Tussac

J’ai rendez vous avec Bernard à Châtillon en Diois pour une balade en raquettes sur le Vercors. Venant de Grenoble je traverse le Trièves dans le brouillard, la température est de – 11°C. Au col de la Croix Haute elle n’est plus que de -6°C et au col de Grimone de -2°C. Quelle inversion de température. Mais en redescendant, elle retombe à -5°C. Le village de Châtillon, encore dans l’ombre est glacé. Mais le ciel est dégagé au dessus et le soleil brille sur les montagnes. Tout n’est donc peut être pas perdu !

On rejoint le départ de la piste forestière de Tussac, peu après le hameau de Benevise. Il y a quelques voitures sur le parking, mais personne en vue. On chausse les raquettes immédiatement, pour l’instant encore vêtus. Deux virages et on a déjà trop chaud. Arrêt pour commencer à enlever des couches. Deux randonneurs arrivent. « Vous risquez de voir des naturistes » avertit Bernard. « Pas de problème » »Je ne me baigne jamais en maillot » rajoute le second. Ils s’éloignent et on finit le déshabillage. On les suit de loin. On les retrouvera en haut à l’arrivée sur le plateau, puis au sommet, où l’on discutera un moment en observant un vautour, puis encore dans la descente. Sans gêne de part et d’autre mais sans arriver à les convertir ! On croise aussi deux autres randonneurs qui descendent, puis un troisième. On en croisera encore un lorsque nous descendrons. Lui en nous voyant ainsi si bien quittera son tee shirt mouillé de sueur. La montée sur la piste est régulière. Le décor des sommets environnants se dévoile dans les trouées d’arbres. L’air est parfaitement limpide même dans le lointain. Les rochers de Combeau juste en face, le Mont Barral puis le Jocou, et au loin la ligne des sommets du Dévoluy. La neige est encore dure et craque sous les raquettes. Arrivé sur le plateau de Tussac, on se pose devant un des chalets d’alpage pour le casse croûte. Même pas besoin de se rhabiller. Il fait si bon au soleil. On continue jusqu’au sommet d’une petite butte qui domine le cirque d’Archiane et ses falaises. Quel spectacle. Les deux randonneurs nous ont rejoint là sur ce belvédère et l’on entame la descente ensemble avant de les distancer.

Quelle journée magnifique et quel plaisir de profiter ainsi de la nudité, de la neige et du soleil !De profiter aussi de cette tolérance et de ce respect mutuel.


I have an appointment with Bernard in Châtillon en Diois for a snowshoeing trip in the Vercors. Coming from Grenoble I cross the Trièves in the fog, the temperature is -11°C. At the Croix Haute pass it is only -6°C and at the Grimone pass -2°C. What a temperature inversion. But on the way down, it drops to -5°C. The village of Châtillon, still in the shadow, is freezing. But the sky is clear above and the sun shines on the mountains. All is thus perhaps not lost!

We join the departure of the forest track of Tussac, shortly after the hamlet of Benevise. There are some cars on the parking, but nobody in sight. We put on snowshoes immediately, for the moment still dressed. Two curves and we are already too hot. Stop to begin to remove layers. Two hikers arrive. « You may see some naturists » warns Bernard. « No problem » « I never bathe in swimsuit » adds the second. They move away and we finish the undressing. We follow them from far. We will find them at the top at the arrival on the plateau, then at the top, where we will discuss one moment by observing a vulture, then still in the descent. Without embarrassment on both sides but without managing to convert them! We also cross two other hikers who go down, then a third. We shall cross again one when we go down. He by seeing us so well will leave his tee shirt wet of sweat. The rise on the track is regular. The scenery of the surrounding summits reveals itself in the holes of trees. The air is perfectly clear even in the distance. The rocks of Combeau just in front, the Mont Barral then the Jocou, and in the distance the line of the Dévoluy summits. The snow is still hard and crackles under the snowshoes. Arrived on the plateau of Tussac, we settle in front of one of the chalets of mountain pasture for the snack. Even not need to get dressed. It is so good in the sun. We continue until the top of a small hillock which dominates the cirque of Archiane and its cliffs. What a spectacle. The two hikers joined us there on this belvedere and we begin the descent together before distancing them. What a magnificent day and what a pleasure to enjoy the nudity, the snow and the sun!

To enjoy also this tolerance and mutual respect.

