Au pied du massif du Taillefer, le lac Fourchu offre à une heure de marche un décor d’eau et de rochers qui attire facilement randonneurs, pêcheurs, vététistes ou simples promeneurs. Mais au lieu de rester sur les rives trop fréquentées de ce lac, il est possible de continuer en direction d’une vaste zone bien moins visitée. C’est sans doute les restes du socle d’un ancien glacier qui a modelé le sol en d’innombrables creux et bosses jusqu’aux crêtes qui bordent la vallée de la Romanche. Bosses de rochers, creux d’herbe rase parsemés de filets d’eau, de lacs, de mares ou simple trous d’eau, miroirs éclatants qui reflètent la lumière au milieu d’une herbe jaune d’automne. Le sol y est alternativement dur et marécageux. Pour s’orienter, il suffit de viser le Taillefer d’un coté, la pointe du Grand Galbert, de l’autre. C’est dans cet environnement que j’ai passé un dimanche. J’ai même pris un (court) bain à 2200 mètres d’altitude en cette fin de mois d’octobre. C’est l’effet de l’été indien! Et dans ce labyrinthe, j’ai passé l’après midi à jouer à cache cache avec les quelques groupes de randonneurs qui s’étaient eux aussi aventurés dans le coin, eux apparaissant au sommets d’une crête, moi disparaissant derrière les buttes de rochers, coupant droit dans la pente pour éviter les sentiers ou m’étendant tranquillement pour bronzer au bord de l’eau. Au final: 4heures 45 de nudité (marche et bain de soleil) pour une sortie de plus de 7 heures!
At the foot of the Taillefer massif, Lake Fourchu offers an hour’s walk away a scenery of water and rocks that easily attracts hikers, fishermen, mountain bikers or simple walkers. But instead of staying on the overly frequented shores of this lake, it is possible to continue towards a vast area that is much less visited. It is undoubtedly the remains of the base of an ancient glacier that has shaped the ground into innumerable hollows and bumps up to the ridges that border the Romanche valley. Bumps of rock, hollows of short grass dotted with streams, lakes, ponds or simple water holes, bright mirrors that reflect the light in the middle of a yellow autumn grass. The ground is alternately hard and swampy. To find your way around, simply aim at the Taillefer on one side, the tip of the Grand Galbert on the other. It is in this environment that I spent one Sunday. I even took a (short) bath at an altitude of 2200 metres at the end of October. This is the effect of the Indian summer! And in this labyrinth, I spent the afternoon playing hide and seek with the few groups of hikers who had also ventured into the area, they appearing at the top of a ridge, me disappearing behind the rocky buttes, cutting right into the slope to avoid the paths or lying quietly to sunbathe by the water. In the end: 4 hours 45 of nudity (walking and sunbathing) for an outing of more than 7 hours!
Ce dernier vendredi de septembre, je suis à 9h30 au bout de la route forestière de Prelenfrey, au pied du Vercors. Il y a déjà 5 ou 6 voitures, dont un véhicule de l’armée, sur le parking, et deux grimpeurs qui observent les falaises. J’entame donc la balade en short et tee shirt. Une petite vingtaine de minutes plus tard je trouve la baraque des Clots ouverte avec un groupe à l’intérieur. Je me permets donc de penser que ce sont les propriétaires des voitures et que je peux me déshabiller dès j’ai dépassé la baraque. Il fait grand beau. Le soleil a réchauffé l’atmosphère matinale. A travers un long pierrier, le chemin monte vers la barrière de falaises. Le pas de l’Oeille se cache par là, difficile à deviner. Au pied du mur vertical, des marques de peinture rouge sur les pierres indiquent la voie qui se faufile entre les barres rocheuses. Ce n’est pas spécialement exposé, ni vertigineux, quoique par temps humide ça doive glisser quelque peu. On débouche soudain dans la prairie des hauts plateaux, juste devant le sommet du Gerbier. C’est un tout autre décor que cette barrière est du Vercors: une longue crête qui remonte au le nord vers le Col Vert puis le Col de l’Arc en direction du Moucherotte. En contrebas les remontées mécaniques et les gares supérieures de la station de Villard de Lans. Tout en bas, le village. Il n’y a absolument personne! Je traîne un peu dans le coin, à profiter de la vue panoramique: l’agglomération grenobloise au fond de la vallée, les sommets de Chartreuse, notamment la Dent de Crolles, puis les Bauges, et au fond le Mont Blanc; en revenant vers la droite les massifs de Belledonne et des Rousses, les glaciers de l’Oisans et enfin le Devoluy avec l’Obiou et le Ferrand. J’ai la plus grande partie des alpes françaises rien que pour moi! Mais bon, si je veux faire une boucle, il reste encore du chemin. Descendre quelque peu, puis remonter vers le Col Vert et revenir vers Prelenfrey par le sentier du Balcon Est. J’ai pris une telle dose de soleil que je suis tout content pour finir de trouver une traversée de sous bois qui me rafraîchisse enfin. Et pourtant, c’est déjà l’automne. Au total ce ne sera pas loin de six heures de balade, dont une demi heure seulement habillé, les 20 minutes du début et le passage du col.
