Changement de saison et de décors. A l’initiative de Bruno quelques uns des habitués des séjours dans le Beauchêne se sont retrouvés en…Ariège. Pour cette semaine pyrénéenne il y a là : Bernard, Bruno, François, Guillaume, Jacques Marie, Patricia, Philippe, Pierre et un petit nouveau : Jean Pierre. Le refuge qui nous accueille dans la vallée de Vicdessos au port de Lers (dans les Pyrénées : port = col comme étang = lac) un peu à l’écart de la route nous permet de vivre en toute nudité.
Premier jour. Mireille et Yohan de Toulouse sont venus passer la première nuit avec nous pour participer à cette première sortie. C’est pour eux une première expérience de la randonnue. Alain de Toulouse également nous rejoint le matin. Randonnueur expérimenté, c’est un bon connaisseur des sentiers ariégeois comme des légendes et histoires locales.
Par un dimanche ensoleillé sur un itinéraire connu, on ne s’attend guère à être seuls, mais la possibilité de partir directement à pieds du gîte est si tentante. Traversée à flanc dans un versant couvert de fougères dorées dans la lumière matinale. Puis ça commence à monter jusqu’à un premier replat. C’est l’étang ? Non, encore plus haut. Enfin on arrive à cet étang d’Arbu, en même temps qu’un premier groupe qui nous suit. L’eau est fraîche mais permet quelques baignades. Le sentier fréquenté passe à gauche du lac, on prend à droite en suivant une légère trace et quelques cairns, droit dans les langues herbeuses entre les rochers. On décide d’éviter le sommet du pic des Trois Seigneurs sur lequel se profilent tant de silhouettes pour une crête en face. On n’est pas à 3 mètres d’altitude près ! Là on pique nique tranquille. Juste un randonneur, à la recherche d’une fourchette pour son casse croûte, nous rend visite et reste un moment à discuter. Mais pour la descente, on va forcément se retrouver sur le chemin fréquenté des Trois Seigneurs. Certains se rhabillent, enfilent un short, d’autres décident de rester nus. C’est comme chacun le ressent. On croise ceux qui montent encore, on double ou est doublée par ceux qui descendent. On remarque de l’étonnement, de l’indifférence et aussi des sourires. A un moment on se retrouve à progresser avec tout un autre groupe. Une remarque acerbe fuse. Il est vrai que là c’était trop de proximité. On se regroupe et les laissons partir en avant, à bonne distance. Le cheminement suit une longue crête qui ramène vers le port de Lers. Sept heures et demi de balade, 1000 m de dénivelé, une première journée chargée physiquement et émotionnellement.
Deuxième jour. Changement complet d’ambiance. On rejoint en voiture le barrage de Soulcem et on se gare aux Orris du Carla, à côté d’une voiture de gendarmerie ! (Les Orris sont des abris en pierre recouverts de terre et d’herbes construits autrefois par les bergers). Le ciel est couvert, la température plutôt basse. On se met en route bien habillés. Une petit pluie se met à tomber. Tant pis, on continue. On débouche au fond d’une vallée en même temps qu’un rayon de soleil qui illumine un troupeau de vaches et de chevaux. La vallée est fermée par une barrière montagneuse. Derrière c’est l’Andorre. On se déshabille pour profiter de ce soleil, mais les nuages ne sont pas loin. Dans la montée vers l’orri de la Soucarrane le paysage disparaît. On monte dans un brouillard épais . Arrêt casse croûte à l’orri, puis passage à l’étang du même nom, puis à celui de Roumazet. Alternances d’éclaircies entre les bancs nuageux pour la descente jusqu’à retrouver le fond de vallée…et la pluie.
Troisième jour. D’un parking sur la route d’Aulus on monte vers le port de Saleix. Montée régulière avec de long lacets que l’on coupera à la descente. Du port, un bon raidillon nous mène jusqu’à l’étang d’Alate. L’eau noire n’incite guère à la baignade. En continuant le paysage change : Un peu de brume, des herbes couleurs de feu, des mares et filets d’eau reflétant la lumière du soleil. Puis on bascule sur le versant qui domine le refuge de Bassies et les lacs, pardon les étangs. On s’arrête là pour pique niquer. Un petit groupe descendra ensuite jusqu’en bas.
