Petite Vaudaine

La vallée de la Romanche entre Vizille et Boug d’Oisans n’est pas à première vue l’endroit idéal pour aller se balader. Vallée étroite, embrumée de fumées d’usine, encombrée de lignes électriques, de conduites d’eau, de bâtiments industriels en activités ou en friches. Son unique intérêt est d’être la voie de passage incontournable vers les stations de l’Oisans. Pourtant, en regardant la carte, on s’aperçoit que quelques chemin y sont tracés.
Départ du monument aux morts, au bord de la route. Ce jour là, une cérémonie va y avoir lieu. Déjà quelques portes drapeaux montent la garde. Je me gare sur le parking derrière et m’éloigne en short et tee shirt. Une large piste contourne une grosse carrière puis s’élève en virages, le long du torrent. Elle s’arrête brusquement, mais un tout petit sentier prend la suite. Il s’enfonce dans la forêt et grimpe en zigzags. De temps en temps, dans un virage, on domine le torrent qui a creusé la roche.
A mi hauteur, le chemin passe devant une belle cascade. Douche rafraîchissante. Puis il continue toujours en sous bois. Il sort dans les hautes herbes juste en dessous de la cabane du Petit Vaudaine. Voyant de la fumée, j’enfile un short. La cabane est gérée par une association de chasse. Quatre personnes sont là se préparant un repas. Je m’éloigne quelque peu, passe une barrière d’arbre et retrouve ma tenue de balade.
Je voudrais aller au col de la Petite Vaudaine. Je longe un névé, puis contourne un éperon rocheux. Je monte droit dans la pente au milieu d’un tapis de rhododendrons en fleurs. Par moments, je retrouve des traces de sentiers, puis les perds dans des éboulis. La pente est raide. Je grimpe en visant ce qu’il me semble être le col, mais finalement je bute sur une barrière de barres rocheuses. J’aperçois sur une butte en dessous de moi ce qui pourrait être le chemin. Les chemins, ici, ont l’air d’avoir été abandonnés et en partie effacés par les éboulements et la végétation.
Je préfère redescendre. Mais auparavant, je profite longuement de la vue sur le Grand Galbert et le massif du Taillefer. Je remet mon short pour passer à proximité des chasseurs. Dans la descente, à la cascade, je m’asperge d’eau pour enlever la transpiration. Juste après, au moment de passer une ravine, j’entends une voix qui m’indique le bon passage. C’est l’un des chasseurs qui est parti en premier et qui attend là ses camarades. Je m’excuse pour ma tenue, qui ne semble pas gêner. On échange quelques mots et je repars.
La descente est pénible avec beaucoup de pierres instables. Finalement, je ne remet short et tee shirt qu’en arrivant à proximité de la route.


The Romanche valley between Vizille and Boug d’Oisans is not at first sight the ideal place to go for a walk. Narrow valley, misty with factory fumes, cluttered with power lines, water pipes, industrial buildings in activity or on wasteland. Its only interest is that it is the main route to the resorts of the Oisans. However, if you look at the map, you can see that some paths are marked out there.
Departure from the war memorial, on the side of the road. On this day, a ceremony will take place there. Already a few flag bearers are standing guard. I park in the parking lot behind and walk away in shorts and a t-shirt. A wide track goes around a big quarry and then rises in curves along the torrent. It stops abruptly, but a very small path takes over. It runs deep into the forest and climbs in zigzags. From time to time, in a bend, one dominates the torrent that has carved out the rock.
Halfway up, the path passes in front of a beautiful waterfall. Refreshing shower. Then it always continues in the undergrowth. It goes out into the high grass just below the Petit Vaudaine hut. Seeing smoke, I put on shorts. The hut is run by a hunting association. Four people are there preparing a meal. I move a little further away, pass a tree line and find my walking outfit.
I would like to go to the pass of Petite Vaudaine. I walk along a neve, then around a rocky spur. I climb straight up the slope in the middle of a carpet of rhododendrons in bloom. At times, I find traces of paths, then lose them in the scree. The slope is steep. I climb aiming at what seems to be the pass, but finally I come up against a barrier of rocky bars. I see on a mound below me what could be the path. The paths here seem to have been abandoned and partly erased by the landslide and the vegetation.
I prefer to go back down. But first, I enjoy the view of the Grand Galbert and the Taillefer massif for a long time. I put my shorts back on to pass close to the hunters. In the descent, at the waterfall, I sprinkle myself with water to remove perspiration. Just afterwards, as I cross a gully, I hear a voice telling me the right way. It is one of the hunters who left first and is waiting there for his comrades. I apologize for my outfit, which doesn’t seem to bother him. We exchange a few words and I leave.
The descent is difficult with a lot of unstable rocks. Finally, I put on shorts and tee shirt only when I get close to the road.