This last Friday of September, I am at 9:30 am at the end of the forest road of Prelenfrey, at the foot of the Vercors. There are already 5 or 6 cars, including an army vehicle, on the car park, and two climbers watching the cliffs. So I start the walk in shorts and tee shirt. About twenty minutes later I find the Clots hut open with a group inside. I allow myself to think that they are the owners of the cars and that I can undress as soon as I pass the hut. The weather is great. The sun has warmed the morning atmosphere. Through a long scree, the path climbs towards the cliff barrier. The « Pas de l’Oeille » is hidden there, hard to guess. At the foot of the vertical wall, red paint marks on the stones indicate the path that winds its way between the rocky bars. It’s not particularly exposed, nor dizzying, although in wet weather it must slide somewhat. Suddenly you emerge in the high plateau meadow, just in front of the Gerbier summit. It’s a completely different scenery than this eastern barrier of the Vercors: a long ridge that goes up north towards the Col Vert and then the Col de l’Arc towards the Moucherotte. Below the ski lifts and the upper stations of the resort of Villard de Lans. At the very bottom, the village. There is absolutely nobody! I hang around a bit, enjoying the panoramic view: the Grenoble area at the bottom of the valley, the peaks of Chartreuse, especially the Dent de Crolles, then the Bauges, and at the background the Mont Blanc; coming to the right the massifs of Belledonne and des Rousses, the glaciers of Oisans and finally Devoluy with the Obiou and Ferrand. I have most of the French Alps all to myself! But hey, if I want to make a loop, there’s still a long way to go. Go down a bit, then up to the Col Vert and back to Prelenfrey via the Balcony East path. I took such a dose of sunshine that I’m quite happy to finally find an undergrowth traverse that refreshes me at last. And yet, it’s already autumn. In total it will not be far from six hours of walking, including only half an hour with clothes on, the 20 minutes of the beginning and the passage of the pass.
J’avais promis à des amis d’aller les récupérer en voiture au terme de leur semaine de randonnée itinérante sur le GR5. Rendez vous fixé à 15 heures dans le village de Larche dans la haute vallée de l’Ubaye. De l’Ubaye, je ne connais guère que Barcelonnette, et encore si peu. C’est donc l’occasion de découvrir la région. Une recherche sur Internet me permet de situer Larche et de repérer un itinéraire de rando possible. J’arrive bien en avance pour avoir quelques heures de libre pour me balader. A 9 heures du matin, il fait frais, le ciel est semi couvert, mais après toute la pluie que j’ai eu le long de la route, c’est plutôt pas mal. Je marche d’abord chaudement habillé, histoire de m’éloigner du village et de m’échauffer. Au bout d’une petite vingtaine de minutes, je me déshabille pour attaquer la première montée raide. Au premier carrefour, j’hésite entre deux itinéraires, mais sur l’un d’entre eux, j’aperçois au loin quelques silhouettes. Je choisis donc l’autre: celui du col de Sauteron. Le chemin commence par suivre un torrent, grimpe un verrou pour déboucher au dessus d’un long et doux vallon herbeux, puis se dirige vers un massif de tours pointées vers le ciel, aux roches pointues et torturées. Tout au long de la balade, des dizaines de marmottes se sauvent devant moi, attendant que je sois à quelques mètres seulement pour siffler et se glisser dans leurs trous. Une dernière grimpette jusqu’au col. Et voici la frontière italienne. Un panneau marque le col en français, quelques mètres plus haut, un autre marque le col en italien, et entre les deux la borne frontière en pierre datée de 1823 et marquée de la fleur de lys d’un coté et de la croix de l’autre. J’ai un pied de chaque coté de la frontière et j’ai presque l’impression de faire partie de l’Histoire!
