Col Nodry

Dominique, de Bordeaux, est venu passer une semaine de randonnues autour de Grenoble. Je n’ai pu me joindre à lui pour ses premières sorties, mais j’ai tenu à me libérer le vendredi pour le rencontrer et lui montrer un de mes itinéraires. Comme il avait déjà tourné entre Vercors, Matheysine et Chartreuse, j’ai choisi de l’emmener vers d’autres paysages, dans le Beaumont. Nous sommes quatre, Patricia et Philippe, qui l’accompagnent depuis le début de son séjour, sont évidemment là. La météo annonce un changement de temps après ces derniers jours printaniers; pourtant c’est officiellement le premier jour du printemps.
Nous nous garons au col de l’Holme, entre Saint Michel en Beaumont et Sainte Luce. Nous partons bien habillé. Dans la forêt, à l’ombre mais a l’abri du vent et en montée, on a vite chaud. On se déshabille rapidement. On sort de la forêt pour passer une belle croupe de neige. Là, le vent se met à souffler avec force. Un vent du sud, certes, mais rafraîchissant. Dominique et Patricia choisissent l’option coupe-vent, Philippe et moi, l’option peau-nue.
On rejoint le col Nodry puis le sommet de Côte Rouge à 2015m d’altitude. Nous dominons le sanctuaire de Notre Dame de la Salette. De l’autre coté, l’Obiou et les sommets du Dévoluy, puis au fond toute la barrière des falaises du Vercors. Beau paysage, mais on ne s’attarde pas ! On trouve un coin à l’abri dans un trou de neige au pied d’un arbre pour se poser et pique niquer. Après le repas, nous continuons par une bonne descente en courant dans la neige profonde. On enfonce parfois jusqu’aux genoux, mais qu’est ce que ça réchauffe !!! On passe à la bergerie du Clos de l’Alpe puis on rejoint notre itinéraire du matin par une longue traversée à flanc de pente. Nous retrouvons l’abri de la forêt pour terminer la balade. La petite route départementale semble si peu fréquentée, que l’on se permet de la traverser tranquillement pour rejoindre la voiture et enfiler des vêtements secs et chauds.


Dominique, from Bordeaux, came to spend a week hiking naked around Grenoble. I could not join him for his first outings, but I made a point of freeing myself on Friday to meet him and show him one of my itineraries. As he had already toured between Vercors, Matheysine and Chartreuse, I chose to take him to other landscapes, in the Beaumont. We are four of us, Patricia and Philippe, who have been with him since the beginning of his stay, are obviously there. The weather forecast announces a change of weather after these last days of spring; yet it is officially the first day of spring.
We park at the Col de l’Holme, between Saint Michel en Beaumont and Sainte Luce. We depart well dressed. In the forest, in the shade but sheltered from the wind and on the way up, we quickly get warm. We undress quickly. We get out of the forest to pass a nice snowy ridge. There, the wind starts blowing strongly. A southerly wind, certainly, but refreshing. Dominique and Patricia choose the windbreaker option, Philippe and I choose the bare skin option.
We reach the Nodry pass and then the summit of Côte Rouge at 2015m altitude. We dominate the sanctuary of Notre Dame de la Salette. On the other side, the Obiou and the summits of the Dévoluy, then at the back the whole barrier of the cliffs of the Vercors. Beautiful landscape, but we don’t linger! There is a sheltered corner in a snow hole at the foot of a tree for resting and picnicking. After the meal, we continue by a good descent running in deep snow. We sometimes sink up to our knees, but what does it warm !!! We pass by the sheepfold of Clos de l’Alpe then we join our morning itinerary by a long traverse on the side of the slope. We find the shelter of the forest to finish the walk. The small departmental road seems so little used, that we allow ourselves to cross it quietly to join the car and put on dry and warm clothes.

