La Scia

Si l’on pense départ de randonnue dans un coin tranquille et isolé, là c’est raté. Le rv est sur le parking d’une station de ski en plein week end. Des voitures garées des deux cotés de la route, des skieurs et des surfeurs caparaçonnés d’anoraks, de casques, de lourdes chaussures rigides. Pourtant, en s’écartant un peu, on va faire six heures de randonnue tout en restant à proximité du domaine skiable du Planolet, en Chartreuse.
On se retrouve à quatre pour cette sortie. Bruno, qui m’avait déjà montré une fois ce parcours il y a quelques années, Philippe et Patricia, avec qui j’ai déjà randonnué, notamment dans le Dévoluy, et moi même.
A quelques mètres de la foule, une piste forestière s’enfonce dans la forêt, déserte. Nous chaussons les raquettes et attaquons la balade. La première montée est courte mais raide. Au sommet, on entend encore les bruits des remontées mécaniques et les cris. On est bien échauffé, on peut se déshabiller, même si le soleil est encore absent.
Le parcours suit un sentier invisible sous la couche de neige. Bruno le repère avec l’aide de la trace GPS. Il s’élève en se faufilant entre les arbres et les barres rocheuses. La pente parfois abrupte est entrecoupée de replats plus doux. A mi hauteur, le soleil fait son apparition. Nous atteignons la crête de la Scia. Arrêt dégustation des spécialités locales apportées par Bruno. La suite du parcours est moins raide. On rejoint une arête étroite de mamelons de neige, puis une série de bosses et de creux. On arrive finalement juste en dessous de l’arrivée d’un téléski. Deux solutions : se rhabiller pour traverser ou contourner l’obstacle par un détour dans la forêt. Deuxième solution choisie à l’unanimité. On évite le coin, en passant à quelques dizaines de mètres en contrebas dans la neige profonde. On entend le bruit des perches qui tapent. On aperçoit même quelques skieurs qui arrivent, occupés à surveiller le bout de leurs skis. S’ils avaient regardé vraiment autour d’eux, ils n’auraient pu qu’apercevoir quatre randonneurs nus entre les arbres. Finalement on atteint notre but : la Croix de la Scia. Il n’y a personne, alors que la neige est striée de traces de skis. Quelle chance !
Demi tour. Le retour se fait par le même trajet. L’ombre nous rattrape par moments, la fraîcheur aussi. Nous arrivons à proximité de la station à l’heure de fermeture. Les parkings se vident rapidement. Il ne devrait plus y avoir grand monde, alors on continue jusqu’à la lisière de la forêt, tout près des bâtiments, pour ne se rhabiller qu’à la dernière extrémité.


If you think about starting a naked hike in a quiet and isolated area, this is a missed opportunity. The appointment is on the parking lot of a ski resort in the middle of the weekend. Cars parked on both sides of the road, skiers and snowboarders wearing anoraks, helmets, heavy hard boots. However, if you get out of the way, you can enjoy a six-hour hike while staying close to the Planolet ski resort in the Chartreuse.
We are four for this outing. Bruno, who had already shown me this route once a few years ago, Philippe and Patricia, with whom I have already hiked, notably in the Dévoluy, and myself.
A few meters from the crowd, a forest track goes into the forest, deserted. We put on the snowshoes and start the walk. The first ascent is short but steep. At the top, we can still hear the noises of the ski lifts and shouts. We are well warmed up, we can get undressed, even if the sun is still absent.
The route follows an invisible path under the snow cover. Bruno locates it with the help of the GPS track. He climbs up by sneaking between the trees and the rocky bars. The sometimes steep slope is interspersed with gentler flat spots. Halfway up, the sun appears. We reach the Scia ridge. Stop to taste the local specialities brought by Bruno. The rest of the route is less steep. We reach a narrow ridge of snow nipples, then a series of bumps and hollows. We finally arrive just below the arrival of a ski lift. Two solutions: get dressed to cross or go around the obstacle by a detour in the forest. Second solution chosen unanimously. We avoid the area, passing a few dozen meters below in deep snow. We hear the sound of the poles banging. We even see a few skiers arriving, busy keeping an eye on the tips of their skis. If they had really looked around, they could only have seen four naked hikers between the trees. Finally we reach our goal: the Scia Cross. There is no one around, while the snow is streaked with ski tracks. What luck!
Half turn. The return trip is the same. The shadow catches up with us at times, the coolness too. We arrive close to the station at closing time. The car parks empty quickly. There shouldn’t be many people, so we continue to the edge of the forest, close to the buildings, only to get dressed at the last end.