I had promised friends to pick them up by car at the end of their week of trekking on the GR5. Meeting point is at 3pm in the village of Larche in the upper Ubaye valley. From the Ubaye, I only know Barcelonnette, and still so little. So this is an opportunity to discover the region. An Internet search allows me to locate Larche and to find a possible hiking route. I arrive well in advance to have a few hours of free time to walk around. At 9 o’clock in the morning, it’s cool, the sky is half cloudy, but after all the rain I had along the road, it’s not bad. I walk first warmly dressed, just to get away from the village and warm up. After about twenty minutes, I undress to attack the first steep climb. At the first crossroads, I hesitate between two routes, but on one of them, I see some silhouettes in the distance. So I choose the other one: the Col de Sauteron. The path starts by following a torrent, climbs a cliff to open above a long and soft grassy valley, then goes towards a massif of towers pointing skywards, with sharp and tortured rocks. All along the walk, dozens of marmots run away in front of me, waiting for me to be just a few meters away to whistle and slip into their holes. One last climb up to the pass. And here is the Italian border. A sign marks the pass in French, a few meters higher, another one marks the pass in Italian, and in between the two the stone border marker dated 1823 and marked with the fleur-de-lys on one side and the cross on the other. I have one foot on each side of the border and I almost feel like I’m part of History!
Le Pic Saint Michel, un dimanche matin en randonnue? Impossible, il y a toujours plein de monde la haut, pensais je jusqu’à aujourd’hui. Ce matin quand je suis arrivé au parking, il n’y avait que trois voitures. Bon d’accord, les conditions n’étaient pas parfaites: des nuages arrivant à l’horizon, un air frais et un peu de vent. Des conditions pour être tranquille, donc! Un quart d’heure de montée rapide jusqu’à l’auberge des Allières, ça réveille et ça réchauffe. Dès l’auberge passée et à l’abri des arbres, je quitte short et tee shirt, tout en gardant le gilet polaire. Il ne doit pas faire 10°. L’ascension commence par un bon raidillon dans la foret, suivi d’un deuxième avec la vue dégagée sur le village de Villard de Lans et le plateau du Vercors. Puis le chemin serpente entre vallons herbeux et zones de rochers et de lapiaz pour finir par une montée toute droite sur un chemin empierré vers un col et le sommet du Pic Saint Michel. Du col, à travers une trouée entre les rochers, on a une des plus belle vue sur Grenoble et son agglomération. Quant il fait beau! Car aujourd’hui, la lumière est bien terne. Le sommet est enveloppé par les nuages qui remontent le long des falaises. Parfois dans une déchirure, une portion de paysage ensoleillée fait son apparition puis disparaît. Je ne reste pas longtemps au sommet, car avec le vent qui souffle, la température est encore descendue. Il vaut mieux ne pas rester immobile. Vite j’attaque la descente par le même itinéraire. Je prends juste un raccourci – qui ne raccourcit guère – pour éviter un groupe que j’entends monter et me rhabille en arrivant à proximité de l’auberge. Ce fut une petite promenade dominicale de deux heures et demi, dont deux heures, nu.
The Pic Saint Michel, a Sunday morning naked hike? Impossible, there are always a lot of people up there, I thought until today. This morning when I arrived at the car park, there were only three cars. Ok, the conditions were not perfect: clouds coming on the horizon, fresh air and a bit of wind. Conditions to be quiet, then! A quarter of an hour of fast ascent to the Auberge des Allières, it wakes you up and warms you up. As soon as I get past the inn and in the shelter of the trees, I leave my shorts and tee shirt, while keeping the polar jacket. It must not be 10°. The ascent starts with a good steep climb in the forest, followed by a second one with the clear view of the village of Villard de Lans and the Vercors plateau. Then the path winds between grassy hills and areas of rocks and lapiaz to finish with a straight climb on a stony path towards a pass and the summit of the Pic Saint Michel. From the pass, through a gap between the rocks, one has one of the most beautiful views of Grenoble and its suburbs. When the weather is nice! Because today, the light is very dull. The summit is enveloped by the clouds that come up along the cliffs. Sometimes in a tear, a portion of the sunny landscape appears and then disappears. I don’t stay on the summit for long, because with the wind blowing, the temperature has gone down again. It’s better not to stay still. Quickly I attack the descent by the same route. I just take a shortcut – which hardly shortens at all – to avoid a group that I hear going up and get dressed when I get close to the inn. It was a short Sunday walk of two and a half hours, two hours of which I spent naked.