Quatrième jour. On part directement à pieds du gîte. Jean Pierre de Toulouse nous a rejoint pour la journée. Au port de Lers, direction la forêt, puis une bonne pente herbeuse qui nous mène à un collet où nous attendent quelques moutons. Encore un effort, et le croisement d’un trailer qui ne daigne même pas nous voir tout occupé à gérer sa vitesse, et nous voilà au sommet du Mont Ceint. Un homme est là qui démonte des piquets métalliques. Il nous conte son histoire. Ancien berger, il venait là durant la seconde guerre mondiale et surveillait les patrouilles allemandes. Il avait alors 14 ans. Il en a maintenant 88, mais semble en pleine forme. « Je vous félicite. La montagne est belle. » Mais en le quittant, on l’entendra se précipiter sur son téléphone pour raconter sa rencontre avec des hommes « à poil ». On rejoint le port de Saleix, où nous étions hier. Mais au lieu de monter, on descend dans une vallée suspendue. Le géologue du groupe nous montre que d’un coté de la vallée les roches sont des calcaires et de l’autre des granit. Il semblerait que nous soyons juste sur une ancienne faille tectonique. Mais le groupe est finalement plus intéressée par la récolte des champignons. Après le repas, le cheminement nous conduit par des chemins forestiers vers la vallée en face du village de Sentenac.
Cinquième jour. Aujourd’hui on quitte le département de l’Ariège pour celui des Pyrénées Orientales en passant le col de Puymorens. Le parking au départ du sentier est aussi occupé par un camion bétonnière qui remplit des bennes hélitreuillés jusqu’à un chantier lointain. Le bruit des rotations de l’hélicoptère nous accompagnera toute la matinée. Il nous survolera aussi à l’occasion. On rejoint le GR qui s’étire à l’horizontale, c’est sans doute une ancienne voie de wagonnets de mines. D’ailleurs on trouvera au bord du chemin plusieurs entrées de galeries. Il nous mène au pied du barrage de Lanoux. On quitte alors le GR pour se diriger vers le Pic Carlit, point culminant du département avec 2921m. Mais l’ensemble du groupe, à l’exception de Bruno, préférera, après le casse croûte, rester tranquillement sur la rive herbeuse d’un petit étang plutôt que d’affronter une montée dans la caillasse noire. Le retour par le « chemin des ingénieurs » plus long et plus accidenté que le GR nous montre encore une curiosité géologique, comme une longue coulée avalancheuse, mais de blocs de granit enchevêtrés les uns sur les autres, au milieu desquels des sapins parviennent à pousser leurs racines. La force de la nature est toujours surprenante.
Sixième jour. Plutôt que de participer à la balade, je décide pour ma part d’aller visiter une source d’eau chaude à Merens les Vals, à une heure de route du refuge. Guillaume m’accompagne. A un quart d’heure de marche à peine sur un GR, nous trouvons cette source au bord du chemin. Quelques petites vasques ont été aménagées avec des pierres. L’eau est à 37° . Quel plaisir et quelle détente de s’allonger dans ce bain. Quelques autres randonneurs s’arrêtent aussi ou passent. C’est le genre d’endroit qu’on ne trouve malheureusement pas dans les Alpes.
Change of season and scenery. At Bruno’s initiative, some of the regulars of the Beauchêne stays met in Ariège. For this Pyrenean week there are: Bernard, Bruno, François, Guillaume, Jacques Marie, Patricia, Philippe, Pierre and a new one: Jean Pierre. The refuge which welcomes us in the valley of Vicdessos in the port of Lers (in the Pyrenees: port = pass as pond = lake) a little away from the road allows us to live in all nakedness.
First day. Mireille and Yohan from Toulouse came to spend the first night with us to take part in this first outing. This is their first experience of hiking. Alain de Toulouse also joins us in the morning. Experienced hiker, he is a good connoisseur of the Ariégeois trails as well as local legends and stories.