Le passage des Autrichiens

A l’invitation de Bruno, on se retrouve à Saint Christophe la Grotte où on laisse une voiture. Ce sera notre point d’arrivée. On rejoint les Échelles pour le départ de la balade. Je ne connais guère ce coin de Chartreuse, ce versant de basses montagnes au dessus de plaines, à la limite des départements de l’Isère et de la Savoie, autrefois à la limite de la France et du duché de Savoie. C’est que la balade que l’on va faire va se dérouler sur des lieux chargés d’histoire. L’itinéraire que l’on va suivre a été emprunté par l’armée autrichienne pour contourner la défense des armées napoléoniennes en 1813. La seule voie empruntable à l’époque était la voie Sarde qui traversait le massif par un étroit canyon facilement défendable. Mais guidé par un autochtone savoyard, les autrichiens sont passés par ce chemin dans la montagne. Chemin finalement bien accessible à pied actuellement, mais qui devait être plus sauvage à l’époque. Donc pour nous, départ depuis la salle des fêtes du bourg des Échelles. On monte tout de suite pour rentrer dans la forêt. Une forêt bien moussue et verte. La fraîcheur du matin est vite dissipée et les vêtements tombent. On passe à la chapelle de la Madeleine. On grimpe toujours dans les bois jusqu’à déboucher sur une route. Là, il faut remettre un short. Ainsi habillé, on traverse quelques hameaux jusqu’à quitter la route pour un chemin juste en face d’un gîte merveilleusement situé en face d’un panorama à 180°. Et on retrouve la forêt et notre tenue. Le chemin tire plus ou moins à l’horizontale. Les arbres alentours sont impressionnants de hauteurs, sapins et fayard mêlés. Des voix. On remet les shorts pour croiser deux jeunes femmes les yeux rivés sur leurs téléphones…ou leurs gps? Arrêt pique nique un peu plus loin. Puis c’est une longue descente. On croise de nombreuses pistes, mais un balisage et des panneaux indicateurs récents ne permettent guère de se perdre. Un bruit de moteurs. On remet les shorts pour croiser deux trialistes en motos qui galèrent pour remonter après s’être perdus. Ils transpirent sous leurs combinaisons de cuir et leurs casques. « On aimeraient bien être comme vous… ». Une partie plus raide. Des câbles tout neufs assurent un passage sans réelle difficulté. On arrive maintenant au dessus de la Voie Sarde, aménagée au XVIIeme siècle par le duc Emmanuel II de Savoie. Site de haute fréquentation touristique…hors période covid, car aujourd’hui il n’y a que deux personnes en dehors de nous. C’est la fin de la balade.


At Bruno’s invitation, we meet at Saint Christophe la Grotte where we leave a car. It will be our arrival point. We join the village of Les Echelles for the departure of the walk. I hardly know this part of Chartreuse, this hillside of low mountains above the plains, on the border of the departments of Isère and Savoie, formerly on the border of France and the Duchy of Savoie. The walk we are going to make will take place on historical sites. The route we will follow was taken by the Austrian army to bypass the defense of Napoleon’s armies in 1813. The only road that could be used at that time was the Sardinian Way, which crossed the massif through a narrow canyon that was easily defensible. But guided by a native Savoyard, the Austrians went through this path in the mountains. Path finally well accessible on foot nowadays, but which must have been wilder at the time. So for us, departure from the village hall of Les Échelles. We go up at once to enter the forest. A well mossy and green forest. The freshness of the morning is quickly dissipated and the clothes fall. One passes to the chapel of the Madeleine. One always climbs in the woods until leading to a road. There, it is necessary to put on shorts. Thus dressed, one crosses some hamlets until leaving the road for a path just in front of a lodging wonderfully located in front of a 180° panorama. And we find the forest and our tenue. The path pulls more or less horizontally. The surrounding trees are impressive of heights, firs and beech mixed. Voices. We put the shorts back on to meet two young women with their eyes riveted on their phones…or their GPS? Stop for a picnic a little further on. Then it’s a long descent. We cross many tracks, but recent markings and road signs make it difficult to get lost. A noise of engines. We put the shorts back on to meet two trial riders on motorcycles who are struggling to get back up after getting lost. They sweat under their leather suits and helmets. « We would like to be like you… ». A steeper part. Brand-new cables ensure a passage without any real difficulty. We now arrive above the Sardinian Way, built in the 17th century by Duke Emmanuel II of Savoy. Site of high tourist frequentation…outside the covid period, because today there are only two people outside us. This is the end of the walk.