Tout au sud de la Corse, à quelques kilomètres de Bonifacio, la plage de Stagnolu est une belle petite anse de sable blanc entourée de langues de rochers. C’est une plage familiale d’un coté, naturiste sauvage de l’autre. Un matin, vers 6 heures, je pars de cette plage en direction du cap Feno. Un petit chemin suit la côte. C’est plutôt un sentier de chèvres – j’en croiserai un troupeau – même si des cairns marquent par endroit la direction. Le chemin ne s’aventure pas dans le maquis, mais reste au plus près de la mer, longeant la découpe des criques et des anses, se faufilant entre les blocs de rochers aux formes sculptées par le vent. Je n’avance pas vite, cherchant le cheminement, admirant le lever du soleil, les changements des couleurs de la lumière sur les rochers et sur l’eau, escaladant quelques blocs par ci par là, me baignant dans l’eau transparente de quelques criques. Bref, je prends mon temps et profite près de quatre heures durant d’être vraiment seul dans ce décor de bout du monde entre mer, ciel et rochers. Quelques jours plus tard, je refais, en deux heures seulement, ce même chemin. Cette fois c’est pour aller récupérer une bouée d’un navire panaméen échouée au fond d’une anse au milieu du bois flotté. Je l’avais remarquée et photographiée au cours de ma précédente balade, mais n’avais pas jugé utile de m’en charger. Ma fille et les enfants de mes amis m’ont finalement convaincu d’aller la rechercher. Elle ajoutera une touche maritime à mon environnement quotidien alpin!
In the south of Corsica, a few kilometers from Bonifacio, the beach of Stagnolu is a beautiful little cove of white sand surrounded by tongues of rocks. It is a family beach on one side, wild naturist on the other. One morning, about six o’clock, I leave this beach in the direction of Cape Feno. A small path follows the coast. It is rather a path of goats – I will cross a flock – even if some cairns mark the direction in some places. The path does not venture into the maquis, but remains as close as possible to the sea, skirting the creeks and coves, creeping between the blocks of rocks carved by the wind. I do not go fast, looking for the path, admiring the sunrise changing the colors of the light on the rocks and on the water, climbing a few blocks here and there, bathing in the transparent water of a few creeks. In short, I take my time and enjoy almost four hours while being really alone in this scenery of end of the world between sea, sky and rocks. A few days later, in two hours, I made this same way again. This time it is to go to retrieve a buoy of a Panamanian ship stranded at the bottom of a cove in the middle of the driftwood. I had noticed and photographed it during my previous walk, but had not thought it useful to take care of it. My daughter and the children of my friends finally convinced me to look for it. It will add a maritime touch to my everyday alpine environment!
Étape dans la vallée de la Restonica, dans les environs de Corte. Tôt le matin, nous partons, ma compagne et moi, pour une randonnée vers le mont Rotondo. La piste dans la foret de pins se transforme en un sentier qui grimpe toujours en sous bois jusqu’à la bergerie de Timozzo. La suite va se passer sous un soleil chaleureux. Un groupe nous précède, un autre nous suit, ce n’est pas vraiment le moment de se dénuder. Le chemin serpente entre maquis et pierrier jusqu’au lac d’Oriente. Un rapide bain dans l’eau froide pour enlever la transpiration. Les deux groupes se reposent auprès du lac, nous continuons. Le sommet du Mont Rotondo est juste devant. Il suffit de trouver son chemin dans un dédale de blocs rocheux en suivant un alignement de cairns qui balisent le cheminement. A mi pente, je m’estime suffisamment éloigné du lac pour me déshabiller. Ma compagne désapprouve mais me laisse faire. C’est ça l’amour! On traverse un névé. De la neige en plein été en Corse! Avant d’attaquer un couloir raide et pierreux qui débouche sur un col. Un gros rocher à escalader permet de basculer sur l’autre versant, au dessus du superbe lac de Bellebone, pour rejoindre le sommet à 2622 m; le second sommet de Corse. Un des groupes a quitté le lac et entrepris aussi l’ascension. Je me rhabille pour les croiser et pour la descente directe jusqu’à la vallée. Ce fut une petite randonnue, mais une belle randonnée.
