of them, I see some silhouettes in the distance. So I choose the other one: the Col de Sauteron.
The path starts by following a torrent, climbs a cliff to open above a long and soft grassy valley, then goes towards a massif of towers pointing skywards, with sharp and tortured rocks. All along the walk, dozens of marmots run away in front of me, waiting for me to be just a few meters away to whistle and slip into their holes. One last climb up to the pass. And here is the Italian border. A sign marks the pass in French, a few meters higher, another one marks the pass in Italian, and in between the two the stone border marker dated 1823 and marked with the fleur-de-lys on one side and the cross on the other. I have one foot on each side of the border and I almost feel like I’m part of History!

Pic Saint Michel

Le Pic Saint Michel, un dimanche matin en randonnue? Impossible, il y a toujours plein de monde la haut, pensais je jusqu’à aujourd’hui.
Ce matin quand je suis arrivé au parking, il n’y avait que trois voitures. Bon d’accord, les conditions n’étaient pas parfaites: des nuages arrivant à l’horizon, un air frais et un peu de vent. Des conditions pour être tranquille, donc!
Un quart d’heure de montée rapide jusqu’à l’auberge des Allières, ça réveille et ça réchauffe. Dès l’auberge passée et à l’abri des arbres, je quitte short et tee shirt, tout en gardant le gilet polaire. Il ne doit pas faire 10°. L’ascension commence par un bon raidillon dans la foret, suivi d’un deuxième avec la vue dégagée sur le village de Villard de Lans et le plateau du Vercors. Puis le chemin serpente entre vallons herbeux et zones de rochers et de lapiaz pour finir par une montée toute droite sur un chemin empierré vers un col et le sommet du Pic Saint Michel.
Du col, à travers une trouée entre les rochers, on a une des plus belle vue sur Grenoble et son agglomération. Quant il fait beau! Car aujourd’hui, la lumière est bien terne. Le sommet est enveloppé par les nuages qui remontent le long des falaises. Parfois dans une déchirure, une portion de paysage ensoleillée fait son apparition puis disparaît. Je ne reste pas longtemps au sommet, car avec le vent qui souffle, la température est encore descendue. Il vaut mieux ne pas rester immobile.
Vite j’attaque la descente par le même itinéraire. Je prends juste un raccourci – qui ne raccourcit guère – pour éviter un groupe que j’entends monter et me rhabille en arrivant à proximité de l’auberge. Ce fut une petite promenade dominicale de deux heures et demi, dont deux heures, nu.


The Pic Saint Michel, a Sunday morning naked hike? Impossible, there are always a lot of people up there, I thought until today.
This morning when I arrived at the car park, there were only three cars. Ok, the conditions were not perfect: clouds coming on the horizon, fresh air and a bit of wind. Conditions to be quiet, then!
A quarter of an hour of fast ascent to the Auberge des Allières, it wakes you up and warms you up. As soon as I get past the inn and in the shelter of the trees, I leave my shorts and tee shirt, while keeping the polar jacket. It must not be 10°. The ascent starts with a good steep climb in the forest, followed by a second one with the clear view of the village of Villard de Lans and the Vercors plateau. Then the path winds between grassy hills and areas of rocks and lapiaz to finish with a straight climb on a stony path towards a pass and the summit of the Pic Saint Michel.
From the pass, through a gap between the rocks, one has one of the most beautiful views of Grenoble and its suburbs. When the weather is nice! Because today, the light is very dull. The summit is enveloped by the clouds that come up along the cliffs. Sometimes in a tear, a portion of the sunny landscape appears and then disappears. I don’t stay on the summit for long, because with the wind blowing, the temperature has gone down again. It’s better not to stay still.
Quickly I attack the descent by the same route. I just take a shortcut – which hardly shortens at all – to avoid a group that I hear going up and get dressed when I get close to the inn. It was a short Sunday walk of two and a half hours, two hours of which I spent naked.