La Scia

Si l’on pense départ de randonnue dans un coin tranquille et isolé, là c’est raté. Le rv est sur le parking d’une station de ski en plein week end. Des voitures garées des deux cotés de la route, des skieurs et des surfeurs caparaçonnés d’anoraks, de casques, de lourdes chaussures rigides. Pourtant, en s’écartant un peu, on va faire six heures de randonnue tout en restant à proximité du domaine skiable du Planolet, en Chartreuse.
On se retrouve à quatre pour cette sortie. Bruno, qui m’avait déjà montré une fois ce parcours il y a quelques années, Philippe et Patricia, avec qui j’ai déjà randonnué, notamment dans le Dévoluy, et moi même.
A quelques mètres de la foule, une piste forestière s’enfonce dans la forêt, déserte. Nous chaussons les raquettes et attaquons la balade. La première montée est courte mais raide. Au sommet, on entend encore les bruits des remontées mécaniques et les cris. On est bien échauffé, on peut se déshabiller, même si le soleil est encore absent.
Le parcours suit un sentier invisible sous la couche de neige. Bruno le repère avec l’aide de la trace GPS. Il s’élève en se faufilant entre les arbres et les barres rocheuses. La pente parfois abrupte est entrecoupée de replats plus doux. A mi hauteur, le soleil fait son apparition. Nous atteignons la crête de la Scia. Arrêt dégustation des spécialités locales apportées par Bruno. La suite du parcours est moins raide. On rejoint une arête étroite de mamelons de neige, puis une série de bosses et de creux. On arrive finalement juste en dessous de l’arrivée d’un téléski. Deux solutions : se rhabiller pour traverser ou contourner l’obstacle par un détour dans la forêt. Deuxième solution choisie à l’unanimité. On évite le coin, en passant à quelques dizaines de mètres en contrebas dans la neige profonde. On entend le bruit des perches qui tapent. On aperçoit même quelques skieurs qui arrivent, occupés à surveiller le bout de leurs skis. S’ils avaient regardé vraiment autour d’eux, ils n’auraient pu qu’apercevoir quatre randonneurs nus entre les arbres. Finalement on atteint notre but : la Croix de la Scia. Il n’y a personne, alors que la neige est striée de traces de skis. Quelle chance !
Demi tour. Le retour se fait par le même trajet. L’ombre nous rattrape par moments, la fraîcheur aussi. Nous arrivons à proximité de la station à l’heure de fermeture. Les parkings se vident rapidement. Il ne devrait plus y avoir grand monde, alors on continue jusqu’à la lisière de la forêt, tout près des bâtiments, pour ne se rhabiller qu’à la dernière extrémité.


If you think about starting a naked hike in a quiet and isolated area, this is a missed opportunity. The appointment is on the parking lot of a ski resort in the middle of the weekend. Cars parked on both sides of the road, skiers and snowboarders wearing anoraks, helmets, heavy hard boots. However, if you get out of the way, you can enjoy a six-hour hike while staying close to the Planolet ski resort in the Chartreuse.
We are four for this outing. Bruno, who had already shown me this route once a few years ago, Philippe and Patricia, with whom I have already hiked, notably in the Dévoluy, and myself.
A few meters from the crowd, a forest track goes into the forest, deserted. We put on the snowshoes and start the walk. The first ascent is short but steep. At the top, we can still hear the noises of the ski lifts and shouts. We are well warmed up, we can get undressed, even if the sun is still absent.
The route follows an invisible path under the snow cover. Bruno locates it with the help of the GPS track. He climbs up by sneaking between the trees and the rocky bars. The sometimes steep slope is interspersed with gentler flat spots. Halfway up, the sun appears. We reach the Scia ridge. Stop to taste the local specialities brought by Bruno. The rest of the route is less steep. We reach a narrow ridge of snow nipples, then a series of bumps and hollows. We finally arrive just below the arrival of a ski lift. Two solutions: get dressed to cross or go around the obstacle by a detour in the forest. Second solution chosen unanimously. We avoid the area, passing a few dozen meters below in deep snow. We hear the sound of the poles banging. We even see a few skiers arriving, busy keeping an eye on the tips of their skis. If they had really looked around, they could only have seen four naked hikers between the trees. Finally we reach our goal: the Scia Cross. There is no one around, while the snow is streaked with ski tracks. What luck!
Half turn. The return trip is the same. The shadow catches up with us at times, the coolness too. We arrive close to the station at closing time. The car parks empty quickly. There shouldn’t be many people, so we continue to the edge of the forest, close to the buildings, only to get dressed at the last end.


