Valgaudemar

Pour bien finir l’été et commencer l’automne, Bruno de Chartreuse a organisé une semaine de randonnue dans la vallée du Valgaudemar. Finalement, suite à quelques défections pour causes de soucis de santé ou problèmes familiaux, nous nous retrouvons à cinq dans un gîte pouvant accueillir une vingtaine de personnes. L’endroit est un peu frais, quelques flambées de cheminée réchaufferont les lieux, mais la qualité et la quantité des repas du soir sont largement appréciés après les heures de marche.

Première journée. Nous partons à quatre du refuge-hôtel du Gioberney, au bout de la vallée, au bout de la route. Le sentier monte tout de suite en lacets au dessus du bâtiment et du parking, mais qu’importe, très vite nous nous retrouvons nus. Le soleil est au rendez vous. Nous atteignons un petit plateau bosselé d’herbes hautes. Au fond se cache le lac du Lauzon. Sa surface sombre reflète le gris des rochers. Philippe se jette à l’eau, pourtant bien fraîche ! Deux randonneurs passent à proximité et vont s’installer à l’autre bout du lac. On continue. Notre objectif, le refuge du Pigeonnier, est bien en vue au dessus de nous, mais il nous faut d’abord descendre pour traverser un torrent avant d’attaquer la longue montée. De nombreuses cascades dégringolent tout autour du cirque. Enfin, le refuge. Nous nous installons à une table extérieure pour manger, juste vêtus de coupe-vent ou polaires. Après le repas, on décide de redescendre par l’autre versant. Un couple de randonneurs (« Aucun problème avec votre tenue ») nous indique le chemin, mais à ce moment là, Bruno fait un mauvais pas, et c’est l’entorse. Clopin-clopant il arrivera à descendre doucement en trois heures jusqu’à la voiture.

Deuxième jour. Nous ne sommes plus que trois. Retour au Gioberney. Brouillard, humidité. Quelques hésitations pour trouver le chemin qui se trouve de l’autre coté du torrent, qu’il faut traverser d’un bond, le pont ayant été emporté quelques semaines auparavant. En montée, on a vite chaud et on se déshabille malgré la fraîcheur. A un peu plus de 2000 m, on trouve la neige, tombée durant la nuit. Une fine couche qui recouvre l’herbe et les buissons de rhododendrons. Dans les déchirures des nuages, les sommets environnants apparaissent étincelants. Quel privilège d’être là ! C’est aussi l’avis d’un berger qui nous suivait, passe devant nous et s’éloigne rapidement. Montées et descentes se succèdent, soleil et ombre aussi. Des chamois sautent dans les rochers, des marmottes courent dans l’herbe. Arrêt casse-croûte au refuge de Chabournéou, fermé et désert avant de prendre le chemin du ministre qui nous ramène au Gioberney.

Troisième jour. Nous laissons le véhicule au parking des Portes, au dessus de la Chapelle en Valgaudemar. Nous y retrouvons le couple croisé au refuge du Pigeonnier qui s’enquiert des nouvelles de Bruno. Ils montent aussi aux lacs de Petarel, l’une des merveille du Valgaudemar, mais par un autre itinéraire. Nous avons choisis, nous, de passer par un chemin plus raide mais plus isolé, qui nous fait d’abord grimper (1200m de dénivelé d’un coup) au col de Beranne, puis rejoindre le col de Petarel, passer à proximité des lacs de Sebeyras pour enfin arriver aux lacs de Petarel. Au dessus du col de Petarel, un garde du parc des Ecrins est en observation sur une petite pointe. On a été averti de sa présence par un randonneur croisé un peu auparavant. Il nous a forcément vu arriver de loin, donc nous ne nous rhabillons pas. A un moment, nous l’entendons parler à la radio, nous entendons distinctement les mots : « des naturistes ». Il doit s’enquérir auprès de sa hiérarchie de l’attitude à adopter et s’il doit intervenir. Mais comme finalement il reste là où il est, on en conclu que la randonnue est acceptée dans le Parc ! Plus tard, allongés dans l’herbe près du lac, on le verra passer à proximité sans qu’il fasse un signe. Les sommets alentours se mirent dans les eaux du lac, puis s’effacent dès qu’une risée brouillent la surface du miroir. On tentent une rapide trempette. L’eau doit être à une douzaine de degré seulement. On retrouve le couple de ce matin, un groupe de quatre randonneurs est installé un peu plus loin sur la rive, on les doublera dans la descente, deux ou trois autres passent sur le chemin. La journée est radieuse, les paysage magnifiques. Quel bonheur !