Tabor

Début juillet. Vendredi, 10 heures du matin. Je gare la voiture au départ du chemin près du col de Malissol. 150 mètres pour m’éloigner de la route et je me déshabille. Je resterai nu jusqu’au retour à ce même endroit, près de six heures plus tard.
On est début juillet, donc déjà en période de vacances scolaires. Je craignais qu’il y ait du monde en randonnée. En fait je ne verrai personne de la journée. La montagne pour moi tout seul.
C’est un itinéraire de crête. Une ligne directe qui suit la limite des versants orientés vers le plateau de La Mure et des lacs de Laffrey à gauche en montant et vers la vallée de Lavaldens et les montagnes du Valbonnais sur la droite. Un parcours de 1200 mètres de dénivelé qui débute par un étroit sentier dans la forêt pour rejoindre un alpage d’herbe haute puis s’élève par deux bons raidillons jusqu’à la crête rocheuse qui s’étend du Piquet de Nantes au point culminant du Tabor à 2389 m d’altitude.
L’alpage est parsemé de couleurs et il reste même quelques touffes de rhododendrons en fleurs en haut. Le sommet, bien accroché par les nuages le matin, se dégage à mesure que le temps passe. Finalement j’arrive sur un sommet ensoleillé alors qu’au loin la barrière du Vercors ou l’Obiou restent enveloppés de nuages. J’ai décidément toutes les chances.
Le Tabor est aussi accessible depuis la station presque abandonnée de Saint Honoré 1500.


Early July. Friday, 10 a.m. I park the car at the start of the trail near the Malissol Pass. 150 meters to get away from the road and I undress. I’ll stay naked until I return to the same place almost six hours later.
It’s the beginning of July, so it’s already the school holiday period. I was afraid that there would be people hiking. In fact, I won’t see anyone all day. The mountain all to myself.
It’s a ridge route. A direct line that follows the limit of the slopes facing the plateau of La Mure and the lakes of Laffrey on the left while going up and towards the valley of Lavaldens and the mountains of Valbonnais on the right. A 1200-metre gradient which starts with a narrow path in the forest to reach a high grass mountain pasture and then rises by two good raidillons to the rocky ridge which stretches from the Piquet de Nantes to the highest point of Tabor at 2389 m altitude.
The mountain pasture is dotted with colours and there are even a few tufts of rhododendrons in bloom at the top. The summit, which is well hung by the clouds in the morning, clears up as time goes by. Finally I arrive on a sunny summit while in the distance the barrier of the Vercors or the Obiou remain shrouded in clouds. I definitely have every chance.
Tabor is also accessible from the almost abandoned resort of Saint Honoré 1500.

Orisan

Double découverte ce mercredi de mars : une première randonnue en groupe, inhabituelle pour moi qui aime courir la montagne en solitaire, dans un coin que je ne connaissais pas encore : les Bauges en Savoie.
Vers 9 heures du matin, nous nous retrouvons sur un parking désert au bout d’une petite route au fond d’un vallon étroit. Plus loin, la route n’est plus accessible qu’aux véhicules des forestiers. Nous sommes neuf, huit hommes et une femme, venant de Lyon, du pays de Gex près de Genève, d’Annecy et de Grenoble.
Il fait encore plutôt frais à l’ombre et près du torrent, nous démarrons habillé sur la route forestière. Vingt minutes plus tard, nous atteignons la zone ensoleillée, c’est bien plus agréable et nous pouvons nous déshabiller. Nous resterons nus les sept heures suivantes jusqu’au retour au parking. La route se transforme en piste, puis en chemin pour atteindre les chalets d’alpage du Haut du Four. Arrêt pour admirer le paysage. La pointe de Chorionde nous fait face, bien tentante, mais nous partons de l’autre coté en direction du mont d’Orisan.
Le cheminement se fait entre touffes herbeuses et plaques de neiges, entre zones de sapins et croupes dégagée. Nous dominons Albertville et la vallée de l’Isère. On pourrait continuer vers le Grand Roc, mais l’heure avance et on préfère se trouver un coin abrité du vent pour le casse croûte. On quitte donc la crête pour s’installer légèrement en contrebas sur des rochers réchauffés par le soleil. Des sacs sortent les victuailles et aussi quelques bouteilles. C’est donc aussi à une randonnue œnologique que nous participons.
Quelques cumulus s’installent aussi, dont profitent un planeur et un parapente. Le parapentiste vient nous survoler à basse altitude, voir qui sont ces curieux randonneurs.
Retour par un chemin qui se perd plus ou moins dans un pierrier, pour rejoindre un col et nos chalets de tout à l’heure. Pour redescendre nous empruntons un étroit sentier qui zigzague dans la forêt, traverse au fond des combes quelques ruisseaux ou cascades. Les plus téméraires n’hésitent pas à se jeter à l’eau (de fonte des neiges!).
Sur le parking désert, nous partageons une dernière bouteille, le verre de l’amitié, avant de se résoudre malgré tout à se rhabiller pour repartir. Une bien sympathique journée qui m’a permis notamment de rencontrer des gens que je ne connaissais que par messagerie interposée sur des forums. Et puis, quel avantage d’avoir quelqu’un du coin pour préparer et guider la balade. Je suis sûr que tout seul avec ma carte, je n’aurai sans doute pas fait un aussi bon choix d’itinéraire. Merci donc à tous !