J’ai rendez vous avec Bruno sur le parking de la station du Planolet. L’endroit est à peu près désert car la saison s’est terminée la veille. On ne se se connaît que virtuellement par sites web interposés.
On attaque aussitôt par un raidillon qui échauffe les muscles et, au bouts de quelques minutes seulement, on se met vite en tenue. Peu de temps après, on peut déjà chausser les raquettes. On quitte le large chemin pour se glisser dans la forêt. Bruno m’assure que l’on est bien sur l’itinéraire d’un sentier et, effectivement, par moment la neige a disparue et laisse apparaître une vague sente entre feuilles mortes et rochers moussus. Raquettes aux pieds, on passe ainsi de zone enneigées en zones sèches. Sur un versant bien exposé, on quitte même les raquettes que l’on remettra un peu plus tard. On traverse deux fois une route forestière qui semble avoir été bien fréquenté le week-end précédent, au vu des traces de pas et de raquettes. Dans une combe, la neige est bien plus épaisse et lourde. Bruno fait la trace et s’oriente entre les creux et les bosses. Quelques lacets dans la forêt et l’on débouche sur la crête de la Scia.
Derrière nous, le sommet du Grand Som qui domine Saint Pierre de Chartreuse et la vallée des Entremonts, devant, la barrière rocheuse des falaises qui bordent les hauts plateaux depuis les Lances de Malissard. Bruno n’a qu’un temps limité de disponibilité. Nous nous quittons à cet endroit, mais avant de redescendre, il m’explique l’itinéraire qui mène à la croix. Je n’ai plus qu’à suivre ses indications.
Descendre légèrement jusqu’à un petit col, remonter de l’autre coté puis rester le long de la crête. A un moment, dans une clairière, je vois un fauteuil à moitié enterré dans la neige, incongru ainsi en pleine nature, mais bien confortable pour un arrêt sandwich.
Après cette pause, je rejoins une arrête étroite au dessus des pentes. Une vieille trace de ski me sert de balisage. Finalement j’arrive au sommet du téleski du Creux de la neige. Aujourd’hui, il est silencieux, mais la piste bien damée et les nombreuses traces de ski alentours témoignent de son activité récente. Encore une dernière longueur et je suis à la Croix de la Scia.
Demi tour, je repars en suivant mes puis nos traces de montée. Je ne me rhabille qu’à la toute dernière extrémité, en arrivant derrière un chalet, à dix mètres du parking.


I have an appointment with Bruno in the parking lot of the Planolet station. The place is almost deserted because the season ended the day before. We only know each other virtually through websites.
We attack immediately by a raidillon which warms up the muscles and, at the end of a few minutes only, we quickly get dressed. Soon after, we can already put on our snowshoes. We leave the wide path to slip into the forest. Bruno assures me that we’re on a path and, indeed, at times the snow has disappeared and leaves a vague trace between dead leaves and mossy rocks. With snowshoes on our feet, we go from snowy to dry areas. On a well exposed slope, we even leave the snowshoes and put them back on a little later. We cross a forest road twice, which seems to have been well travelled the previous weekend, given the footprints and snowshoe tracks. In a combe, the snow is much thicker and heavier. Bruno makes the track and orientates himself between the hollows and the bumps. A few laces in the forest and we reach the Scia ridge.
Behind us, the summit of the Grand Som which dominates Saint Pierre de Chartreuse and the Entremonts valley, in front, the rocky barrier of the cliffs that border the high plateaus from the Lances de Malissard. Bruno has only limited time available. We separate at this point, but before going back down, he explains to me the itinerary that leads to the cross. All I have to do is follow his instructions.
Go down slightly to a small pass, go up on the other side and stay along the ridge. At one point, in a clearing, I see an armchair half buried in the snow, incongruous in the middle of nature, but very comfortable for a sandwich stop.
After this break, I reach a narrow ridge above the slopes. An old ski track serves me as a marker. Finally I reach the top of the Creux de la neige ski lift. Today, it is silent, but the well groomed piste and the numerous ski tracks around testify to its recent activity. One more last length and I am at the Croix de la Scia.
Half-turn, I go back following my and then our ascent tracks. I get dressed only at the very last end, arriving behind a chalet, ten meters from the parking lot.

La Servelle de Brette

Avec Bernard et Francis, nous partons du petit village d’Aucelon.

