Séjour à Cervières

Cette année, le séjour automnale organisé par Bruno et l’association Rsvnat s’est déroulé fin septembre en bordure du massif du Queyras, à partir d’un gîte situé dans le hameau des Laus du village de Cervières. On a eu la chance d’une météo exceptionnelle, beau temps tout au long de la semaine avant un renversement et la pluie le jour du départ.

Nous étions onze venus des quatre coins de la France et même de Suisse et d’Allemagne.

Le dimanche, départ directement à pied du gîte pour monter au fort de la Lausette. Dès qu’éloigné des maisons du hameau tout le monde se déshabille. D’abord en forêt le sentier grimpe ensuite en lacets raides pour franchir la falaise rocheuse avant de retrouver un cheminement plus doux pour atteindre l’ancien fort. Un bâtiment carré recouvert de végétation, quelques murs et des vestiges d’affûts de canons témoignent de la présence militaire dans cette région frontalière avec l’Italie. Pour le retour la possibilité d’une boucle par un autre sentier est possible, mais un panneau indiquant un passage difficile et un chemin pouvant être dégradé est planté à la bifurcation. « Ça passe » nous dit un randonneur qui surgit à ce moment là puis s’éloigne rapidement. Ça passe effectivement pour ceux qui ont le pied sûr et ne craignent pas le vertige. Le groupe se divise donc en deux.

Lundi, on part de la vallée perchée des Fonts de Cervières. Marche d’échauffement, habillés, entre les deux derniers hameaux du vallon au milieu d’un troupeau de vaches. Aux Fonts, c’est le rassemblement des moutons qui reviennent d’alpage. On se déshabille dès la première grimpette du sentier. Paysage de reliefs arrondis couverts de prairie alpine brune et rase.On croise trois randonneurs qui descendent. « Chacun son délire » dit l’une d’elles. Plus haut au col des Marsailles, quatre autres sont bien plus souriants, mais préviennent. « De l’autre coté, ça souffle et il fait froid ! » Pause casse croûte à l’abri du vent. On contourne le petit lac des Maîts avant de se poser sur la rive du lac des Cordes, et même pour certains de se baigner…enfin, se tremper. Un couple est assis sur la rive opposée, un autre avec un enfant est un peu à l’écart derrière nous. En repartant on croise un berger et son chien « Bonjour – bonjour ». Un passage câblé dans une faille de rochers donne un peu de piquant à la descente.

Mardi, l’objectif du jour est le sommet du Chenaillet à 2650 mètres d’altitude. Départ du parking juste avant le hameau de la Chau. A proximité du resplendissant petit lac des Sarailles, on croise une randonneuse. Échange de quelques mots. Plus haut sur un replat, c’est tout une classe de jeunes filles en sortie géologie qui passe. Les premiers se sont couverts sommairement ce qui a provoqué des rires. Le groupe s’est installé sur un rocher à l’écart du chemin, on peut passer sans risque. Le paysage devient très minéral. Roche noire d’origine volcanique. Nous sommes sur un sentier de découverte géologique bien aménagé avec des balises régulières et des panneaux d’explication. Au sommet, trois tables d’orientation sur un panorama à 360°. La station de Montgenèvre est à nos pieds. Nous sommes seuls et profitons pleinement des paysages alentours. Dans la descente par le petit et bien maigre lac Noir, deux vététistes nous croisent. Plus bas, au dessus du hameau déserté en ruine des Fraches, c’est un couple de promeneurs avec un chien. On s’arrête pour échanger quelques mots. Retour à La Chau et aux voitures.

Mercredi. Changement de vallée. On franchit le col de l’Izoard et sa Casse Déserte. Le chemin démarre en face du parking touristique. A l’ombre dans la forêt, il fait encore un peu frais. Deux jeunes femmes avec des chiens passent. On les avertit « Vous risquez de nous voir nus dès qu’il fera un peu plus chaud. » Ça les fait rire. A la prochaine bifurcation, alors qu’on s’est effectivement déshabillé, elles partent sur la gauche alors que notre chemin vers le col du Troncher nous mène de l’autre côté. Au col un joli sentier en lacets plonge vers le fond de la vallée. Trois cent mètres de descente qu’il va falloir ensuite remonter par un chemin qui grimpe dru entre herbe et caillasse jusqu’à déboucher au bord du lac de Souliers. Les plus vaillants font l’ascension de la Crête de Coste Belle. Des groupes, des couples passent, s’installent sur l’autre rive du petit lac, repartent. Tous sont plutôt chaudement vêtus, pantalons long, manches longues. Notre tenue détonne mais sans remarques. Un randonneur s’approche pour discuter. Il est naturiste de plage mais n’a jamais essayé en rando. Il semble bien connaître le coin et s’assied pour échanger sur les itinéraires et les sommets des alentours. Rhabillage, après quelques autres rencontres, en vue du parking.