Double discovery this Wednesday of March: a first group naked hike, unusual for me who likes to run the mountain alone, in a place I didn’t know yet: les Bauges in Savoie.
Around 9am, we find ourselves on a deserted car park at the end of a small road at the bottom of a narrow valley. Further on, the road is only accessible to foresters’ vehicles. We are nine, eight men and one woman, coming from Lyon, the Pays de Gex near Geneva, Annecy and Grenoble.
It is still rather cool in the shade and close to the torrent, we start dressed on the forest road. Twenty minutes later, we reach the sunny area, it’s much more pleasant and we can undress. We will stay naked for the next seven hours until we return to the car park. The road turns into a track and then into a path to reach the alpine chalets of the Haut du Four. Stop to admire the landscape. The Pointe de Chorionde faces us, very tempting, but we head on the other side towards the Mont d’Orisan.
The path is between grassy tufts and snowy patches, between areas of fir trees and open crests. We dominate Albertville and the Isère valley. We could continue towards the Grand Roc, but the time is running out and we prefer to find a place sheltered from the wind for a snack. So we leave the ridge to settle down slightly below on rocks warmed by the sun. Bags take out the victuals and also some bottles. It is thus also with an oenological naked hike that we take part in.
A few cumulus clouds also settle down, which a glider and a paraglider take advantage of. The paraglider comes to fly over us at low altitude, to see who these curious hikers are.
Return by a path which is more or less lost in a scree, to join a pass and our chalets of earlier. To go back down we take a narrow path that zigzags in the forest, crosses at the bottom of the combes a few streams or waterfalls. The most daring don’t hesitate to throw themselves into the water (of melting snow!).
On the deserted parking lot, we share a last bottle, the glass of friendship, before getting dressed to depart. A very nice day that allowed me to meet people I only knew by messaging on forums. And then, what an advantage to have someone from the local area to prepare and guide the ride. I’m sure that alone with my map, I probably wouldn’t have made such a good choice of itinerary. So thank you all!

Le désert de Chartreuse

J’ai parcouru un dimanche la zone de silence du désert de Chartreuse, cette région boisée qui entoure le monastère de la Grande Chartreuse. Pour éviter les abords du monastère et de la Correrie toujours très fréquentés, et les itinéraires classiques vers Bovinant et le Grand Som, je suis parti de la route qui relie Saint Pierre à Saint Laurent du Pont. Cela fait partir de plus bas, mais tranquillité absolue même un dimanche. J’ai pu profiter de quatre heures quarante de nudité sur les plus de six heures de la balade.
Toute la montée par des petits sentiers en sous bois, puis par d’anciennes pistes forestières plus ou moins défoncées par le débardage, jusqu’au belvédère d’Arpison, où, là, j’ai retrouvé quelques randonneurs, puis pour finir la redescente jusqu’à la route depuis le habert de Chartroussette.
Promenade aérienne: des Rochers de la Corde, on survole la vallée du Guiers et le pont Saint Bruno quelques centaines de mètres plus bas, du Rocher du Solitaire, on domine la ville de Saint Laurent à l’extrémité du massif, puis on est à son tour enveloppé par les falaises des Rochers de Montheur. Promenade bucolique entre les troncs moussus enchevêtrés des sapins dans la forêt et les prairies d’un vert vif recouvertes d’un tapis de jonquilles jaunes.


One Sunday I walked through the zone of silence of the Chartreuse Desert, the wooded area surrounding the Grande Chartreuse Monastery. In order to avoid the always busy surroundings of the monastery and the Correrie, and the classical routes to Bovinant and the Grand Som, I started from the road that connects Saint Pierre to Saint Laurent du Pont. This makes you start from lower down, but absolute tranquillity even on a Sunday. I was able to enjoy four hours and forty minutes of nudity on the more than six hours of the walk.
All the way up by small paths in the undergrowth, then by old forest tracks more or less broken down by logging, up to the Arpison belvedere, where, there, I met some hikers, then to finish the descent back down to the road from the habert de Chartroussette.
Aerial walk: from the Rochers de la Corde, you fly over the Guiers valley and the Saint Bruno bridge a few hundred meters below, from the Rocher du Solitaire, you overlook the town of Saint Laurent at the end of the massif, then you are in turn enveloped by the cliffs of the Rochers de Montheur. A bucolic walk between the tangled mossy trunks of the fir trees in the forest and the bright green meadows covered with a carpet of yellow daffodils.