Passée la dernière ferme, le troupeau de vaches, le chemin monte entre les buis. Dès que nous sommes hors de vue des maisons, nous nous déshabillons. Il fait un temps splendide. Soleil, ciel bleu, pas de vent. Nous atteignons les premières plaques de neige. Nous suivons une piste forestière. Lorsqu’on commence à enfoncer, on chausse les raquettes. C’est une première pour Francis !

On passe devant une première bergerie. La piste continue, laisse sur le coté un captage, puis redescend légèrement pour sortir de la forêt sur le plateau de Champ Reynier. Une deuxième bergerie. Le sommet de Servelle de Brette est juste devant nous, complètement dégagé de la végétation. Il paraît tout proche, mais il se mérite. Il faut monter pas à pas dans les combes pentues qui l’entourent. Faire sa trace dans la neige lourde. Bernard tente une variante et croisera presque deux skieurs qui descendent. Enfin le sommet et une vue à 360° sur le Vercors, les 3 Becs, le Dévoluy et même le Mont Ventoux au loin.

Trois randonneurs approchent par l’autre versant. Je redescend et retrouve mes compagnons arrêtés pour le repas. La descente dans la pente est nettement plus facile et plus rapide. Concours de course dans la neige profonde. Puis on retrouve le cheminement de montée. On ne se rhabille qu’à proximité du village. Sept heures de randonnée et six heures quarante cinq de nudité.

En rencontrant l’éleveur du troupeau de vaches, irlandaises et sans cornes, Bernard explique qu’on choisit les coins tranquilles car on fait de la randonnée naturiste. « C’est sûr qu’ici vous êtes tranquilles », dit comme si cette activité était tout à fait naturelle.


With Bernard and Francis, we leave from the small village of Aucelon.
Past the last farm, the herd of cows, the path goes up between the box trees. As soon as we are out of sight of the houses, we undress. The weather is splendid. Sun, blue sky, no wind. We reach the first patches of snow. We follow a forest track. When we start to get deeper, we put on our snowshoes. It’s a first for Francis!
We pass a first sheepfold. The trail continues, leaves a water catchment on the side, then goes down slightly to leave the forest on the Champ Reynier plateau. A second sheepfold. The top of Servelle de Brette is just in front of us, completely clear of vegetation. It seems very close, but it is worth it. We have to climb step by step in the steep combes surrounding it. Making our mark in the heavy snow. Bernard tries a variant and almost crosses two skiers going down. Finally the summit and a 360° view of the Vercors, the 3 Becs, the Dévoluy and even the Mont Ventoux in the distance.
Three hikers approach from the other side. I go back down and find my companions stopped for lunch. The descent down the slope is much easier and faster. Running contest in deep snow. Then we find the uphill path again. We get dressed only near the village. Seven hours of hiking and six hours forty five of nudity.
When meeting the breeder of the herd of cows, Irish and hornless, Bernard explains that we choose the quiet areas because we do naturist hiking. « It is sure that here you are quiet », he says as if this activity was completely natural.

Saint Benoit en Diois

Nous ne sommes que deux, Bernard et moi, pour cette sortie des Marcheurs Nus du Val de Roanne en semaine.
Départ du petit village de Saint Benoît en Diois, encore à l’ombre matinale. En face les vignes sont déjà au soleil, mais bien en vue. Une sente à l’orée du bois. Quelques mètres et nous voilà en tenue.
Le parcours suit le flanc de la colline, passant au dessus de la ruine de Daraire, point de repère remarquable. On domine le cours de la Roanne et la route sur le versant opposé. Végétation de chênes tourmentés et de massifs de buis, quelques zones de pins. Mais en hiver, cette couverture végétale est bien légère et nous profitons largement du soleil, sauf dans un vallon à l’ombre où un léger brouillard est encore accroché. Nous arrivons au bout de la colline, le chemin descend bien à l’ombre vers le hameau de Roanne. Demi tour pour rester sur le versant ensoleillé. Et là, difficile de se dire que l’on est en plein hiver!
Nous prenons alors un sentier qui monte vers la crête. De la haut, on domine la vallée de la Drôme, avec le Vercors en fond et le hameau d’Aurel au premier plan. Après un casse croûte, on reprends l’exploration. Bientôt le sentier semble disparaître dans les fourrés. On continue quand même, « Tout dré dans le pentu ! » comme diraient les haut savoyards ! Je sors même le sécateur du sac. Mais finalement on retrouve des brides de sentes (passages de chasseurs?) et on atteint le sommet.
Autant poursuivre. Finalement on rejoint le sentier bien balisé au Pas de la Pousterle. Il ne nous reste plus qu’à redescendre et retrouver les vignes de Saint Benoît après cette boucle d’une dizaine de kilomètres.