Stopover in the Restonica valley, near Corte. Early in the morning, we …let’s go, my girlfriend and I, for a hike to Mount Rotondo. The trail in the pine forest turns into a path that always climbs up through the undergrowth to Timozzo’s sheepfold. The rest of the trip will take place under a warm sun. One group precedes us, another follows us, it’s not really the time to get naked. The path meanders between scrub and scree up to Lake Oriente. A quick bath in cold water to wipe away the perspiration. The two groups rest by the lake, we continue. The summit of Mount Rotondo is just ahead. We just have to find our way through a maze of boulders following an alignment of cairns that mark the path. Halfway up the slope, I consider myself far enough from the lake to undress. My girlfriend disapproves but lets me do it. That’s what love is all about! We’re crossing a neve. Snow in the middle of summer in Corsica! Before attacking a steep and stony corridor that leads to a pass. A big rock to climb allows you to switch to the other side, above the superb Lake Bellebone, to reach the summit at 2622 m; the second summit of Corsica. One of the groups left the lake and also started the ascent. I get dressed to cross them and for the direct descent to the valley. It was a short hike, but a nice one.
En ce jour de semaine de juin, il y a déjà plusieurs voitures sur le parking au dessus de la Ferrière lorsque j’y arrive. Je n’espère donc guère pouvoir faire une randonnue…au moins une randonnée ! Après quelques dizaines de minutes de marche sur la piste forestière sans rencontrer âme qui vive, j’arrive au départ du sentier. Allez, je tente quand même le coup. Je me déshabille et attaque la montée. Sous bois, prairie d’alpage, pente de pierres et de rochers. Petit à petit, le temps passe et je prends de l’altitude. J’aperçois deux silhouettes qui me précèdent sur le sentier, mais bien loin. Finalement, ce n’est qu’en arrivant au sommet du Grand Colon que je trouve du monde. J’ai eu le temps d’enfiler un short dans la dernière longueur. Un parapentiste décolle sous mon nez, un couple de randonneurs entreprend la descente vers le lac Merlat, un autre groupe repart par le chemin que je viens d’emprunter, et la dernière personne recharge son sac à dos au bout de quelques minutes et s’éloigne. Je suis de nouveau seul et nu. A mon tour, je m’engage sur le chemin du lac. Un chemin raide de pierres instables qui roulent dans la pente, qui disparaît parfois sous les névés ; mais je n’ai qu’à suivre les traces de mes prédécesseurs. Le lac est encastré entre rochers et pentes de neige. Les sommets alentours se mirent dans une eau sombre. Je profite de cette eau froide pour me rafraîchir le visage. Je contourne le lac et continue vers la Pra. En arrivant en vue du refuge, je renfile mon short, le temps de jeter un coup d’œil sur le nouveau bâtiment qui vient d’y être construit, puis de le contourner. Du col de la Pra, j’ai le lac du Crozet sous les pieds. Le chemin serpente dans les cailloux à flanc de pierriers. J’arrive à proximité du lac sans encombre pour une halte dans l’herbe rase. Le lac est d’un bleu profond, dans lequel se reflètent les nuages. La digue tire un trait géométrique entre l’eau et le ciel. A l’extrémité du lac, des blocs de glace se disloquent comme une banquise au dégel. L’eau ne doit pas être chaude. Pas de baignade aujourd’hui ! Mais c’est un vrai plaisir de contempler ces lacs de montagne. En début d’après midi, les alentours du lac se peuplent de quelques groupes de randonneurs. C’est la fin de la randonnue. Le long du chemin qui descend au parking, je croiserai une vingtaine de personnes. J’ai eu une chance inespérée de pouvoir profiter de quatre heures de nudité sur les six heures trente de la balade dans ces coins si fréquentés.