Quatrième jour. Nous partons de Rif du Sap, petit hameau sur la route du Gioberney. Au bout d’une longue montée, nous arrivons dans les alpages. Nous remettons un short pour passer à proximité d’une bergerie puis pour croiser un groupe avec un chien. Nous débouchons à la cabane de Lavine et obliquons pour retrouver la direction du Chapeau. Il nous faut traverser une succession de ravines de schistes noirs et de buttes herbeuses avant d’attaquer la montée finale dans une large prairie d’altitude. Le sommet du Chapeau, une grosses bosse herbeuse n’a rien d’exceptionnel, il permet néanmoins une vue à 180° sur le massif, sur nos itinéraires des jours précédents. Descente le long d’une arête, puis en face de la belle cascade de la Buffe et enfin en forêt jusqu’au parking de la Fouronnière où l’on a laissé un second véhicule.

Cinquième jour : Bruno et Philippe sont repartis avec Patricia, nous ne sommes donc plus que deux. Heureusement, Franck, de Gap, nous rejoint pour cette balade que l’on veut plus tranquille. Du parking de la maison forestière des Vachers, on rejoint le col des Vachers, puis cette longue crête que l’on voyait depuis le gîte de l’autre coté de la vallée. En face de nous, le sanctuaire de la Salette. En fait on se trouve à l’extrémité de cette succession de petits sommets arrondis qui vont du Valbonnais et du Beaumont à cette entrée du Valgaudemar. Sur le coté, on domine la vallée du Drac et la route Napoléon.
Deux chiens patous viennent nous observer, mais par chance, sans agressivité. Le troupeau n’est pas loin. Assis dans l’herbe, après le casse-croûte, Franck nous offre le genépi, la liqueur alpine. Puis nous finissons la descente et retournons d’abord par une piste, puis par un petit sentier qui grimpe raide jusqu’au parking.

Au final cinq jours de randonnues, de bonnes distances parcourues, de gros dénivelés grimpés, avec une météo pratiquement parfaite. Cinq sorties où la nudité a été presque totale ; les rencontres, une quinzaine, se sont passées sans problèmes, entre indifférence ou simple salut, sourires et courtes discussions, et même quelques remarques d’admiration « c’est super » ou teintées d’envie.


To end the summer well and start the autumn, Bruno de Chartreuse organized a week of hiking in the Valgaudemar valley. Finally, after a few defections due to health concerns or family problems, the five of us find ourselves in a gîte that can accommodate about twenty people. The place is a bit cool, a few blazes from the fireplace will warm the place up, but the quality and quantity of the evening meals are widely appreciated after the hours of walking.
First day. The four of us leave from the Gioberney refuge-hotel, at the end of the valley, at the end of the road. The path immediately winds its way up over the building and the parking lot, but no matter, very quickly we find ourselves naked. The sun is there. We reach a small bumpy plateau of tall grass. At the far end is the lake of Lauzon. Its dark surface reflects the grey of the rocks. Philippe throws himself into the water, although it’s quite cool! Two hikers pass nearby and go to settle at the other end of the lake. We go on. Our objective, the Pigeonnier hut, is well in view above us, but we first have to go down to cross a torrent before attacking the long ascent. Numerous waterfalls tumble down all around the circus. Finally, the refuge. We settle down at an outside table to eat, just dressed in windbreakers or fleeces. After the meal, we decide to go down the other side. A couple of hikers (« No problem with your outfit ») show us the way, but at that moment, Bruno takes a wrong step, and it’s a sprain. Clopin-clopant he will manage to go down slowly in three hours to the car.
Second day. There are only three of us left. Back to the Gioberney. Fog, humidity. Some hesitation to find the path on the other side of the torrent, which we have to cross in a hurry, the bridge having been washed away a few weeks before. On the way up, we quickly get hot and we get undressed despite the coolness. At a little more than 2000 m, we find snow, fallen during the night. A thin layer covering the grass and rhododendron bushes. In the tears of the clouds, the surrounding peaks appear sparkling. What a privilege to be there! This is also the opinion of a shepherd who was following us, passes in front of us and moves away quickly. Ascents and descents follow one another, sun and shade too. Chamois jumping on the rocks, marmots running in the grass. Stop for a snack at the Chabournéou refuge, closed and deserted before taking the minister’s path which takes us back to the Gioberney.