We are only two, Bernard and I, for this outing of the Naked Walkers of the Val de Roanne during the week.
Departure from the small village of Saint Benoît en Diois, still in the morning shade. Opposite the vineyards are already in the sun, but in full view. A small path at the edge of the wood. A few meters and here we are in tenue.
The route follows the hillside, passing over the ruins of Daraire, a remarkable landmark. We dominate the river Roanne and the road on the opposite side. Vegetation of tormented oaks and massifs of boxwood, some areas of pine. But in winter, this vegetation cover is quite light and we enjoy the sunshine to a large extent, except in a shady valley where a light fog is still hanging over. We arrive at the end of the hill, the path goes down in the shade towards the hamlet of Roanne. Half turn to stay on the sunny side. And there, it’s hard to tell that it’s the middle of winter!
We then take a path that goes up towards the ridge. From the top, we dominate the Drôme valley, with the Vercors in the background and the hamlet of Aurel in the foreground. After a snack, we start exploring again. Soon the path seems to disappear in the thickets. We go on anyway,  » All steep and steep!  » as the high Savoyards would say! I even take the pruning shears out of the bag. But finally, we find some traces of paths (hunters’ passages?) and we reach the summit.
Might as well continue. Finally we reach the well-marked path at Pas de la Pousterle. We just have to go back down and find the vineyards of Saint Benoît after this loop of about ten kilometers.

Train de la Mure

En lisant les comptes-rendus de Philippe sur ses randonnues le long des voies du petit train de La Mure, j’ai réalisé que ce parcours tout proche ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Et pourtant, quel beau coin!
Depuis la fin du mois d’octobre, un gros effondrement de rochers bloque la voie de cette ligne de train touristique et empêche toute circulation ferroviaire. Sur la carte, je repère un sentier qui doit rejoindre la voie depuis le hameau des Loriats du village de Monteynard. Il fait un froid glacial avec un vent violent. J’ai trois couches de polaires; c’est mal parti pour une randonnue.
Lorsque j’ai passé le petit col et me retrouve sur le versant dominant le Drac, je suis immédiatement à l’abri du vent. Ça va déjà tout de suite mieux, même si le sol est encore tout givré. Je descends et me réchauffe en marchant. J’arrive au soleil. Là, c’est encore mieux et je peux enfin me déshabiller. Me voilà sur la voie.
D’un coté, l’entrée d’un tunnel. Je commence à m’aventurer dedans, mais ma lampe frontale faiblit. J’ai pris des piles de rechange…mais ce n’est pas le bon modèle. Je me résous à faire demi tour et à partir de l’autre coté. Je passe devant une ancienne maison (gare?) en ruine et continue jusqu’au prochain tunnel, barré celui là. D’après la carte, il me semble que c’est au bout de ce tunnel là qu’a eut lieu l’effondrement. Je reste donc sur ce tronçon de voie qui n’est sans doute pas le plus beau de la ligne, puis je remonte dans la foret et me rhabille en rejoignant le col et le vent.


Reading Philippe’s reports of his hikes along the tracks of the little train of La Mure, I realized that this nearby route had not even crossed my mind. And yet, what a beautiful place!
Since the end of October, a large rock collapse has been blocking the track of this tourist train line and preventing any train traffic. On the map, I spot a path that should join the track from the hamlet of Les Loriats in the village of Monteynard. It is freezing cold with a strong wind. I have three layers of polar fleece; it’s not a good place for a hike.
When I pass the small pass and find myself on the slope overlooking the Drac, I am immediately sheltered from the wind. I’m already feeling better right away, even though the ground is still all icy. I went down and warmed up by walking. I reach the sun. Now it’s even better and I can finally get undressed. Now I’m on the track.
On one side, the entrance to a tunnel. I start to venture inside, but my headlamp is weakening. I took spare batteries…but it’s not the right model. I resolve to turn around and go to the other side. I pass in front of an old house (station?) in ruins and continue to the next tunnel, blocked this one. According to the map, it seems to me that it is at the end of this tunnel where the collapse took place. So I stay on this section of track which is probably not the most beautiful of the line, then I go back up in the forest and get dressed when I reach the pass and the wind.

