Taillefer

Voilà bien longtemps que je rêvais d’une randonnue au Taillefer. J’en avais entendu parler comme d’une rando difficile, limite dangereuse. Alors seul et nu! Puis, il y a deux ou trois ans, deux sorties, habillé, avec des amis et en week end, m’avaient rassuré, mais convaincu qu’il fallait éviter les jours d’affluence.
Ce lundi, la météo est plutôt bonne, même s’il a fortement plu durant la nuit. Le ciel est encombré de nuages, mais j’espère passer au dessus de la couche. En arrivant au départ de la balade, il y a une voiture au bord de la route. Un couple, chaudement vêtu se prépare à partir, équipé de matériel de pêche. Ils vont au lac de Brouffier.
Je démarre derrière eux, avec juste un short et un tee shirt. J’essaie de les rattraper et manque exploser dans le sentier tout droit et raide de la combe de l’Oursière. En fait, ils auront pris un autre chemin, plus doux. La combe est encore dans l’ombre, avec quelques restes de brume. Au bout d’un quart d’heure, je quitte le short, le tee shirt suivra rapidement, dès le passage au soleil au sortir de la forêt. Ensuite le sentier grimpe dans l’alpage, dominant au passage la station de l’Alpe du Grand Serre. Je laisse de côté, le sentier qui mène au lac de Brouffier, pour suivre celui qui fait un long tour en arc de cercle et se dirige vers la parois sombre de la montagne. Je laisse passer un coureur de trail en m’asseyant un peu en dehors du sentier, puis le suit à une allure bien plus cool. Le sentier quitte l’alpage pour se glisser entre les rochers jusqu’au Pas de la Mine. De là, il grimpe jusqu’à la croix du Sergent Pinelli, accrochée au dessus de la falaise. La partie suivante, le long de la crête de Brouffier, est la plus aérienne, mais heureusement le rocher a été séché par le vent. Je rejoint le Petit Taillefer reconnaissable à sa roche rouge. En descendant vers le col du Grand Van, je suis surpris par le courant d’air frais qui souffle à cet endroit là. Le sentier monte en lacets dans la roche noire. L’environnement est totalement minéral. Encore quelques longueurs sur l’arête et voici le sommet tout plat et caillouteux. Et je suis tout seul avec Saint Eloi!
J’en profite pour trouver une geocache, manger un morceau et admirer le paysage. Les conditions de luminosité sont favorable et j’ai un 360° sur les Alpes avec le Mont Blanc, les Rousses, le plateau d’Emparis, les Aiguilles d’Arves, la Meije, les sommets des Ecrins et du Valgaudemar, le plateau de Bure dans le Dévoluy, l’Obiou et le Ferrand, au fond dans le lointain, le Mont Ventoux, le Vercors et derrière la montagne ardéchoise, la Chartreuse, le massif de Belledonne avec Chamrousse juste en face.
Pour revenir, je choisi de suivre la combe au pied de la crête de Brouffier. Le sentier disparaît finalement dans la rocaille. Je ne sais pas exactement si j’ai choisi le bon parcours, mais je finis par arriver au dessus du lac de l’Emay. La descente est assez raide entre pierriers et barres rocheuses, mais ça passe!
Je rejoins le pas de la Mine de Fer, puis trouve un chemin qui descend directement sur le lac de Brouffier. Les pêcheurs sont partis, j’ai les rives du lac pour moi. Par moment de légers banc de nuages montent jusqu’à là et se dissipent. Finalement je me décide quand même à rentrer.
J’arrive à la route, la voiture est à proximité, mais les pêcheurs sont là dans leur véhicule et je dois me résoudre à enfiler mon short pour cette dizaine de derniers mètres. Cela a quand même été 7 heures de nudité!


For a long time I’ve dreamed of a naked hike to the Taillefer’s. I’d heard it described as a difficult, borderline dangerous hike. Then alone and naked! Then, two or three years ago, two outings, fully dressed, with friends and during the weekend, had reassured me, but convinced me that I should avoid the busy days.
This Monday, the weather is rather good, even if it rained heavily during the night. The sky is cluttered with clouds, but I’m hoping to get over it. When I get to the start of the ride, there’s a car on the side of the road. A couple, warmly dressed, is getting ready to leave, equipped with fishing gear. They go to Brouffier Lake.
I start behind them, wearing just shorts and a tee shirt. I try to catch up with them and miss exploding in the straight and steep path of the combe de l’Oursière. In fact, they will have taken a different, gentler path. The coomb is still in shadow, with some remnants of mist. After a quarter of an hour, I leave the shorts, the tee shirt will quickly follow, as soon as the sun comes out of the forest. Then the path climbs in the mountain pasture, dominating the Alpe du Grand Serre station. I leave aside the path leading to the Brouffier lake, to follow the one that makes a long arched turn and goes towards the dark wall of the mountain. I let a trail runner pass by, sitting a little off the trail, then follow him at a much cooler pace. The path goes from the alpine pasture to slip between the rocks to the Pas de la Mine. From there, it climbs up to the Sergeant Pinelli’s cross, hanging above the cliff. The next part, along the Brouffier ridge, is the most aerial, but fortunately the rock has been dried by the wind. I join Petit Taillefer, recognizable by his red rock. Going down towards the Grand Van pass, I am surprised by the fresh air stream blowing there. The path winds its way up through the black rock. The environment is totally mineral. A few more pitches on the ridge and here is the summit, all flat and stony. And I’m all alone with Saint Eloi!
I take the opportunity to find a geocache, have a bite to eat and admire the landscape. The light conditions are favorable and I have a 360° on the Alps with the Mont Blanc, the Rousses, the Emparis plateau, the Aiguilles d’Arves, the Meije, the summits of the Ecrins and Valgaudemar, the Bure plateau in the Dévoluy, the Obiou and Ferrand, in the distance, the Mont Ventoux, the Vercors and behind the Ardèche mountain, the Chartreuse, the Belledonne massif with Chamrousse just in front.
To come back, I choose to follow the valley at the foot of the Brouffier ridge. The path finally disappears in the rock. I don’t know exactly if I chose the right route, but I end up arriving above the Emay lake. The descent is quite steep between scree and rocky bars, but it’s ok!
I reach the pas de la Mine de Fer, then find a path that goes directly down to the Lac de Brouffier. The fishermen are gone, I have the shores of the lake for me. At times, light cloudbanks of clouds rise up to there and dissipate. Finally I decide to go back anyway.
I get to the road, the car is nearby, but the fishermen are there in their vehicle and I have to resolve to put on my shorts for the last ten meters. It has been 7 hours of nudity!

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