Stagnolu

Tout au sud de la Corse, à quelques kilomètres de Bonifacio, la plage de Stagnolu est une belle petite anse de sable blanc entourée de langues de rochers. C’est une plage familiale d’un coté, naturiste sauvage de l’autre.
Un matin, vers 6 heures, je pars de cette plage en direction du cap Feno. Un petit chemin suit la côte. C’est plutôt un sentier de chèvres – j’en croiserai un troupeau – même si des cairns marquent par endroit la direction. Le chemin ne s’aventure pas dans le maquis, mais reste au plus près de la mer, longeant la découpe des criques et des anses, se faufilant entre les blocs de rochers aux formes sculptées par le vent. Je n’avance pas vite, cherchant le cheminement, admirant le lever du soleil, les changements des couleurs de la lumière sur les rochers et sur l’eau, escaladant quelques blocs par ci par là, me baignant dans l’eau transparente de quelques criques. Bref, je prends mon temps et profite près de quatre heures durant d’être vraiment seul dans ce décor de bout du monde entre mer, ciel et rochers.
Quelques jours plus tard, je refais, en deux heures seulement, ce même chemin. Cette fois c’est pour aller récupérer une bouée d’un navire panaméen échouée au fond d’une anse au milieu du bois flotté. Je l’avais remarquée et photographiée au cours de ma précédente balade, mais n’avais pas jugé utile de m’en charger. Ma fille et les enfants de mes amis m’ont finalement convaincu d’aller la rechercher. Elle ajoutera une touche maritime à mon environnement quotidien alpin!


In the south of Corsica, a few kilometers from Bonifacio, the beach of Stagnolu is a beautiful little cove of white sand surrounded by tongues of rocks. It is a family beach on one side, wild naturist on the other.
One morning, about six o’clock, I leave this beach in the direction of Cape Feno. A small path follows the coast. It is rather a path of goats – I will cross a flock – even if some cairns mark the direction in some places. The path does not venture into the maquis, but remains as close as possible to the sea, skirting the creeks and coves, creeping between the blocks of rocks carved by the wind. I do not go fast, looking for the path, admiring the sunrise changing the colors of the light on the rocks and on the water, climbing a few blocks here and there, bathing in the transparent water of a few creeks. In short, I take my time and enjoy almost four hours while being really alone in this scenery of end of the world between sea, sky and rocks.
A few days later, in two hours, I made this same way again. This time it is to go to retrieve a buoy of a Panamanian ship stranded at the bottom of a cove in the middle of the driftwood. I had noticed and photographed it during my previous walk, but had not thought it useful to take care of it. My daughter and the children of my friends finally convinced me to look for it. It will add a maritime touch to my everyday alpine environment!

Monte Rotondo

Étape dans la vallée de la Restonica, dans les environs de Corte. Tôt le matin, nous
partons, ma compagne et moi, pour une randonnée vers le mont Rotondo. La piste dans la foret de pins se transforme en un sentier qui grimpe toujours en sous bois jusqu’à la bergerie de Timozzo. La suite va se passer sous un soleil chaleureux. Un groupe nous précède, un autre nous suit, ce n’est pas vraiment le moment de se dénuder. Le chemin serpente entre maquis et pierrier jusqu’au lac d’Oriente. Un rapide bain dans l’eau froide pour enlever la transpiration. Les deux groupes se reposent auprès du lac, nous continuons.
Le sommet du Mont Rotondo est juste devant. Il suffit de trouver son chemin dans un dédale de blocs rocheux en suivant un alignement de cairns qui balisent le cheminement. A mi pente, je m’estime suffisamment éloigné du lac pour me déshabiller. Ma compagne désapprouve mais me laisse faire. C’est ça l’amour! On traverse un névé. De la neige en plein été en Corse! Avant d’attaquer un couloir raide et pierreux qui débouche sur un col. Un gros rocher à escalader permet de basculer sur l’autre versant, au dessus du superbe lac de Bellebone, pour rejoindre le sommet à 2622 m; le second sommet de Corse.
Un des groupes a quitté le lac et entrepris aussi l’ascension. Je me rhabille pour les croiser et pour la descente directe jusqu’à la vallée. Ce fut une petite randonnue, mais une belle randonnée.

Stopover in the Restonica valley, near Corte. Early in the morning, we
…let’s go, my girlfriend and I, for a hike to Mount Rotondo. The trail in the pine forest turns into a path that always climbs up through the undergrowth to Timozzo’s sheepfold. The rest of the trip will take place under a warm sun. One group precedes us, another follows us, it’s not really the time to get naked. The path meanders between scrub and scree up to Lake Oriente. A quick bath in cold water to wipe away the perspiration. The two groups rest by the lake, we continue.
The summit of Mount Rotondo is just ahead. We just have to find our way through a maze of boulders following an alignment of cairns that mark the path. Halfway up the slope, I consider myself far enough from the lake to undress. My girlfriend disapproves but lets me do it. That’s what love is all about! We’re crossing a neve. Snow in the middle of summer in Corsica! Before attacking a steep and stony corridor that leads to a pass. A big rock to climb allows you to switch to the other side, above the superb Lake Bellebone, to reach the summit at 2622 m; the second summit of Corsica.
One of the groups left the lake and also started the ascent. I get dressed to cross them and for the direct descent to the valley. It was a short hike, but a nice one.