Day three. We leave the vehicle at the car park of Les Portes, above the Chapelle en Valgaudemar. There we meet the couple we met at the Pigeonnier hut who ask about Bruno’s news. They also go up to the lakes of Petarel, one of the wonders of Valgaudemar, but by another route. We have chosen to take a steeper but more isolated route, which first takes us up (1200m of difference in altitude in one go) to the Beranne pass, then to the Petarel pass, passing near the Sebeyras lakes to finally reach the Petarel lakes. Above the Petarel pass, a guard of the Ecrins park is observing on a small summit. We were warned of his presence by a hiker we met a little earlier. He must have seen us coming from far away, so we don’t get dressed. At one moment, we hear him talking on the radio, we distinctly hear the words: « naturists ». He should inquire with his hierarchy of the attitude to adopt and if he should intervene. But as he finally stays where he is, we conclude that thenaked hiker is accepted in the Park! Later, lying in the grass near the lake, he will be seen to pass by without making a sign. The surrounding peaks are reflected in the waters of the lake, then fade away as soon as a mockery blurs the surface of the mirror. A quick dip is attempted. The water must be only a dozen degrees. We meet up with this morning’s couple again, a group of four hikers is set up a little further down the shoreline, we’ll pass them on the way down, two or three others pass on the way. The day is radiant, the scenery magnificent. What happiness!
Fourth day. We start from Rif du Sap, a small hamlet on the road to Gioberney. At the end of a long ascent, we arrive in the mountain pastures. We put on our shorts to pass near a sheepfold and then to cross a group with a dog. We end up at Lavine’s hut and turn to find the direction of Le Chapeau. We have to cross a succession of black shale gullies and grassy hills before attacking the final ascent in a wide meadow at altitude. The summit of Le Chapeau, a big grassy bump is not exceptional, but it allows a 180° view of the massif, on our previous days’ itineraries. Descent along a ridge, then in front of the beautiful waterfall of La Buffe and finally in the forest up to the car park of La Fouronnière where we left a second vehicle.

Day Five: Bruno and Philippe left with Patricia, so there are only two of us left. Fortunately, Franck, from Gap, joins us for this walk that we want to be quieter. From the car park of the Maison forestière des Vachers, we reach the Col des Vachers, then this long ridge that we could see from the gîte on the other side of the valley. In front of us, the sanctuary of La Salette. In fact we are at the end of this succession of small rounded summits which go from the Valbonnais and the Beaumont to this entrance of the Valgaudemar. On the side, we dominate the Drac valley and the Napoleon road.
Two patous dogs come to observe us, but luckily without aggressiveness. The herd is not far. Sitting in the grass, after the snack, Franck offers us the genépi, the alpine liqueur. Then we finish the descent and go back first on a track, then on a small path that climbs steeply up to the car park.
In the end five days of hiking, good distances covered, big climbs, with almost perfect weather. Five outings where the nudity was almost total; the encounters, about fifteen, went without problems, between indifference or simple greetings, smiles and short discussions, and even a few remarks of admiration « it’s great » or tinged with envy
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