On this weekday in June, there are already several cars on the parking lot above La Ferrière when I get there. So I hardly hope to be able to go for a naked hike…at least a hike! After a few tens of minutes of walking on the forest track without meeting a living soul, I arrive at the start of the trail. Come on, I’ll give it a try anyway. I undress and attack the climb. Under woods, alpine meadow, slope of stones and rocks. Gradually, time passes and I gain altitude. I see two silhouettes that are ahead of me on the path, but far away. Finally, it is only when I reach the summit of the Grand Colon that I find people. I had time to put on my shorts in the last section. A paraglider takes off right under my nose, a couple of hikers begin the descent towards Lake Merlat, another group leaves by the path I’ve just taken, and the last person reloads his backpack after a few minutes and walks away. I am alone and naked again. It is my turn to take the path to the lake. A steep path of unstable stones rolling down the slope, which sometimes disappears under the snow; but I just have to follow in the footsteps of my predecessors. The lake is embedded between rocks and snow slopes. The surrounding peaks are set in dark water. I take advantage of this cold water to refresh my face. I walk around the lake and continue towards the Pra. Arriving in sight of the refuge, I put on my shorts, the time to have a look at the new building which has just been built there, then to go around it. From the Col de la Pra, I have the Lac du Crozet under my feet. The path meanders through the pebbles on the side of the scree slopes. I arrive near the lake safely for a stop in the short grass. The lake is deep blue, in which the clouds are reflected. The dike draws a geometric line between the water and the sky. At the end of the lake, blocks of ice break up like an ice pack when it thaws. The water must not be warm. No swimming today! But it’s a real pleasure to contemplate these mountain lakes. In the early afternoon, the area around the lake becomes populated by a few groups of hikers. This is the end of the naked hike. Along the path that goes down to the car park, I will meet about twenty people. I had an unhoped-for chance to enjoy four hours of nudity during the six and a half hours of the walk in these busy areas.
Les hauts plateaux de la Chartreuse s’étendent au sommet de cette grandiose citadelle naturelle entourée de falaises qui s’étire entre Grenoble et Chambéry, entre les sommets de la Dent de Crolles et du Granier. A l’étage intermédiaire, quelques villages et routes ceinturent le massif. Mais tout en haut, pas d’habitations permanentes, seuls quelques haberts et cabanes abritent les bergers durant l’été, ni chemins carrossables, ni même pylônes ou antennes. C’est un espace protégé, Réserve Naturelle du Parc Régional de Chartreuse, que l’on atteint par quelques passages qui franchissent le mur des falaises. Les plateaux sont une succession de prairies pentues et de forêts, séparées par des cassures rocheuses et des zones de lapiaz, ces dalles de roche calcaires creusées de failles et de trous. Un endroit rêvé pour les randonneurs. En semaine en cette fin de mois d’août, il me semblait que ce pouvait être un cadre idéal pour une randonnue. Parti du Sappey, près de Grenoble, avant sept heures du matin, j’avais déjà trois heures de marche pour atteindre le col du Coq au pied de la Dent de Crolles. Je m’étais déshabillé dés qu’éloigné du village et le corps mis en train. Mais pour monter à la Dent, j’ai dû me rhabiller. Ce sommet emblématique de la région grenobloise est constamment fréquenté. Bien m’en a pris: En chemin j’ai rencontré deux gardes du parc en compagnie d’une gendarme. D’ailleurs, un vent frais et puissant incitait plutôt à se couvrir. Mais dès qu’on s’éloigne du sommet vers les plateaux, on retrouve vite la tranquillité. Le GR, chemin de grande randonnée, traverse tout le massif. Mais un autre sentier, moins utilisé car un passage dans une cheminée rocheuse le rend plus délicat, longe les crêtes et domine les à-pics des falaises. Tellement plus spectaculaire. Les heures de marche s’écoulent ainsi, nu, avec parfois un gilet polaire pour protéger de la fraîcheur dans les versants à l’ombre. Et un gros sac à dos! Lors des rares rencontres, j’ai pu anticiper et me couvrir d’un short. Ce jour là, ce sera 6 heures de randonnue pour une marche de 9 heures 30. Bivouac à mi-chemin, à l’Aulp du Seuil. Si le camping et les feux sont interdits dans la réserve, le bivouac est toléré, à condition de ne pas rester plus d’une nuit. Nuit d’ailleurs secouée par des averses de pluie entrecoupées de coups de vent violents. Au petit matin, un ciel bleu et de gros