Croix de Justin

De passage pour deux ou trois jours à Die dans la Drôme en cette fin décembre, j’ai eu une après midi de libre. Je suis parti me balader sans vraiment d’objectif bien défini, les mains dans les poches, sans sac.
Passé un pont sur la rivière, le balisage d’un GR me fait signe. C’est un petit sentier encaissé, boueux. Je le suis en restant habillé, car il s’élève juste au dessus de la ville, et je ne connais pas le coin ni sa fréquentation; il y a des traces de pas récentes, d’autres de vtt. Le parcours monte en forêt, se découvre parfois en balcons sur la vallée. Finalement, il débouche sur une piste forestière praticable en voiture puis recoupe un dernier virage pour déboucher sur un plateau. Pas de véhicule garé. La croix de Justin est à une centaine de mètres sur une plate-forme parfaitement aménagée avec banc et table d’orientation, un lieu touristique. Mais personne là non plus.
La tentation est trop grande. Je me déshabille. Un petit vent sèche la transpiration de la montée. Je reste là un moment à découvrir le paysage: la ville de Die à mes pieds, les falaises du Vercors juste en face. Puis je remets mes chaussures, roule mes vêtements en boule sous mes bras et entame la descente en restant nu. Ce ne fut pas une grande randonnue, mais trente cinq bonnes minutes de nudité pour fêter dignement la fin de l’année.

Je suis remonté à la Croix de Justin un dimanche de janvier. Le paysage étant sous la neige, j’ai chaussé les raquettes à mi hauteur. Des traces fraîches sur le chemin m’ont incité à rester habillé et j’ai débouché du sentier sur la piste forestière devant un groupe de skieurs qui m’ont rejoint sur la plate-forme de la croix. Comme ils semblaient s’installer là pour un moment, je me suis éloigné vers le plateau. La piste était vierge de trace. Au premier embranchement, j’ai pris un étroit sentier montant dans la foret.
Dès que hors de vue de la Croix, je me suis déshabillé, gardant juste un gilet polaire au début, puis le quittant ensuite. Quel plaisir de tracer son chemin dans l’épaisse neige poudreuse, de se faufiler entre les arbres aux branches chargées en évitant de les secouer pour ne pas se retrouver couvert de neige.
J’ai rejoint le Serre des Pins, puis suivi une crête légèrement descendante. Là, le givre recouvrait jusqu’aux bouts des aiguilles des pins et des feuilles des massifs de buis. Le soleil voilé jusqu’à présent a fait une courte et franche apparition, au moment où cette crête se faisant plus étroite, il m’a fallu couper droit dans la pente pour rejoindre le col du Lion. De là, la piste me ramenais en direction de Justin. Mais au bout d’un moment, le froid est arrivé et je me suis résolu à me rhabiller pour finir ma balade.


Passing for two or three days in Die in the Drôme at the end of December, I had a free afternoon. I went for a walk without really having a well defined objective, with my hands in my pockets, without a bag.
Passed a bridge over the river, the markings of a GR beckons me. It’s a small muddy path. I follow it while remaining dressed, because it rises just above the city, and I don’t know the area nor its frequentation; there are recent footprints, others of mountain bike. The itinerary goes up in the forest, and is sometimes discovered on balconies over the valley. Finally, it leads to a forest track that can be used by car and then crosses a last bend to reach a plateau. No parked vehicle. Justin’s cross is about a hundred metres away on a perfectly equipped platform with a bench and an orientation table, a tourist spot. But nobody there either.
The temptation is too great. I’m getting undressed. A light wind dries the sweat from the climb. I stay there a moment to discover the landscape: the city of Die at my feet, the cliffs of the Vercors just opposite. Then I put my shoes back on, roll my clothes in a ball under my arms and start the descent while remaining naked. It was not a great hike, but a good thirty five minutes of nudity to celebrate the end of the year with dignity.
I climbed up to Justin’s Cross one Sunday in January. The landscape being under the snow, I put the snowshoes on at half height. Fresh tracks on the path encouraged me to stay dressed and I came out of the trail on the forest track in front of a group of skiers who joined me on the platform of the cross. As they seemed to settle there for a while, I moved away to the plateau. The trail was untracked. At the first junction, I took a narrow path going up into the forest.
As soon as I was out of sight of the Cross, I undressed, keeping just a fleece vest at first, then leaving it. What a pleasure it was to make my way through the thick powdery snow, sneaking between the trees with loaded branches and not shaking them so as not to get covered in snow.
I reached the Serre des Pins, then followed a slightly descending ridge. There, frost covered the tips of the pine needles and the leaves of the boxwood clumps. The sun, which had been veiled until now, made a short and frank appearance, just as this ridge was getting narrower, I had to cut straight down the slope to reach the Lion’s Pass. From there, the trail took me back towards Justin. But after a while, the cold arrived and I decided to get dressed to finish my walk.