Pas de la Pousterle

Sortie prévue ce samedi de mi février pour une reprise de la saison de l’association des Marcheurs Nus du Val de Roanne. Il a neigé le vendredi et les conditions météo restent incertaines. Je quitte Grenoble couverte d’une bonne couche de neige, mais dans la Drôme, entre Crest et le Diois, plus rien. On se retrouve à Montlaur. Nous sommes cinq et un chien: Bernard, Christian, Pascal, Didier et moi même. Nous nous décidons pour un itinéraire de proximité: le Pas de la Pousterle sur la montagne d’Aucelon qui domine le village. Quelques kilomètres en voiture pour atteindre le départ de la marche. On est chaudement habillé. On préfère la piste qui serpente au sentier qui monte tout droit. En marchant, en discutant, on se réchauffe et les vêtements tombent les uns après les autres, surtout quand un rayon de soleil fait son apparition. Mais le brouillard remonte et la neige recouvre le sol. Tant pis on continue comme cela. Et on débouche brusquement au pas de la Pousterle sur le versant opposé illuminé de soleil, devant un panorama resplendissant d’une fine couche de neige fraîche avec le sommet de la Servelle de Brette juste en face ou les 3 Becs au loin. De l’autre côté, une mer de nuages couvre la vallée de la Drôme, le sommet du Glandasse émergeant au loin. Quel bonheur d’être là nus au soleil! Séance photos puis repas au pieds des sapins qui se déchargent parfois de particules de neige. Mais il faut bien pour redescendre quitter ce monde ensoleillé pour retrouver l’ombre et le brouillard. Le sentier va nous permettre une descente rapide en même temps qu’assez physique pour nous maintenir au chaud, avec juste une couche légère en haut ou des gants, jusqu’à rejoindre le parking.


Outing planned this Saturday of mid-February for a season resumption of the association of the Naked Walkers of the Val de Roanne. It snowed on Friday and the weather conditions remain uncertain. I leave Grenoble covered with a good layer of snow, but in the Drôme, between Crest and the Diois, nothing more. We are meeting again in Montlaur. We are five and one dog: Bernard, Christian, Pascal, Didier and myself. We decide for a close itinerary: the Pas de la Pousterle on the mountain of Aucelon which dominates the village. A few kilometers by car to reach the start of the walk. We are warmly dressed. We prefer the track that winds to the path that goes up straight. While walking, while discussing, one warms up and the clothes fall one after the other, especially when a sunbeam makes its appearance. But the fog rises again and the snow covers the ground. Never mind, we continue like this.And we suddenly arrive at the foot of the Pousterle on the opposite slope illuminated by sun, in front of a panorama resplendent with a thin layer of fresh snow with the top of the Servelle de Brette just in front or the 3 Becs in the distance. On the other side, a sea of clouds covers the Drôme valley with the summit of Glandasse emerging in the distance. What a joy to be naked in the sun! Photo session then meal at the foot of the fir trees that sometimes discharge snow particles. But it is necessary to go back down from this sunny world to find shade and fog. The path will allow us a quick descent while being physical enough to keep us warm, with just a light layer at the top or gloves, until we reach the parking lot.


Quigouret

Je retrouve Franck à Saint Julien en Beauchene pour cette sortie à la limite des Hautes Alpes et de la Drôme qu’il a proposé dans le cadre de l’association des Marcheurs Nus du Val de Roanne. Finalement nous ne sommes que tous les deux. Depuis le hameau de Montamat le Haut, nous empruntons une large piste qui s’élève en lacets. Nous sommes vite nus. La piste se termine sur un espace plat. Une cabane, une caravane et un 4×4 garé dans l’herbe, ça a tout l’air d’un lieu de vie d’un berger. On continue dans les pentes herbeuses en direction de notre premier objectif: le Quigouret. Mais sur notre chemin se dresse un obstacle, les chiens patous qui gardent un troupeau de moutons qui s’étale un peu plus loin. Ils nous ont senti une fois que l’on est passé et s’approchent en aboyant. Ils se calment et on s’éloigne vers le sommet. La haut, on découvre un groupe de chevaux. Deux d’entre eux accourent à notre rencontre, heureux de notre compagnie semble t’il et pas choqués par notre tenue! Franck, en papa d’une cavalière, distribue caresses et touffes d’herbe. Demi tour. Mais maintenant le troupeau de moutons s’est déplacé sur le chemin, juste à l’endroit où il est vraiment étroit. On hésite un peu, mais attendre qu’il s’éloigne nous prendrait top de temps et le programme est encore chargé avec quatre autres petit sommets à enchaîner. On se rapproche donc prudemment du troupeau, les patous arrivent, mais de loin le berger, à la voix une bergère, les rappelle. On peut donc passer. L’itinéraire vers les quatre bosses est hors sentier, mais de vagues traces et surtout les piquets et restes de fils de fer rouillés des anciennes barrières nous guident jusqu’à la dernière difficulté d’une petite barre rocheuse qu’il faut savoir contourner. Ensuite ça déroule tranquillement en rejoignant le GR de pays qui nous ramène au hameau. Des moutons, des patous, des chevaux et aussi des nuages de mouches, quelle balade animalière!