Grand Colon

En ce jour de semaine de juin, il y a déjà plusieurs voitures sur le parking au dessus de la Ferrière lorsque j’y arrive. Je n’espère donc guère pouvoir faire une randonnue…au moins une randonnée !
Après quelques dizaines de minutes de marche sur la piste forestière sans rencontrer âme qui vive, j’arrive au départ du sentier. Allez, je tente quand même le coup. Je me déshabille et attaque la montée. Sous bois, prairie d’alpage, pente de pierres et de rochers. Petit à petit, le temps passe et je prends de l’altitude. J’aperçois deux silhouettes qui me précèdent sur le sentier, mais bien loin. Finalement, ce n’est qu’en arrivant au sommet du Grand Colon que je trouve du monde. J’ai eu le temps d’enfiler un short dans la dernière longueur. Un parapentiste décolle sous mon nez, un couple de randonneurs entreprend la descente vers le lac Merlat, un autre groupe repart par le chemin que je viens d’emprunter, et la dernière personne recharge son sac à dos au bout de quelques minutes et s’éloigne.
Je suis de nouveau seul et nu. A mon tour, je m’engage sur le chemin du lac. Un chemin raide de pierres instables qui roulent dans la pente, qui disparaît parfois sous les névés ; mais je n’ai qu’à suivre les traces de mes prédécesseurs. Le lac est encastré entre rochers et pentes de neige. Les sommets alentours se mirent dans une eau sombre. Je profite de cette eau froide pour me rafraîchir le visage. Je contourne le lac et continue vers la Pra. En arrivant en vue du refuge, je renfile mon short, le temps de jeter un coup d’œil sur le nouveau bâtiment qui vient d’y être construit, puis de le contourner. Du col de la Pra, j’ai le lac du Crozet sous les pieds. Le chemin serpente dans les cailloux à flanc de pierriers. J’arrive à proximité du lac sans encombre pour une halte dans l’herbe rase. Le lac est d’un bleu profond, dans lequel se reflètent les nuages. La digue tire un trait géométrique entre l’eau et le ciel. A l’extrémité du lac, des blocs de glace se disloquent comme une banquise au dégel. L’eau ne doit pas être chaude. Pas de baignade aujourd’hui ! Mais c’est un vrai plaisir de contempler ces lacs de montagne.
En début d’après midi, les alentours du lac se peuplent de quelques groupes de randonneurs. C’est la fin de la randonnue. Le long du chemin qui descend au parking, je croiserai une vingtaine de personnes. J’ai eu une chance inespérée de pouvoir profiter de quatre heures de nudité sur les six heures trente de la balade dans ces coins si fréquentés.


On this weekday in June, there are already several cars on the parking lot above La Ferrière when I get there. So I hardly hope to be able to go for a naked hike…at least a hike!
After a few tens of minutes of walking on the forest track without meeting a living soul, I arrive at the start of the trail. Come on, I’ll give it a try anyway. I undress and attack the climb. Under woods, alpine meadow, slope of stones and rocks. Gradually, time passes and I gain altitude. I see two silhouettes that are ahead of me on the path, but far away. Finally, it is only when I reach the summit of the Grand Colon that I find people. I had time to put on my shorts in the last section. A paraglider takes off right under my nose, a couple of hikers begin the descent towards Lake Merlat, another group leaves by the path I’ve just taken, and the last person reloads his backpack after a few minutes and walks away.
I am alone and naked again. It is my turn to take the path to the lake. A steep path of unstable stones rolling down the slope, which sometimes disappears under the snow; but I just have to follow in the footsteps of my predecessors. The lake is embedded between rocks and snow slopes. The surrounding peaks are set in dark water. I take advantage of this cold water to refresh my face. I walk around the lake and continue towards the Pra. Arriving in sight of the refuge, I put on my shorts, the time to have a look at the new building which has just been built there, then to go around it. From the Col de la Pra, I have the Lac du Crozet under my feet. The path meanders through the pebbles on the side of the scree slopes. I arrive near the lake safely for a stop in the short grass. The lake is deep blue, in which the clouds are reflected. The dike draws a geometric line between the water and the sky. At the end of the lake, blocks of ice break up like an ice pack when it thaws. The water must not be warm. No swimming today! But it’s a real pleasure to contemplate these mountain lakes.
In the early afternoon, the area around the lake becomes populated by a few groups of hikers. This is the end of the naked hike. Along the path that goes down to the car park, I will meet about twenty people. I had an unhoped-for chance to enjoy four hours of nudity during the six and a half hours of the walk in these busy areas
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