Grand Colon

En ce jour de semaine de juin, il y a déjà plusieurs voitures sur le parking au dessus de la Ferrière lorsque j’y arrive. Je n’espère donc guère pouvoir faire une randonnue…au moins une randonnée !
Après quelques dizaines de minutes de marche sur la piste forestière sans rencontrer âme qui vive, j’arrive au départ du sentier. Allez, je tente quand même le coup. Je me déshabille et attaque la montée. Sous bois, prairie d’alpage, pente de pierres et de rochers. Petit à petit, le temps passe et je prends de l’altitude. J’aperçois deux silhouettes qui me précèdent sur le sentier, mais bien loin. Finalement, ce n’est qu’en arrivant au sommet du Grand Colon que je trouve du monde. J’ai eu le temps d’enfiler un short dans la dernière longueur. Un parapentiste décolle sous mon nez, un couple de randonneurs entreprend la descente vers le lac Merlat, un autre groupe repart par le chemin que je viens d’emprunter, et la dernière personne recharge son sac à dos au bout de quelques minutes et s’éloigne.
Je suis de nouveau seul et nu. A mon tour, je m’engage sur le chemin du lac. Un chemin raide de pierres instables qui roulent dans la pente, qui disparaît parfois sous les névés ; mais je n’ai qu’à suivre les traces de mes prédécesseurs. Le lac est encastré entre rochers et pentes de neige. Les sommets alentours se mirent dans une eau sombre. Je profite de cette eau froide pour me rafraîchir le visage. Je contourne le lac et continue vers la Pra. En arrivant en vue du refuge, je renfile mon short, le temps de jeter un coup d’œil sur le nouveau bâtiment qui vient d’y être construit, puis de le contourner. Du col de la Pra, j’ai le lac du Crozet sous les pieds. Le chemin serpente dans les cailloux à flanc de pierriers. J’arrive à proximité du lac sans encombre pour une halte dans l’herbe rase. Le lac est d’un bleu profond, dans lequel se reflètent les nuages. La digue tire un trait géométrique entre l’eau et le ciel. A l’extrémité du lac, des blocs de glace se disloquent comme une banquise au dégel. L’eau ne doit pas être chaude. Pas de baignade aujourd’hui ! Mais c’est un vrai plaisir de contempler ces lacs de montagne.
En début d’après midi, les alentours du lac se peuplent de quelques groupes de randonneurs. C’est la fin de la randonnue. Le long du chemin qui descend au parking, je croiserai une vingtaine de personnes. J’ai eu une chance inespérée de pouvoir profiter de quatre heures de nudité sur les six heures trente de la balade dans ces coins si fréquentés.


On this weekday in June, there are already several cars on the parking lot above La Ferrière when I get there. So I hardly hope to be able to go for a naked hike…at least a hike!
After a few tens of minutes of walking on the forest track without meeting a living soul, I arrive at the start of the trail. Come on, I’ll give it a try anyway. I undress and attack the climb. Under woods, alpine meadow, slope of stones and rocks. Gradually, time passes and I gain altitude. I see two silhouettes that are ahead of me on the path, but far away. Finally, it is only when I reach the summit of the Grand Colon that I find people. I had time to put on my shorts in the last section. A paraglider takes off right under my nose, a couple of hikers begin the descent towards Lake Merlat, another group leaves by the path I’ve just taken, and the last person reloads his backpack after a few minutes and walks away.
I am alone and naked again. It is my turn to take the path to the lake. A steep path of unstable stones rolling down the slope, which sometimes disappears under the snow; but I just have to follow in the footsteps of my predecessors. The lake is embedded between rocks and snow slopes. The surrounding peaks are set in dark water. I take advantage of this cold water to refresh my face. I walk around the lake and continue towards the Pra. Arriving in sight of the refuge, I put on my shorts, the time to have a look at the new building which has just been built there, then to go around it. From the Col de la Pra, I have the Lac du Crozet under my feet. The path meanders through the pebbles on the side of the scree slopes. I arrive near the lake safely for a stop in the short grass. The lake is deep blue, in which the clouds are reflected. The dike draws a geometric line between the water and the sky. At the end of the lake, blocks of ice break up like an ice pack when it thaws. The water must not be warm. No swimming today! But it’s a real pleasure to contemplate these mountain lakes.
In the early afternoon, the area around the lake becomes populated by a few groups of hikers. This is the end of the naked hike. Along the path that goes down to the car park, I will meet about twenty people. I had an unhoped-for chance to enjoy four hours of nudity during the six and a half hours of the walk in these busy areas
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