I join Franck in Saint Julien en Beauchene for this outing at the limit of the Hautes Alpes and the Drôme that he proposed within the association of the Marcheurs Nus du Val de Roanne. In the end we are only the two of us. From the hamlet of Montamat le Haut, we take a wide track that rises in twists and turns. We are quickly naked. The track ends on a flat area. A hut, a caravan and a 4×4 parked in the grass, it looks like a place where a shepherd lives. We continue in the grassy slopes towards our first objective: the Quigouret. But on our way an obstacle stands up, the patous dogs which keep a herd of sheep which spreads out a little further. They smelled us once we passed and approached us barking. They calm down and we move away towards the top. Up there, we discover a group of horses. Two of them run to meet us, happy of our company seems it and not shocked by our outfit! Franck, as the father of a rider, distributes caresses and tufts of grass. Half turn. But now the herd of sheep has moved on the path, just where it is really narrow. We hesitate a little bit, but waiting for it to move away would take us a lot of time and the program is still busy with four other small peaks to climb. One thus approaches the herd carefully, the patous arrive, but from far the shepherd, with the voice a shepherdess, calls them back. One can thus pass. The itinerary towards the four bumps is off the path, but vague traces and especially the stakes and remains of rusty wires of the old barriers guide us until the last difficulty of a small rocky bar which it is necessary to know how to circumvent. Then it goes on quietly by joining the GR de pays which brings us back to the hamlet. Sheep, patous dogs, horses and also clouds of flies, what an animalistic walk!


Ce mardi de mi janvier, la météo annonce une journée particulièrement ensoleillée. Franck a posé une journée de congé et me propose de le rejoindre quelque part entre Grenoble et Gap, entre le Vercors et le Dévoluy. Pourquoi ne pas retourner, en version raquettes et neige, au Quigouret que nous avons parcouru à l’automne par un temps médiocre. Et puis, en cette saison, pas de chiens patous! On se retrouve à Saint Julien en Beauchêne pour monter jusqu’au hameau de Montamat le Haut. Il n’est pas encore 10 heures. On démarre habillés pour traverser les quelques maisons du village. Pas de traces sur la neige sur la piste forestière. On se déshabille rapidement. On s’élève au dessus du hameau, la montée est régulière. Les sommets du Dévoluy: Durbonas, Tête et Roc de Garnesier , Tête du Lauzon, Grand Ferrand forment une spectaculaire ligne d’arrière plan. On avance en se relayant pour faire la trace dans la neige épaisse, parfois croûtée et gelée. On dépasse la bergerie, puis les derniers arbres. Le sommet du Quigouret est devant nous. La neige a été soufflée, ne restent que des plaques sur un sol de rares touffes d’herbes rases. Un dernier effort. C’est un sommet arrondi, débonnaire…mais qui se mérite. Panorama à 360°. On mitraille de photos. Pour la descente, on vise de longer une crête qui doit nous ramener vers la bergerie. Mais de loin, on voit qu’elle est occupée par trois personnes qui pique-niquent devant. On reste donc à l’écart pour notre rapide repas. Puis on contourne le bâtiment en restant à bonne distance…mais pas forcément hors de vue! La descente est rapide, on tire droit dans la pente de petites combes qui coupent les longues boucles de notre itinéraire de montée. On ne se rhabille qu’à proximité du hameau. On a vraiment profité d’une journée exceptionnelle!


This Tuesday in mid-January, the weather forecast predicts a particularly sunny day. Franck took a day off and suggested that I join him somewhere between Grenoble and Gap, between the Vercors and the Dévoluy. Why not go back, in snowshoes and snow, to the Quigouret that we visited in the fall with poor weather. And then, in this season, no patous dogs! We meet up in Saint Julien en Beauchêne to go up to the hamlet of Montamat le Haut. It is not yet 10 o’clock. We start dressed to cross the few houses of the village. No traces on the snow on the forest track. One undresses quickly. One rises above the hamlet, the rise is regular. The summits of Dévoluy: Durbonas, Tête and Roc de Garnesier, Tête du Lauzon, Grand Ferrand form a spectacular line of background. One advances by taking turns to make the trace in the thick snow, sometimes crusty and frozen. We pass the sheepfold, then the last trees. The top of Quigouret is in front of us. The snow has been blown away, only patches remain on a ground of rare tufts of short grass. A last effort. It is a rounded summit, debonair…but one that has to be earned. Panorama at 360°. We shoot photos. For the descent, we aim to go along a crest which must bring us back towards the sheepfold. But by far, we see that it is occupied by three persons who picnic in front of. We thus remain apart for our fast meal. Then we circumvent the building by staying at good distance… but not necessarily out of sight! The descent is fast, we pull straight in the slope of small combes which cut the long loops of our route of ascent. We get dressed only near the hamlet. We really took advantage of an exceptional day!