J’ai rendez vous avec Bruno sur le parking de la station du Planolet. L’endroit est à peu près désert car la saison s’est terminée la veille. On ne se se connaît que virtuellement par sites web interposés.
On attaque aussitôt par un raidillon qui échauffe les muscles et, au bouts de quelques minutes seulement, on se met vite en tenue. Peu de temps après, on peut déjà chausser les raquettes. On quitte le large chemin pour se glisser dans la forêt. Bruno m’assure que l’on est bien sur l’itinéraire d’un sentier et, effectivement, par moment la neige a disparue et laisse apparaître une vague sente entre feuilles mortes et rochers moussus. Raquettes aux pieds, on passe ainsi de zone enneigées en zones sèches. Sur un versant bien exposé, on quitte même les raquettes que l’on remettra un peu plus tard. On traverse deux fois une route forestière qui semble avoir été bien fréquenté le week-end précédent, au vu des traces de pas et de raquettes. Dans une combe, la neige est bien plus épaisse et lourde. Bruno fait la trace et s’oriente entre les creux et les bosses. Quelques lacets dans la forêt et l’on débouche sur la crête de la Scia.
Derrière nous, le sommet du Grand Som qui domine Saint Pierre de Chartreuse et la vallée des Entremonts, devant, la barrière rocheuse des falaises qui bordent les hauts plateaux depuis les Lances de Malissard. Bruno n’a qu’un temps limité de disponibilité. Nous nous quittons à cet endroit, mais avant de redescendre, il m’explique l’itinéraire qui mène à la croix. Je n’ai plus qu’à suivre ses indications.
Descendre légèrement jusqu’à un petit col, remonter de l’autre coté puis rester le long de la crête. A un moment, dans une clairière, je vois un fauteuil à moitié enterré dans la neige, incongru ainsi en pleine nature, mais bien confortable pour un arrêt sandwich.
Après cette pause, je rejoins une arrête étroite au dessus des pentes. Une vieille trace de ski me sert de balisage. Finalement j’arrive au sommet du téleski du Creux de la neige. Aujourd’hui, il est silencieux, mais la piste bien damée et les nombreuses traces de ski alentours témoignent de son activité récente. Encore une dernière longueur et je suis à la Croix de la Scia.
Demi tour, je repars en suivant mes puis nos traces de montée. Je ne me rhabille qu’à la toute dernière extrémité, en arrivant derrière un chalet, à dix mètres du parking.


I have an appointment with Bruno in the parking lot of the Planolet station. The place is almost deserted because the season ended the day before. We only know each other virtually through websites.
We attack immediately by a raidillon which warms up the muscles and, at the end of a few minutes only, we quickly get dressed. Soon after, we can already put on our snowshoes. We leave the wide path to slip into the forest. Bruno assures me that we’re on a path and, indeed, at times the snow has disappeared and leaves a vague trace between dead leaves and mossy rocks. With snowshoes on our feet, we go from snowy to dry areas. On a well exposed slope, we even leave the snowshoes and put them back on a little later. We cross a forest road twice, which seems to have been well travelled the previous weekend, given the footprints and snowshoe tracks. In a combe, the snow is much thicker and heavier. Bruno makes the track and orientates himself between the hollows and the bumps. A few laces in the forest and we reach the Scia ridge.
Behind us, the summit of the Grand Som which dominates Saint Pierre de Chartreuse and the Entremonts valley, in front, the rocky barrier of the cliffs that border the high plateaus from the Lances de Malissard. Bruno has only limited time available. We separate at this point, but before going back down, he explains to me the itinerary that leads to the cross. All I have to do is follow his instructions.
Go down slightly to a small pass, go up on the other side and stay along the ridge. At one point, in a clearing, I see an armchair half buried in the snow, incongruous in the middle of nature, but very comfortable for a sandwich stop.
After this break, I reach a narrow ridge above the slopes. An old ski track serves me as a marker. Finally I reach the top of the Creux de la neige ski lift. Today, it is silent, but the well groomed piste and the numerous ski tracks around testify to its recent activity. One more last length and I am at the Croix de la Scia.
Half-turn, I go back following my and then our ascent tracks. I get dressed only at the very last end, arriving behind a chalet, ten meters from the parking lot.

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