Jeudi. Retour à la vallée des Fonts de Cervières. Pour débuter nous prenons le même itinéraire que lundi, puis nous obliquons pour rejoindre le col de Péas, juste au pied des aiguilles sombres du Pic de Rochebrune. Du col nous continuons un peu. Certains montent au Sommet du Grand Vallon. Pour ma part je reste à faire des photos sur une petite langue de roche volcanique noire qui domine le paysage d’herbe brune que nous avons emprunté pour monter. Contraste des formes et des couleurs. A la descente on croise un vététiste, chargé, qui va pousser son vélo pour rejoindre le col et descendre de l’autre côté. On s’encourage mutuellement avec le sourire. Plus bas quatre personnes assez âgées. « On ne vous gêne pas ? » – « On en a vue d’autre dans la vie ! ». Trois autres arrivent . « Mais c’est interdit » dit la femme avec le sourire. « Ce n’est pas si simple, répond son mari, la loi interdit l’exhibition sexuelle, mais ce n’est pas le cas » et la femme reprend « Vous connaissez sans doute le camping de Ferreyrolles sur la Ceze » Manifestement le naturisme, ils connaissent.

Vendredi, dernière rando de la semaine, au départ d’un parking sur une route forestière au dessus du village de Brunissard, de l’autre coté du col de l’Izoard. A notre arrivée le parking est déjà plein. On se dit qu’on risque de rencontrer du monde. Le cheminement commence par une large piste. De façon surprenante, personne devant, personne derrière, les vêtements tombent. On traverse les hameaux d’alpage, presque déserts, de Drataya et Clapeyto, sans même se couvrir. L’itinéraire serpente entre les buttes d’herbes jaunies et les lacs et marais du Cogoul jusqu’au col de Néal, où l’on se pose à l’abri du vent pour le repas. Deux randonneurs s’arrêtent en contrebas. Ce sont ceux qui partaient en même temps que nous du parking et que l’on avait prévenu qui ont fait la boucle en sens inverse. Au moment de repartir, on croise un couple qui s’étonne de notre capacité à tenir dans le vent. On les reverra plus bas. Tout un groupe marche en avant de nous, mais comme ils vont lentement, on les rattrape. « Vous n’avez pas trop chaud ? -Et vous pas froid ? » Mais en groupe organisé, encadrés par un accompagnateur de montagne, on les sent plutôt défavorables. On passe vite et on s’éloigne. Plus bas on retrouve le couple croisé précédemment avec qui on peut échanger plus sereinement et avec qui on fait un bout de descente. Finalement, on arrive nus au parking qui est maintenant pratiquement vide.

Une belle semaine de randonnées, avec au total 60 km et 4100 mètres de dénivelé parcourus qui montre à travers les rencontres que l’acceptation de la nudité en montagne fait des progrès.


This year, the autumnal stay organized by Bruno and the Rsvnat association took place at the end of September on the borders of the Queyras massif, from a gite located in the hamlet of Laus in the village of Cervières. We were lucky to have exceptional weather, good weather all week long before a reversal and rain on the day of departure.

We were eleven people coming from all over France and even from Switzerland and Germany.

On Sunday, we left directly from the gite to climb to the Lausette fort. As soon as we were far from the houses of the hamlet, everybody undressed. First in the forest, the path climbs steeply to cross the rocky cliff before finding a gentler path to reach the old fort. A square building covered with vegetation, some walls and the remains of cannon mounts testify to the military presence in this region bordering Italy. For the return trip, the possibility of a loop by another path is possible, but a sign indicating a difficult passage and a path that can be damaged is planted at the fork. A hiker who appears at this point and then quickly moves away tells us « It’s okay ». It’s okay for those who are sure-footed and not afraid of heights. The group thus divides in two.

Monday, we begin from the perched valley of Fonts de Cervières. Warm-up walk, dressed, between the last two hamlets of the valley in the middle of a herd of cows. At the Fonts, it is the gathering of the sheep which return from mountain pasture. We undress as soon as the first climb of the path. The landscape of rounded reliefs covered with brown alpine meadow and rase. We meet three hikers who are going downhill. « Each one of us has his own fantasy » says one of them. Higher up at the Marsailles pass, four others are much more smiling, but warn. « On the other side, it blows and it’s cold! Break for a snack sheltered from the wind. We go around the small lake of Maîts before landing on the bank of the lake of Cordes, and even for some to bathe… well, to soak. A couple is sat on the opposite bank, another with a child is a little apart behind us. While leaving we cross a shepherd and his dog  » Hello – hello « . A passage cabled in a fault of rocks gives a little spice to the descent.