L’Oeillon

Depuis des années, j’ai pris l’habitude de monter jusqu’à l’Oeillon au mois de janvier, histoire de bien débuter l’année. En quelque sorte un pèlerinage hivernal qui se déroule soit en raquettes dans la poudreuse, soit les pieds au sec sur l’herbe quand la neige se fait désirer. L’endroit se prête bien à la randonnue. Il faut dire que le coin n’est pas trop fréquenté. La première partie jusqu’au Petit Sappey assez ingrate décourage sans doute pas mal de monde. Une fois atteint le plateau, l’ambiance est tout autre. A la cabane du Petit Sappey, prendre le chemin de droite qui se faufile en sous-bois de façon bien plus agréable. Plus loin, il ne faut pas manquer l’embranchement à gauche signalé par un cairn. Le sentier, parfois à peine marqué, monte souvent droit dans la pente, se faufile entre les arbres jusqu’à une petite prairie en clairière. Tout en haut, on débouche sur ce monolithe de pierre, rocher isolé qui se dresse comme une sentinelle en avant-garde des Rochers de Chalves. Une sente permet de contourner la pente et de rejoindre son pied, quand il n’y a pas de neige, ni de terrain trop glissant après la pluie. On peut revenir par le même chemin ou redescendre en restant sur la ligne de crête et en coupant ensuite à travers bois pour retrouver la cabane. Aux alentours, en s’approchant des falaises, on surplombe une série de pointes effilées et de clochetons qui dominent les hameaux de Pomarey et Planfay.


For years, I have been in the habit of going up to the Oeillon in January to start the year off right. It’s a kind of winter pilgrimage that takes place either on snowshoes in the powder snow or with my feet dry on the grass when the snow is desired. The place is well suited to hiking. It is not too crowded. The first part up to Petit Sappey, which is quite ungrateful, probably discourages a lot of people. Once you reach the plateau, the atmosphere is quite different. At the Petit Sappey hut, take the path on the right which winds its way through the undergrowth in a much more pleasant way. Further on, don’t miss the junction on the left, marked by a cairn. The path, sometimes barely marked, often climbs straight up the slope, slipping between the trees to a small clearing meadow. At the very top, you come to this stone monolith, an isolated rock that stands like a sentinel in the vanguard of the Rochers de Chalves. A path allows you to go around the slope and to reach its foot, when there is no snow, nor too slippery ground after the rain. One can return by the same path or go back down, staying on the ridge line and then cutting through the woods to find the hut. In the surrounding area, as you approach the cliffs, you can see a series of tapering peaks and bell towers overlooking the hamlets of Pomarey and Planfay.

Des Bannettes à la Sure

Un de mes lieux de prédilection pour la randonnue est ce coin du massif de la Chartreuse qui entoure le sommet de la Grande Sure. C’est cette zone d’alpage qui s’étend des Bannettes à la Petite Vache, une zone sauvage, où ne vivent que temporairement quelques bergers et qui reste tout au long des saisons un merveilleux espace pour randonner.
On dirait un château fort, entouré de murailles. A l’ouest, les contreforts de la Chartreuse dominent les plaines du nord-isère et de l’Ain, à l’est et au nord, les falaises surplombent la route de Saint Laurent du Pont à Saint Pierre, et depuis Grenoble, il faut monter au col de la Charmette. Pour atteindre l’alpage, on doit d’abord traverser le massif forestier, par des chemins qui s’élèvent en lacets ou des sentiers tracés tout droit dans la pente. Les accès les plus fréquentés sont ceux qui partent de Mont Saint Martin vers les Bannettes d’un coté, du col de la Charmette vers la Petite ou la Grande Vache de l’autre. Mais il existe nombre d’autres cheminements qui permettent de se faufiler entre les barres rocheuses, depuis Chalais, Pomarey, le pont Saint Bruno ou les environs du col de la Placette, . Il faut déplier la carte IGN du coin, imaginer tous les itinéraires envisageables et entreprendre de les parcourir tous systématiquement.
Au sortir de la forêt, on débouche sur une succession de vallons séparés par des cols, col d’Hurtières, col de la Sure, bordés par des alignements de sommets, dont la Sure à 1920 mètres d’altitude. La prairie alpine y est recouverte de neige jusqu’au mois de mai, tondue par les vaches durant l’été, parsemée de gros chardons.
Ce n’est pas une zone très étendue, quelques kilomètres à vol d’oiseau, mais suffisamment diverse par ses voies d’accès, ses paysages, ses recoins que l’on peut aisément passer des journées entières à la parcourir en toutes saisons, à pieds, en raquettes ou ski de rando.


