Le fort du Saint Eynard domine de mille mètres l’agglomération grenobloise. Il est visible comme un repère depuis toute la ville, accroché au dessus d’une ligne de falaises verticales. C’est l’un des plus beaux belvédères sur la région, d’autant plus qu’il est facilement accessible en voiture lorsque la route qui y mène n’est pas enneigée. A pieds, c’est aussi une balade très prisée en partant du col de Vence. Le chemin serpente dans la forêt jusqu’aux fortifications. En une heure, une heure et demie, on atteint le sommet, pour retrouver là tous les promeneurs montés en voiture. Parfois, c’est un peu exaspérant. Pour être tranquille, mieux vaut y aller l’hiver, on n’est sûr de n’y croiser alors que des gens montés eux aussi à pieds. Vraiment rares sont les moments où l’on peut s’y retrouver seul.
Cela m’est arrivé un jour de février 2006. Dans la vallée, il faisait un temps hivernal de nuages gris et bas. Au dessus du col de Vence, la forêt était toute givrée dans une atmosphère brouillardeuse. Puis à force de monter, je suis passé au dessus de la couche nuageuse, et là, un grand soleil et un ciel bleu. Au niveau du fort, pas la moindre présence. Au soleil, il faisait bon, je me suis déshabillé. Je me suis promené sur le GR qui longe les falaises, puis retour vers les fortifications que j’ai pu traversé nu et j’ai même pu entamer la descente jusqu’au moment de retrouver le brouillard. Là, j’ai vite dû me rhabiller.
A une époque, j’avais découvert à l’écart du chemin qui longe la crête de falaises, un petit balcon accroché au dessus du vide. Juste un petit espace dégagé, isolé par une barrière d’arbre. J’y suis monté souvent, trouvant là un endroit idéal pour profiter du soleil en toute tranquillité, invisible, même si j’entendais parfois les conversations des passants sur le chemin à quelques mètres seulement.
Récemment une recherche de geocaches m’a fait découvrir une autre façon de monter au Saint Eynard. Par l’autre versant. En empruntant un tout petit sentier qui grimpe raide dans la forêt en suivant la crête du Rochet du
Bret.
Le chemin du pas Guiget permettait par un passage équipé de câbles de franchir la falaise au-delà du Saint Eynard. Les câbles ont été démontés et le sentier est dorénavant interdit. Mais en suivant tout de même ce sentier et sans aller jusqu’au pas, on arrive aux restes de l’ermitage de Fayssia. De cet ermitage très ancien ne subsistent qu’un pan de mur et les vestiges des cellules encastrées sous la roche de la falaise.
Un dimanche après midi d’automne. Le chemin du fort est fréquenté, mais celui de l’ermitage reste désert. Je profite du soleil sur cette terrasse devant l’ermitage. Il n’y a pas à dire, ces ermites savaient trouver des lieux idéaux. La falaise a emmagasiné la chaleur, l’herbe est tendre, la plateforme est orientée au sud et domine la vallée. Quelle tranquillité. Et puis, je reviens nu pratiquement jusqu’à l’intersection du chemin du fort.
The Saint Eynard fort dominates the Grenoble conurbation by a thousand metres. It is visible as a landmark from all over the city, hanging over a line of vertical cliffs. It is one of the most beautiful viewpoints in the region, especially as it is easily accessible by car when the road leading to it is not snowed in. On foot, it is also a very popular walk from the Col de Vence. The path winds through the forest to the fortifications. In an hour, an hour and a half, one reaches the summit, to find there all the walkers mounted by car. Sometimes it is a bit exasperating. To be quiet, it’s better to go there in winter, you are sure to meet only people who have also gone up on foot. Really rare are the moments when one can meet there alone.
It happened to me one day in February 2006. In the valley, it was winter weather with low, grey clouds. Above the Col de Vence, the forest was all frosty in a foggy atmosphere. Then, as I climbed up, I passed over the cloud layer, and there was a big sun and a blue sky. At the level of the fort, not a single presence. In the sunshine, it was nice and warm, so I took off my clothes. I walked on the GR that runs along the cliffs, then back to the fortifications that I could cross naked and I could even start the descent until I found the fog again. There, I quickly had to get dressed.
At one time, I had discovered, off the path along the cliff ridge, a small balcony hanging over the void. Just a small open space, isolated by a tree fence. I went up there often, finding an ideal place to enjoy the sun in complete tranquility, invisible, even if I could sometimes hear the conversations of passers-by on the path just a few meters away.
Recently a search for geocaches made me discover another way to go up to Saint Eynard. By the other side. By taking a very small path that climbs steeply in the forest following the crest of the Rochet du Bret.
The path of Pas Guiget allowed by a passage equipped with cables to cross the cliff beyond the Saint Eynard. The cables have been dismantled and the path is now forbidden. But by following this path and without going to the step, one arrives at the remains of the hermitage of Fayssia. Of this very old hermitage only a section of wall and the remains of the cells embedded under the rock of the cliff remain.
A Sunday afternoon in autumn. The trail to the fort is busy, but that of the hermitage remains deserted. I enjoy the sun on this terrace in front of the hermitage. There is no need to say, these hermits knew how to find ideal places. The cliff has stored the heat, the grass is soft, the platform is south facing and dominates the valley. What tranquility. And then, I come back naked practically to the intersection of the fort path.