Tuesday, the objective of the day is the summit of Chenaillet at 2650 meters of altitude. Departure from the parking just before the hamlet of La Chau. Near the resplendent small lake of Sarailles, we cross a female hiker. Exchange of some words. Higher on a flat, it is a whole class of young girls in geology outing which passes. The first ones covered themselves summarily what provoked laughter. The group settled on a rock away from the path, we can pass without risk. The landscape becomes very mineral. Black rock of volcanic origin. We are on a path of geological discovery well arranged with regular markers and panels of explanation. At the top, three orientation tables on a 360° panorama. The resort of Montgenèvre is at our feet. We are alone and enjoy the surrounding landscapes. In the descent by the small and very thin Black Lake, two mountain bikers cross us. Further down, above the deserted ruined hamlet of Les Fraches, it is a couple of walkers with a dog. We stop to exchange some words. Return to La Chau and to the cars.

Wednesday. Change of valley. We overcome the pass of Izoard and its Casse Déserte. The way starts in front of the tourist parking. In the shade in the forest, it is still a little fresh. Two young women with dogs pass. We warn them « You might see us naked as soon as it gets a little warmer. » This makes them laugh. At the next fork, whereas we undressed indeed, they leave on the left whereas our way towards the pass of Troncher leads us on the other side. At the pass a nice path in laces dives towards the bottom of the valley. Three hundred meters of descent that we will then have to climb again on a path that climbs steeply between grass and rocks until we reach the edge of the Souliers lake. The most courageous climb the Crête de Coste Belle. Groups and couples pass by, settle on the other side of the small lake, and leave again. All are rather warmly dressed, long pants, long sleeves. Our outfit contrasts but without remarks. A hiker approaches to discuss. He is a beach naturist but has never tried it on a hike. He seems to know well the area and sits down to exchange on the routes and the summits of the surroundings. Dressing, after some other meetings, in view of the parking.

Thursday. Back to the Fonts de Cervières valley. To start we take the same itinerary as on Monday, then we turn to reach the col de Péas, just at the foot of the dark needles of the Pic de Rochebrune. From the pass we continue for a while. Some of us go up to the Grand Vallon summit. For my part, I stay to take pictures on a small tongue of black volcanic rock that dominates the brown grass landscape we used to climb. Contrast of forms and colors. In the descent we cross a biker, loaded, who is going to push his bike to join the pass and to go down on the other side. We encourage each other with a smile. Further down four rather old people. « Are we not in trouble? » – « We have seen other things in life! ». Three others arrive. « But it’s forbidden » says the woman with a smile. It’s not that simple, » answers her husband, « the law forbids sexual exhibition, but it’s not the case » and the woman continues, « You probably know the campsite of Ferreyrolles sur la Ceze » Obviously naturism, they know.

Friday, last hike of the week, starting from a parking on a forest road above the village of Brunissard, on the other side of the Izoard pass. At our arrival the parking is already full. We say to ourselves that we risk to meet people. The walk begins by a wide track. In a surprising way, nobody in front, nobody behind, the clothes fall. We cross the hamlets of alpine pasture, almost deserted, of Drataya and Clapeyto, without even covering ourselves. The itinerary winds between the mounds of yellowed grass and the lakes and marshes of the Cogoul until the pass of Néal, where we settle down in the shelter of the wind for the meal. Two hikers stop below. They are those who left at the same time as us from the parking lot and that we had warned who made the loop in opposite direction. At the time to leave again, we cross a couple who is astonished by our capacity to hold in the wind. We shall see them again lower. A whole group walks in front of us, but as they go slowly, we catch up them. « You are not too hot? -And you not cold? » But in organized group, coached by a mountain leader, we feel them rather unfavorable. We pass quickly and we move away. Further down we find the couple crossed previously with whom we can exchange more serenely and with whom we make a part of descent. Finally, we arrive naked to the parking which is now practically empty.

A beautiful week of hikes, with a total of 60 km and 4100 meters of difference in altitude which shows through the meetings that the acceptance of the nudity in mountain makes progress.

Une réponse sur “Séjour à Cervières”

  1. Salut Jacques Marie,

    Super compte rendu !!
    Merci pour le partage, ça donne envie d’être avec vous 🙂

    Bon rétablissement et au plaisir de se croiser en 2023 !
    Bien à toi
    Jac

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