One of my favourite places for hiking naked is this part of the Chartreuse Massif which surrounds the summit of the Grande Sure. It is this mountain pasture area that stretches from Bannettes to Petite Vache, a wild area where only a few shepherds live temporarily and which remains throughout the seasons a wonderful place to hike.
It looks like a fortified castle, surrounded by walls. To the west, the foothills of the Chartreuse dominate the plains of the North Isère and the Ain, to the east and north, the cliffs overlook the road from Saint Laurent du Pont to Saint Pierre, and from Grenoble, you have to climb to the Charmette pass. To reach the alpine pasture, you must first cross the forest massif, by winding paths or paths traced straight down the slope. The most popular accesses are those from Mont Saint Martin to Les Bannettes on one side, and from the Charmette pass to the Petite or Grande Vache on the other. But there are many other paths that allow you to weave your way between the rocky bars, from Chalais, Pomarey, the Saint Bruno bridge or the area around the Col de la Placette . You have to unfold the IGN map of the area, imagine all the possible routes and start to systematically cover them all.
At the exit of the forest, you come to a succession of valleys separated by passes, col d’Hurtières, col de la Sure, bordered by alignments of peaks, including the Sure at 1920 metres altitude. The alpine meadow is covered with snow until May, mowed by cows during the summer, dotted with large thistles.
It is not a very large area, a few kilometres as the crow flies, but sufficiently diverse in its access routes, its landscapes, its hidden corners that one can easily spend whole days exploring it in all seasons, on foot, snowshoes or ski touring.

Col de Vence

Juste un moment de nudité dans la nature en cette période plutôt froide. Promenade, habillé, au dessus du col de Vence sur un itinéraire qui peut être fréquenté. J’y ai croisé un vététiste. J’ai quitté le chemin et rejoint un champ derrière une haie d’arbres. Là, isolé, j’ai profité d’un léger soleil pour me déshabiller et me poser dans l’herbe pour pique niquer. Puis le soleil s’est voilé, la fraicheur s’est fait ressentir. Mais je n’avais guère envie de remettre mes vêtements aussi vite. J’ai donc bougé dans les alentours pour garder ma chaleur, profitant des bosquets d’arbres. Les troncs penchés invitaient vraiment à grimper dessus.


Just a moment of nakedness in nature in this rather cold period. Walk, dressed, above the Col de Vence on a route that can be visited. I met a mountain biker there. I left the path and joined a field behind a hedge of trees. There, isolated, I took advantage of a light sun to undress and land on the grass to have a picnic. Then the sun veiled, the freshness was felt. But I didn’t want to put my clothes back on so quickly. So I moved around to keep my warmth, taking advantage of the groves of trees. The leaning trunks really invited you to climb on them.

Saint Eynard

Le fort du Saint Eynard domine de mille mètres l’agglomération grenobloise. Il est visible comme un repère depuis toute la ville, accroché au dessus d’une ligne de falaises verticales. C’est l’un des plus beaux belvédères sur la région, d’autant plus qu’il est facilement accessible en voiture lorsque la route qui y mène n’est pas enneigée. A pieds, c’est aussi une balade très prisée en partant du col de Vence. Le chemin serpente dans la forêt jusqu’aux fortifications. En une heure, une heure et demie, on atteint le sommet, pour retrouver là tous les promeneurs montés en voiture. Parfois, c’est un peu exaspérant. Pour être tranquille, mieux vaut y aller l’hiver, on n’est sûr de n’y croiser alors que des gens montés eux aussi à pieds. Vraiment rares sont les moments où l’on peut s’y retrouver seul.
Cela m’est arrivé un jour de février 2006. Dans la vallée, il faisait un temps hivernal de nuages gris et bas. Au dessus du col de Vence, la forêt était toute givrée dans une atmosphère brouillardeuse. Puis à force de monter, je suis passé au dessus de la couche nuageuse, et là, un grand soleil et un ciel bleu. Au niveau du fort, pas la moindre présence. Au soleil, il faisait bon, je me suis déshabillé. Je me suis promené sur le GR qui longe les falaises, puis retour vers les fortifications que j’ai pu traversé nu et j’ai même pu entamer la descente jusqu’au moment de retrouver le brouillard. Là, j’ai vite dû me rhabiller.
A une époque, j’avais découvert à l’écart du chemin qui longe la crête de falaises, un petit balcon accroché au dessus du vide. Juste un petit espace dégagé, isolé par une barrière d’arbre. J’y suis monté souvent, trouvant là un endroit idéal pour profiter du soleil en toute tranquillité, invisible, même si j’entendais parfois les conversations des passants sur le chemin à quelques mètres seulement.