On a sunny Sunday on a known itinerary, you don’t expect to be alone, but the possibility of leaving directly on foot is so tempting. Crossing on the flank in a hillside covered with golden ferns in the morning light. Then it starts to rise up to a first folds. Is that the pond? No, even higher. Finally we arrive at this pond of Arbu, at the same time as a first group that follows us. The water is cool but allows some swimming. The footpath passes on the left of the lake, you take to the right following a slight track and a few cairns, right in the grassy tongues between the rocks. It was decided to avoid the summit of the peak of the Trois Seigneurs peak, on which so many silhouettes of a ridge in front of it appeared. We’re not at an altitude of three metres or so! Here you can have a picnic. Just a hiker, looking for a fork for his snack, visits us and remains a moment to discuss. But for the descent, we will inevitably find ourselves on the frequented path of the Trois Seigneurs. Some people dress up, put on shorts, others decide to stay naked. It’s like everyone feels it. We cross those who still climb, we double or are doubled by those who descend. There is surprise, indifference and also smiles. At one point we find ourselves progressing with another group. A acerbic remark. It is true that this was too close. We regroup and let them go forward, at a good distance. The route follows a long ridge leading back to the port of Lers. Seven and a half hours of walking, 1000 m of altitude difference, a first day physically and emotionally charged.
Second day. Complete change of atmosphere. We reach the Soulcem dam by car and park at Les Orris du Carla, next to a gendarmerie car! (The Orris are stone shelters covered with earth and grass that were once built by shepherds). The sky is overcast, the temperature is rather low. Let’s get out of here dressed up. A little rain begins to fall. Never mind, we’ll keep going. At the bottom of a valley, a sunbeam illuminates a herd of cows and horses. The valley is closed by a mountain barrier. Behind it is Andorra. We undress to enjoy the sun, but the clouds are not far away. In the ascent towards the Soucarrane Orri, the landscape disappears. We’re going up in thick fog. Stop at the orri to snack, then pass to the pond of the same name, then to the one of Roumazet. Alternating clearings between the cloudy banks for the descent until the valley bottom… and rain.
Day three. From a car park on the road to Aulus we go up towards the port of Saleix. Regular ascent with long laces that will be cut at the descent. From the pass, a good steeple leads us to the pond of Alate. Black water does not encourage swimming. Continuing the landscape changes: A little fog, colorful herbs of fire, pools and water nets reflecting the sunlight. Then we switch over to the slope which dominates the refuge of Bassies and the lakes, forgiveness the ponds. We’ll stop there for a picnic . A small group will then descend to the bottom.
Day four. We walk directly from the gîte. Jean Pierre from Toulouse joined us for the day. At the port of Lers, head towards the forest, then a good grassy slope which leads us to a collet where we can see some sheep. Another effort, and the crossing of a trailer that doesn’t even deign to see us all busy managing its speed, and here we are at the top of Mont Ceint. There’s a man here dismantling metal pickets. He tells us his story. A former shepherd, he came there during the Second World War and watched over German patrols. He was then 14 years old. He’s now 88, but looks great. « Congratulations. The mountain is beautiful. » But when he leaves, we will hear him rushing to his phone to tell the story of his meeting with naked men. We’re heading to the port of Saleix, where we were yesterday. But instead of going up, we go down into a suspended valley. The geologist of the group shows us that on one side of the valley the rocks are limestones and on the other side granite. It seems we’re just sitting on an ancient tectonic fault. But the group is finally more interested in harvesting mushrooms. After the meal, the walk leads us along forest paths to the valley in front of the village of Sentenac.
Day five. Today we leave the Ariège department for the Pyrénées Orientales department passing the Puymorens pass. The parking lot at the trailhead is also occupied by a concrete mixer truck that fills heli-treated dumpsters up to a remote construction site. The sound of the helicopter rotations will accompany us all morning. It will also fly over us occasionally. We reach the GR which stretches horizontally, it is undoubtedly an old track of mine wagons. In fact, there are several entrances of galleries along the road. It leads us to the foot of the Lanoux dam. We then leave the GR to head towards the Carlit Peak, the highest point of the department with 2921m. But the whole group, with the exception of Bruno, will prefer, after the snack, to remain quietly on the grassy shore of a small pond rather than facing a climb in the black rock. The return by the « engineers’ path » longer and more difficult than the GR still shows us a geological curiosity, like a long avalanche flow, but of granite blocks entangled on top of each other, in the middle of which fir trees manage to grow their roots. The strength of nature is always surprising.
Day six. Rather than taking part in the hike, I decided to visit a hot spring in Merens les Vals, an hour’s drive from the refuge. Guillaume’s coming with me. A quarter of an hour’s walk on a GR, we find this spring at the side of the trail. A few small basins have been fitted with stones. The water’s 37 degrees. What a pleasure and relaxation to lie down in this bath. Some other hikers also stop or pass. This is the kind of place that unfortunately cannot be found in the Alps.