Praorzel

Vendredi 13, jour de chance: je ne travaille pas et il fait beau.
Arrivé au col de Menée, il y a déjà une voiture sur le petit parking. Deux skieurs se préparent…et partent dans la direction opposée. Encore la chance. La pente de neige est juste au bord de la route. Il est tôt, la neige est encore dure. Au bout d’une dizaine de minutes, je suis hors de vue de la route. Il fait encore frais, surtout lorsque soufflent des rafales de vent, mais je me déshabille. La seule trace de raquette date de la veille. Je suis tout seul dans ce coin là. Je suis la crêtes de la Grande Leirie , succession de montée et descentes. Je fais ma trace dans la neige vierge, me faufile parfois entre les pins. Arrivé au bord d’une combe, j’aperçois trois chamois sur le versant d’en face. Ils se sauvent à mon approche.
Peu après, en me retournant, j’aperçois deux silhouettes qui suivent mes traces. Tant pis, je continue comme je suis. Arrivé au sommet de la Tête de Praorzel, je m’assieds sur une plaque d’herbe pour casse croûter. Là je remet un tee shirt , mon gilet et un short, car, immobile, on ressent nettement plus la fraîcheur du vent.
Le Mont Aiguille et le Grand Veymont sont en face. La vallée de Chichiliane juste au pied de la falaise.
Demi-tour. Je passe à proximité des deux skieurs entrevus tout à l’heure, qui se sont arrêtés eux aussi pour manger. Puis dès que seul de nouveau, je me redéshabille pour continuer la balade. Je suis tellement bien que je fais quelques détours, histoire de prolonger la sortie et profiter de tout cet espace qui s’offre à moi seul. Finalement, en vue du parking, je remet mes vêtements après cinq heures et demi de randonnée et plus de quatre heures et demi de randonnue.
Un jour de chance, ce vendredi 13!


Friday the 13th, lucky day: I’m not working and the weather is nice.
Arrived at the Menée pass, there is already a car on the small parking lot. Two skiers are getting ready…and leave in the opposite direction. Another lucky day. The snow slope is right on the side of the road. It’s early, the snow is still hard. After about ten minutes, I’m out of sight of the road. It’s still chilly, especially when there are gusts of wind, but I take off my clothes. The only trace of snowshoeing was from the day before. I’m all alone in that place. I follow the ridge of the Grande Leirie, a succession of ascents and descents. I make my mark in the virgin snow, sometimes sneaking through the pines. Arriving at the edge of a coomb, I see three chamois on the opposite slope. They run away as I approach.
Shortly afterwards, as I turn around, I see two silhouettes following in my footsteps. Never mind, I continue as I am. At the top of the Tête de Praorzel, I sit down on a patch of grass for a snack. There I put on a T-shirt, my waistcoat and shorts, because, motionless, one feels the freshness of the wind much more.
The Mont Aiguille and the Grand Veymont are opposite. The valley of Chichiliane just at the foot of the cliff.
Turn back. I pass close to the two skiers I saw earlier, who also stopped to eat. Then as soon as I’m alone again, I undress to continue the walk. I’m so good that I take a few detours, just to extend the outing and enjoy all this space that is offered to me alone. Finally, in view of the parking lot, I put my clothes back on after five and a half hours of hiking and more than four and a half hours of naked hiking.
A lucky day, this Friday the 13th!