Récemment une recherche de geocaches m’a fait découvrir une autre façon de monter au Saint Eynard. Par l’autre versant. En empruntant un tout petit sentier qui grimpe raide dans la forêt en suivant la crête du Rochet du
Bret.

Le chemin du pas Guiget permettait par un passage équipé de câbles de franchir la falaise au-delà du Saint Eynard. Les câbles ont été démontés et le sentier est dorénavant interdit. Mais en suivant tout de même ce sentier et sans aller jusqu’au pas, on arrive aux restes de l’ermitage de Fayssia. De cet ermitage très ancien ne subsistent qu’un pan de mur et les vestiges des cellules encastrées sous la roche de la falaise.
Un dimanche après midi d’automne. Le chemin du fort est fréquenté, mais celui de l’ermitage reste désert. Je profite du soleil sur cette terrasse devant l’ermitage. Il n’y a pas à dire, ces ermites savaient trouver des lieux idéaux. La falaise a emmagasiné la chaleur, l’herbe est tendre, la plateforme est orientée au sud et domine la vallée. Quelle tranquillité. Et puis, je reviens nu pratiquement jusqu’à l’intersection du chemin du fort.


The Saint Eynard fort dominates the Grenoble conurbation by a thousand metres. It is visible as a landmark from all over the city, hanging over a line of vertical cliffs. It is one of the most beautiful viewpoints in the region, especially as it is easily accessible by car when the road leading to it is not snowed in. On foot, it is also a very popular walk from the Col de Vence. The path winds through the forest to the fortifications. In an hour, an hour and a half, one reaches the summit, to find there all the walkers mounted by car. Sometimes it is a bit exasperating. To be quiet, it’s better to go there in winter, you are sure to meet only people who have also gone up on foot. Really rare are the moments when one can meet there alone.
It happened to me one day in February 2006. In the valley, it was winter weather with low, grey clouds. Above the Col de Vence, the forest was all frosty in a foggy atmosphere. Then, as I climbed up, I passed over the cloud layer, and there was a big sun and a blue sky. At the level of the fort, not a single presence. In the sunshine, it was nice and warm, so I took off my clothes. I walked on the GR that runs along the cliffs, then back to the fortifications that I could cross naked and I could even start the descent until I found the fog again. There, I quickly had to get dressed.
At one time, I had discovered, off the path along the cliff ridge, a small balcony hanging over the void. Just a small open space, isolated by a tree fence. I went up there often, finding an ideal place to enjoy the sun in complete tranquility, invisible, even if I could sometimes hear the conversations of passers-by on the path just a few meters away.

Recently a search for geocaches made me discover another way to go up to Saint Eynard. By the other side. By taking a very small path that climbs steeply in the forest following the crest of the Rochet du Bret.

The path of Pas Guiget allowed by a passage equipped with cables to cross the cliff beyond the Saint Eynard. The cables have been dismantled and the path is now forbidden. But by following this path and without going to the step, one arrives at the remains of the hermitage of Fayssia. Of this very old hermitage only a section of wall and the remains of the cells embedded under the rock of the cliff remain.
A Sunday afternoon in autumn. The trail to the fort is busy, but that of the hermitage remains deserted. I enjoy the sun on this terrace in front of the hermitage. There is no need to say, these hermits knew how to find ideal places. The cliff has stored the heat, the grass is soft, the platform is south facing and dominates the valley. What tranquility. And then, I come back naked practically to the intersection of the fort path.