Comme l’an passé, Bruno a organisé en cet fin septembre une semaine de randos en Ariège, dans les Pyrénées, à partir du gîte Terre d’Avenir près du port de Lers. (en pyrénéen le port = le col). Nous sommes un groupe de dix : Bruno, Guillaume et moi même sommes désormais des habitués des lieux ; Nicole et François de la Loire, mais Nicole souffre d’une tendinite au pied et ne pourra donc pas marcher et François a une contre-indication médicale formelle de s’exposer au soleil, il sera obligé de marcher habillé ; Christian et Sylvie de Normandie, Sylvie non naturiste accompagne son naturiste de mari ; Philippe vient de Belgique, mais il souffrira du genou après la première journée et devra rester au calme ; Richard, un anglais et Sandra, une allemande, vivent depuis peu en Espagne, ils sont accompagnés de leurs deux chiens Polly et Suzy qui sera surnommée Crevette Agile. Un groupe qui s’internationalise!
Bruno sur son blog a fait un compte rendu détaillé du séjour, je me contente donc ici de souligner à quel point notre façon de randonner nu a été généralement bien toléré par les randonneurs textiles croisés ou doublés sur les chemins. Le fait que François marchant habillé pouvait prévenir de notre arrivée a aussi sans doute facilité les rencontres. A commencer, dès le premier jour, par cette famille rattrapée dans une raide montée. Les deux fillettes ont donné l’autorisation de passer nus en disant « Ils font ce qu’ils veulent ». Le gardien d’un refuge le deuxième jour ne voyait pas d’objection à notre tenue à condition que les chiens soient tenus en laisse. Le troisième jour, une bergère nous a regardé passer en souriant. Lorsqu’on a croisé un couple qui montait dans la chaleur, l’homme s’est écrié « Oh comme je vous envie ! » Le quatrième jour, on a rencontré tout un groupe de militaires en tenues sportives civiles descendant au pas de course. Les réactions ont été un peu de surprise et des sourires, un seul faisant une remarque « Faut vous rhabiller, m’sieur, si j’étais avec ma fille… ».
Un couple de cavaliers a bivouaqué à proximité du gîte, la femme est venue se ravitailler en eau pour les chevaux sans sembler le moins du monde gênée par la tablée de naturistes.
Il est bon que la nudité naturelle se banalise peu à peu.
As last year, Bruno organized at the end of September a week of hikes in Ariège, in the Pyrenees, from the gîte Terre d’Avenir near the port of Lers. (in the Pyrenees the port = the pass). We are a group of ten: Bruno, Guillaume and I are now regular customers of the place; Nicole and François de la Loire, but Nicole suffers from tendonitis in the foot and will not be able to walk and François has a formal medical contraindication to expose himself to the sun, he will have to walk with his clothes on; Christian and Sylvie from Normandy, Sylvie non naturist accompanies her naturist husband; Philippe comes from Belgium, but he will suffer from knee pain after the first day and will have to remain calm; Richard, an Englishman and Sandra, a German, have recently relocated to Spain, they are accompanied by their two dogs Polly and Suzy who will be nicknamed Agile Shrimp. A group that is becoming more international!
Bruno on his blog gave a detailed report of the stay, so I just want to point out here how well our way of hiking naked was generally well tolerated by textile hikers crossed or doubled on the paths. The fact that François walking dressed could warn of our arrival also undoubtedly facilitated the meetings. To begin, from the first day, with this family caught up in a steep climb. The two girls gave permission to go naked by saying, « They do what they want. The guard of a refuge on the second day did not object to our outfit as long as the dogs were kept on a leash. On the third day, a shepherdess watched us pass by smiling. When we met a couple who were going up in the heat, the man shouted, « Oh, I envy you! « On the fourth day, we met a whole group of soldiers in civilian sports clothes running down the path. The reactions were a bit of surprise and smiles, only one making a remark, « You need to get dressed, sir, if I were with my daughter…. ».
A couple of riders bivouacked near the cottage, the woman came to get water for the horses without seeming at all embarrassed by the table of naturists.
It is good that natural nudity is gradually becoming commonplace.