rouleaux de nuages débordant des falaises se partagent le paysage; avec des bancs de brouillards, résidus de l’humidité nocturne. Un vrai décor de montagne sauvage! Comme, en dehors des bergers, j’étais le seul à bivouaquer dans le coin, je me suis senti à l’aise pour repartir tout de suite nu. Et le rester jusqu’au bout du plateau. Je ne me rhabillerai que pour approcher de deux bergeries et pour entreprendre la descente vers la vallée. Soit 5 heures nu sur les 6 heures de balade. C’est d’abord la traversée d’une forêt encore noyée dans la brume, les passages dans les champs de fougères ou d’épilobes aussi hautes que moi et chargées de rosée qui m’aspergent, pour arriver dans les prairies des alpages, au milieu des troupeaux de vaches. J’étais si parfaitement à mon aise dans cet environnement, que j’en oubliais le reste du monde. Jusqu’à un détour du chemin où j’ai rencontré un autre promeneur matinal. Je n’ai pas eu le temps de me couvrir, cette fois. Je l’ai donc salué poliment. Il m’a répondu d’un bonjour, puis s’est détourné pour me laisser passer et chacun a continué de son coté. En deux jours de marche, en grande partie nu, j’ai rencontré plus de vaches que d’humains. Et elles ne semblaient pas spécialement gênées de voir un naturiste sur leurs alpages!
The high plateaus of the Chartreuse extend at the top of this grandiose natural citadel surrounded by cliffs that stretches between Grenoble and Chambéry, between the summits of the Dent de Crolles and the Granier. On the intermediate level, a few villages and roads surround the massif. But at the very top, no permanent dwellings, only a few huts and shepherd’s huts that shelter the shepherds during the summer, no drivable paths, not even pylons or antennas. It is a protected area, Nature Reserve of the Chartreuse Regional Park, which is reached by a few passages that cross the cliff wall. The plateaus are a succession of sloping meadows and forests, separated by rocky breaks and areas of lapiaz, these limestone slabs of rock carved with faults and holes. An ideal place for hikers. During the week at the end of August, it seemed to me that it could be an ideal setting for a naked hike. Leaving from Sappey, near Grenoble, before seven in the morning, I had already walked for three hours to reach the Col du Coq at the foot of the Dent de Crolles. I had undressed as soon as I got away from the village and the body set in train. But to get to the Dent, I had to get dressed again. This emblematic summit of the Grenoble region is constantly frequented. On the way I met two park rangers and a gendarme. Moreover, a fresh and powerful wind was rather inciting to cover up. But as soon as you move away from the summit towards the plateaus, you quickly find peace and quiet. The GR, a long-distance hiking trail, crosses the whole massif. But another path, less used because a passage in a rocky chimney makes it more delicate, runs along the ridges and dominates the cliff tops. So much more spectacular. The hours of walking pass naked, sometimes wearing a polar vest to protect from the coolness on the shady slopes. And a big backpack! During the rare encounters, I was able to anticipate and cover myself with shorts. That day, it will be 6 hours of hiking for a 9 hours 30 walk. Bivouac halfway, at the Aulp du Seuil. If camping and fires are forbidden in the reserve, bivouac is tolerated, as long as you do not stay more than one night. Night shaken by rain showers interspersed with violent gales. In the early morning, a blue sky and big rolls of clouds overflowing from the cliffs share the landscape; with fog banks, residue of the night humidity. A real wild mountain scenery! As, apart from the shepherds, I was the only one to bivouac in the area, I felt at ease to leave immediately naked. And to stay that way until the end of the plateau. I would only get dressed again to approach two sheepfolds and to start the descent towards the valley. That’s 5 hours naked out of the 6 hours of the walk. It is first the crossing of a forest still drowned in the mist, the passages in the fields of ferns or epilobes as high as me and loaded with dew which sprinkle me, to arrive in the meadows of the mountain pastures, in the middle of the herds of cows. I was so perfectly at ease in this environment that I forgot about the rest of the world. Until a detour along the path where I met another morning walker. I didn’t have time to cover myself this time. So I greeted him politely. He said hello back, then turned away to let me pass, and everyone continued on their own. In two days of walking, mostly naked, I met more cows than humans. And they didn’t seem especially embarrassed to see a naturist on their mountain pastures!