Col de Marocaz

Ce mois de février bénéficie d’une météo tellement favorable qu’il m’est difficile de résister à l’offre de Bruno d’une randonnue dans les Bauges. Nous sommes 10 au point de départ, dans le village de Cruet. On rentre tout de suite en forêt et malgré l’ombre, vite en tenue. Enfin, pour certains, d’autres mettront un peu plus de temps à s’échauffer. Le chemin s’étire à flanc de vallon au dessus d’un joli torrent. Un petit pont de bois. Des marches en rondins facilitent la grimpette. On se habille sommairement pour traverser la route. Le cheminement passe de chemins creux en points de vue sur la vallée. Un deuxième petit pont : pont des moines ou pont romain. Pique nique dans un champs bien dégagé face au sommets de Belledonne et du Grand Arc. Habillage momentané lorsque l’on retrouve une ferme et la route pour quelques centaines de mètres. Puis on prend une vague chemin qui disparaît sous la neige. On rejoint la Croix de Fer, à peine visible au bord du chemin, et la piste qui va nous amener au col de Marocaz. Des traces de raquettes, mais déjà anciennes. On arrive au col. Rhabillage sommaire encore une fois. Puis on bascule par un petit sentier enneigé qui nous ramène sous la ferme et notre itinéraire de montée. Traversée de la route à un moment sans voiture. Trop tard, en voilà une. Le conducteur sourit en voyant la troupe dénudée à peine dissimulée. Détour par la chapelle maillée, un simple oratoire au bord du chemin. Rencontre avec un vététiste qui s’arrête pour s’enquérir des chemins. Puis c’est la descente finale vers Cruet.


This month of February benefits from such favourable weather that it is difficult for me to resist Bruno’s offer of a hike in the Bauges. We are 10 at the starting point, in the village of Cruet. We go right into the forest and despite the shade, we get undressed quickly. For some, it will take a little longer for others to warm up. The path stretches out on the side of a small valley above a pretty stream. A small wooden bridge. Log steps make climbing easier. We dress summarily to cross the road. The trail passes from hollow paths to viewpoints over the valley. A second small bridge: monks’ bridge or Roman bridge. Picnic in an open field facing the summits of Belledonne and the Grand Arc. Temporary dressing when we reach a farm and the road for a few hundred meters. Then we take a vague path that disappears under the snow. We reach the Iron Cross, barely visible at the side of the road, and the track that will take us to the Marocaz pass. Snowshoe tracks, but already old. We arrive at the pass. Rough re-dressing once again. Then we switch to a small snow-covered path that takes us back under the farm and our climbing route. Crossing the road at one time without a car. Too late, here’s one. The driver smiled as he saw the bare troop barely concealed. Detour by a chapel, a simple oratory by the roadside. Meeting with a mountain biker who stops to ask about the roads. Then it’s the final descent to Cruet.

Vararey

Après une dizaine de jours d’obligations familiales, doublée de quintes de toux épuisantes, je profite d’une journée tranquille pour repartir encore une fois vers Vararey. La route est fermée l’hiver à la sortie de Pomarey. C’est donc un kilomètre et quelque sur la route verglacée avant de rejoindre le chemin qui traverse un ruisseau puis monte raide. Dans la montée, les vêtements disparaissent. Je garde juste un gilet polaire sans manche encore un moment. Je rejoint la piste de la Marcelière, enneigée, où je chausse les raquettes. La neige est lourde. Dans la forêt, quelques traces des jours précédents. En deux heures et vingt minutes, j’arrive à la prairie de Vararey. Je grimpe sur le versant de droite jusqu’à cet arbre à moitié cassé qui me sert encore une fois de siège pour le pique nique. Je suis face au soleil.Je décide de rester là pour profiter de la chaleur agréable sur tout le corps.
La branche de bois mort sur laquelle je suis assis est couverte de traces d’insectes xylophages. A regarder de près, on dirait presque des sculptures rupestres ! Beauté de la nature. Je traîne autour de l’arbre, m’accroche à ses branches… Enfin, je me décide à repartir, à descendre dans la vallée. Je reste nu jusqu’à la route.


After about ten days of family obligations, coupled with exhausting coughing fits, I take the opportunity of a quiet day to return once again to Vararey. The road is closed in winter at the exit of Pomarey. So it’s a kilometre or so on the icy road before joining the path that crosses a stream and then climbs steeply. On the way up, the clothes disappear. I’m just keeping a sleeveless fleece vest for a while longer. I join the snow-covered Marcelière trail, where I put on snowshoes. The snow is heavy. In the forest, some traces of the previous days. In two hours and twenty minutes, I arrived at Vararey’s meadow. I climb on the right side of the hill until I reach this half-broken tree, which once again serves as my seat for the picnic. I decide to stay there to enjoy the pleasant warmth all over my body.
The dead wooden branch on which I sit is covered with traces of wood-eating insects. On closer inspection, they almost look like rupestrian sculptures! Beauty of nature. I hang around the tree, clinging to its branches… Finally, I decide to move back, to go down into the valley. I stay naked until the road.