A la fin d’une longue journée de travail, je suis monté en voiture jusqu’à l’alpage du Charmant Som en Chartreuse, un endroit bien connu des grenoblois qui trouvent là une ambiance presque montagnarde si facilement accessible. A mon arrivée, la nuit tombait mais le parking était encore bien plein, sans aucun doute les clients du petit restaurant qui jouxte la ferme. Je me suis éloigné de quelques dizaines de mètres, ai traversé le troupeau de vaches et me suis retrouvé seul dans l’obscurité au départ du chemin qui mène vers le sommet. L’air était doux. Je me suis déshabillé. J’avais pris un petit sac à dos avec une lampe, une gourde et un coupe-vent, j’y ai mis mes vêtements. Et en marche pour le sommet. Une vingtaine de minutes sur un chemin de terre puis de dalles de rochers bien lisses. Là haut, à l’abri d’un petit vent qui soufflait, j’avais le spectacle des lumières de villages alentours, et au loin la lueur de la ville de Grenoble. Et un sentiment de tranquillité bienvenue après le stress du travail. Au retour, le parking était vide.
At the end of a long working day, I drove up to the Charming Som mountain pasture in Chartreuse, a place well known to the people of Grenoble who find there an almost mountain atmosphere so easily accessible. When I arrived, night was falling but the parking lot was still full, no doubt the customers of the small restaurant next to the farm. I walked a few dozen meters away, crossed the herd of cows and found myself alone in the dark at the start of the path leading to the summit. The air was sweet. I undressed. I had taken a small backpack with a lamp, a water bottle and a windbreaker and put my clothes in it. And on my way to the top. About twenty minutes on a dirt track and then on a smooth slab of rock. Up there, sheltered from a light wind, I had the spectacle of the lights of the surrounding villages, and in the distance the glow of the city of Grenoble. And a welcome sense of tranquillity after the stress of work. On the way back, the parking lot was empty.
Un matin, je quitte la ville sans même savoir où je vais aller. Tout en roulant, la crête de la montagne du Conest m’attire, c’est un coin que je ne connais pas. Je roule jusqu’à quelques kilomètres de la Motte, me gare sur le bas-côté et pars au hasard. Je n’ai même pas pris de carte. Je reste habillé au début, il y a deux hameaux à traverser, et bien m’en a pris, car je dois franchir une zone d’épineux et de ronces. Sorti du bois, je me déshabille et grimpe droit dans la pente, bien raide. Je suis à la verticale du village de Vaux. J’atteins un sommet tout rond à 1710 m d’altitude, balayé par un vent frais. D’un coté le Vercors, de l’autre les crêtes du Tabor que j’ai parcouru en randonnue au printemps précédent. En contrebas une mare desséchée et quelques buttes qui dominent la vallée du Drac, avec l’agglomération grenobloise juste devant. Je traîne un peu dans le coin puis reviens par un chemin dans la foret. Je me rhabille un peu avant la vallée. A part deux randonneurs tout au loin, je n’ai vu personne sinon quelques vaches. C’était une petite balade de 4 heures, dont 2 heures et demi nu. J’ai même le temps de passer au bureau en rentrant.
One morning, I leave the city without even knowing where I am going. While driving, the ridge of the mountain of the Conest attracts me, it is an area that I don’t know. I drive a few miles from La Motte, park on the side and go at random. I did not even take a map. I remain dressed at first, there are two hamlets to cross, and it was well, because I have to cross an area of thorny and brambles. Out of the woods, I undress and climb straight up the steep slope. I am vertically in the village of Vaulx. I reach a summit all round at 1710 m altitude, swept by a cool breeze. On one side the Vercors, on the other the crests of the Tabor that I traveled naked hiking in the previous spring. Below a deserted pond and a few hills that dominate the valley of the Drac, with the agglomeration of Grenoble just in front. I walk a little in the area and then come back by a path in the forest. I dressed up a little before the valley. Apart from two hikers far away, I saw no one but a few cows. It was a short stroll of 4 hours, of which 2 hours and a half naked. I even had time to go to the office on my way home.